Commencer à méditer
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Commencer à méditer

Par Sivaya Subramuniyaswami 

Traduction : J.S. Sharad Sahaï, Guadeloupe 


Nombreux sont les Hindous, jeunes et vieux, à m'avoir posé récemment des questions à la fois profondes et sincères sur la méditation. Après avoir visité de nombreux temples, et s'étant tournés vers l'intérieur, ils ont éprouvé le désir de plonger plus profondément en eux-mêmes - d'intérioriser leur adoration, après avoir accompli l'adoration extérieure. Il y a déjà bien des années, en 1970, des chercheurs m'avaient posé les mêmes questions. J'y avais répondu par un discours inspiré que j'ai ensuite publié sous la forme d'un petit livre intitulé « Commencer à méditer », que nous avons le plaisir de le partager avec vous deux décennies et demie plus tard, dans « L'Éditorial » de ce mois. Voici la première moitié de cette dissertation bien connue, qui se poursuivra le mois prochain. Je serai alors en Inde, avec des groupes, petits et grands, dans plusieurs villes, pour assister à des conférences et diriger des méditations. 

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- Première Partie - 

En commençant à méditer nous prenons conscience de l'existence de deux forces : la force odique et la force actinique. La force actinique, ou pure énergie vitale, émane de la source, du centre même de la vie. La force odique est le magnétisme qui se dégage de notre corps physique, qui attire le magnétisme personnel des autres et s'y confond. C'est de la force odique que sont faites les villes et les maisons. En s'écoulant à travers le corps physique, à travers les cellules et à travers la peau, la force actinique finit par devenir force odique. Dès que nous commençons à méditer, nous prenons conscience de ces deux forces que nous devons apprendre à gérer. Les forces odiques sont de nature chaude, adhérente. Les forces actiniques sont de nature inspirante, nette, fraîche et pure. En méditation nous recherchons la force actinique. Quand nous débutons en méditation, nous devons apprendre à transmuter les énergies du corps physique, passer de l'odique à l'actinique. Quand on est assis bien droit, la colonne verticale droite, les énergies du corps physique, appelées ida en Sanscrit, sont transmutées. Colonne droite et tête en équilibre au sommet de la colonne, nous glissons dans un état d'esprit positif. Dans une telle position il n'est pas possible de se faire du souci, de se sentir agité ou déprimé, ou de s'endormir pendant la méditation. Si on laisse les épaules s'affaisser vers l'avant, on court-circuite les forces actiniques qui circulent le long de la colonne vertébrale et passent dans le système nerveux. Dans cette position il est facile de se sentir déprimé, mentalement divisé contre soi-même ou autrui, ou malheureux. Quand on a la colonne vertébrale droite, la tête en équilibre au sommet de la colonne, on se sent positif - dynamique. Les pensées traversent rapidement la substance mentale, on est conscient d'un grand, grand nombre de pensées. L'étape suivante consistera par conséquent à transmuter les énergies de la partie intellectuelle de l'esprit. Il s'agit de diriger la conscience vers une zone de l'esprit qui ne pense pas, mais qui conçoit, qui observe avec détachement la partie de l'esprit qui pense. Pingala est la force de la partie intellectuelle de l'esprit. Cette force peut être contrôlée et transmutée par la régulation du souffle. Pranayama est une méthode de respiration: on compte jusqu'à neuf en expirant, on compte un point en retenant le souffle; on compte jusqu'à neuf en inspirant, un point en retenant le souffle. C'est cela Pranayama. Assurez-vous que vous comptez bien pendant le même temps en inspirant et en expirant, ou que le souffle est dirigé vers la même distance à l'extérieur, et la même distance à l'intérieur. Cela vous permettra de prendre rapidement conscience d'une partie de l'esprit, qui ne pense pas mais qui est intensément vivante, paisible, heureuse, qui saisit un concept dans sa globalité, plutôt que d'en penser les différentes parties. C'est dans cette zone perceptive de l'esprit que les forces actiniques sont les plus vibrantes. Lorsque le pouvoir qui vit dans la colonne vertébrale, simshumbese, est ressenti de façon dynamique, on est alors prêt à commencer la méditation. Méditez sur la conscience, l'entité indépendante, celle qui circule dans toutes les parties de l'esprit, comme le voyageur citoyen du monde, qui traverse librement chaque pays, chaque ville, sans s'attacher nulle part. En méditation il s'agit de relâcher, de libérer la conscience afin qu'elle circule de façon vibrante et pleine d'entrain vers les profondeurs intérieures, là où la paix et la félicité demeurent imperturbables au fil des siècles. ou pour qu'elle aille vers l'extérieur, dans les champs de force odique du monde matériel, là où l'homme est en conflit avec son frère, ou dans les profondeurs internes du subconscient. Méditez donc sur la conscience qui se déplace librement à travers toutes les zones de l'esprit. La volonté dynamique du méditant, son aptitude à contrôler le flot de conscience circulant dans les profondeurs intérieures, le conduisent finalement à un état de félicité, où la conscience est simplement consciente d'elle même, kaef. Voilà le point à atteindre en méditation. Être simplement assis en kaef, totalement conscient d'être conscient. Des énergies nouvelles envahiront alors le corps, s'écoulant à travers le système nerveux, et se répandront à l'extérieur, dans le monde. En méditant de cette façon, on affine sa nature. Une puissante méditation vous comblera, vous tressaillirez d'une abondance d'énergie actinique qui pourra être employée de façon créative, dans le monde extérieur, dans l'activité quotidienne. Par conséquent, en attendant le mois prochain, asseyez-vous tranquillement chaque jour pendant quelques minutes avec la personne la plus agréable qui soit, vous-même, et allez chaque fois plus à l'intérieur. 

Un adepte de la méditation, bien assis, à la respiration tranquille, superbement concentré, vient de découvrir le cœur du cœur de lui-même, le Soi-Dieu, où, pour un instant, il se fond en l'Être divin et n'est plus que lui. Le destin de l'homme le ramène à lui-même. Le destin de l'homme le ramène à son être véritable.

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Pour soulager et élever l'esprit, on peut visualiser une lumière blanche à l'intérieur de l'épine dorsale et la diriger consciemment vers l'aura pour y atténuer les couleurs sombres. On peut faire de même en visualisant et dirigeant d'autres couleurs pastel : le mauve, le bleu ciel, le jaune, le vert pâle, etc.

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- Deuxième partie - 

Nous sommes en Inde, terre sainte des Hindous, en méditation et satsang avec de nombreux groupes de fidèles. J'ai intitulé ce pélerinage « Rajayoga Yatra », car tout en cheminant, dans nos moments de calme, nous développons et enregistrons les diverses zones intérieures de la conscience qui peuvent être atteintes grâce à l'art raffiné de la méditation, et nous faisons part de certaines de ces découvertes à nos fidèles. Dans l'éditorial du mois dernier nous avons publié la Première Partie du Discours inspiré « Commencer à méditer ». Ce mois-ci nous avons plaisir à vous offrir la Deuxième partie. Pour réussir en méditation nous devons amener l'esprit à se discipliner. Les personnes indisciplinées n'entendent pas qu'on leur dise ce qu'il faut faire. Leur conscience est ballottée par les moindres fantaisies qui s'offrent à elle. Ceux qui veulent vraiment progresser en méditation, qui veulent continuer à s'améliorer d'année en année, doivent approcher cet art de façon extrêmement positive et systématique. Dans la vie quotidienne, observez le jeu des forces, la force odique qui joue entre les personnes, entre les personnes et leurs affaires. Lorsqu'elle circule agréablement entre les gens, elle est appellée vumsimsim. Mais lorsque cette force odique se bloque entre les gens, quand elle cause tiraillements et souffrance, elle est appellée simrehbe. Lorsque la force odique se bloque en nous-mêmes, nous prenons conscience des états malheureux, agités, perturbés, du mental. La force odique est alors appellée rehseka . C'est la même force. Le méditant apprend à travailler avec les forces odiques du monde. Il évide de les fuir timidement. Ce qui est à l'extérieur, tout comme ce qui est à l'intérieur, voilà son terrain de jeu. Les meilleures heures pour méditer sont six heures du matin, midi, six heures du soir, et minuit. On peut opter pour toutes ces heures, ou pour l'une d'entre elles. Au début la méditation devrait être de quinze minutes à une demi-heure. Sur quoi méditer ? Sur la transmutation des forces odiques, sur leur retour à la source, qui est la force actinique. Par la posture parfaite, nous transmutons les forces physiques et les forces émotionnelles. Par le contrôle du souffle, pranayama, nous transmutons les forces intellectuelles, et, oh rêve, nous libérons la conscience de la zone de l'esprit qui passe son temps à penser Alors, nous devenons vibrant, confiant en nous-même, conscient du pouvoir qui est dans notre colonne, et que la force actinique fait passer dans le système nerveux. Nous apprenons à prendre appui sur notre propre colonne plutôt que sur aucune autre personne, aucun enseignant, aucun livre, aucune organisation ni aucun système. Les réponses nous parviennent chaudes et vibrantes, accrochées au bout de chaque question. Tout cela, et bien plus encore, constitue la dynamique récompense de l'aspirant sincère qui poursuit sa recherche par la méditation. Celui qui commence la méditation doit en avoir une approche dynamique, ce qui la rendra plus vivante. Il pénètrera sa propre conscience, pour atteindre la source même de la vie. Choisissez une heure pour votre méditation. Asseyez-vous droit, sentez-vous fort et dynamique, sentez qu'en ce moment même vous êtes le centre de l'univers. Ajustez votre souffle de façon bien précise pour que la conscience puisse quitter librement le domaine de la pensée et pénétrer dans la zone perceptive du mental. Méditez alors sur les deux forces, l'odique et l'actinique. Soyez comme l'astronaute au-dessus de la Terre qui observe la force odique des villes. Observez également les forces magnétiques qui décident de votre vie : à l'intérieur de vous-même, entre les gens et vous, entre vous et les choses. Sentez la force actinique s'écouler de la source centrale de l'énergie elle-même. Puis retournez la conscience sur elle-même, devenez simplement conscient d'être conscient : kaef. Restez assis dans la félicité dynamique. Sortant de cette méditation, sentez le pouvoir qui vit dans votre colonne, l'énergie vibrante qu inonde le système nerveux, les mains, les bras, les jambes, et la tête. Retournez dans la vie joyeusement, dans la béatitude. Il est très important de décider exactement sur quoi vous allez méditer avant de commencer. Tenez-vous en à cette décision pendant toute la méditation, en vous efforçant d'éviter à tout prix la tendance à vous laisser distraire et à partir dans une autre direction. Il en est comme lorsqu'on veut réussir une activité extérieure : on doit se discipliner, il est inacceptable de se laisser distraire. Les gens qui réussissent finissent ce qu'ils commencent. On peut apprendre à méditer extrêmement bien, mais échouer dans la pratique, en se laissant distraire une fois que l'intérieur du mental s'est ouvert. Avoir du succès nécessite que l'on soit très, très ferme avec soi-même lorsque l'on entame une méditation. Chaque méditation doit être accomplie comme il a été prévu au départ. De cette façon votre système nerveux et votre esprit subconscient deviendront forts et disciplinés. Ce qui vous conduira naturellement au plateau intérieur suivant, puis au suivant, et ainsi de suite. Soyez sans complaisance quant à vos progrès spirituels. Efforcez-vous sans cesse. Continuez de travailler avec vous-même, de l'intérieur de vous-même. N'abandonnez pas. Persévérez. Avancez avec confiance. AUM

Ayant médité toute sa vie, et comprenant chaque jour de mieux en mieux la nature des flux et reflux de l'action et de la réaction, qui se retrouvent même parmi les pensées les plus subtiles, avant même qu'elles ne se forment, il est maître du karma et du détachement, et vit absorbé en son samādhi, sa demeure véritable et impérissable.

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