Pour l’instant, je vais bien. Tout est parfait !
Introduction :
Voici un enseignement extrêmement puissant dont un débutant peut se servir avec autant d’effet qu'un expert. Le précepte est tellement simple que la plupart du monde n'y prête aucune attention. Et ceux qui l'ont compris et s’en sont largement servi ont tendance à l'oublier, surtout quand ils en ont le plus besoin, quand leur vient un grand souci par exemple. A de tels moments, on a tendance à s'enliser dans ce qui nous perturbe et on oublie le remède. On pense aux événements du passé et on imagine des événements troublants de l'avenir. Du point de vue ordinaire, il semble bien que, oui, les choses pourraient aller bien mal... Mais d'un point de vue plus haut, et plus véridique, ni le passé ni l'avenir ne sont réels. Ils ne sont que ce que nous voulons bien imaginer dans le moment présent. Et plutôt que de se laisser emporter et noyer dans ses propres fantasmes, on peut simplement s'en tenir au présent. Chose facile et naturelle, nous explique Gurudeva Sivaya Subramuniyaswami ci-dessous. Nous n'avons qu'à nous dire, encore une fois, cette vérité : pour l'instant, là, en ce moment-même, je suis bien.
Enseignement de Gurudeva :
Aujourd'hui, on parle beaucoup de méditation et de se « recentrer ». Si vous êtes au centre de vous-même, vous n'entendez pas le bruit, n'êtes pas entraîné par l’activité qui vous entoure. Vous êtes en vous-même calme, et vous êtes bien. Ce n'est que lorsqu’on est pris au croisement, aux feux croisés de la vie, qu’on a la sensation que ça ne va pas bien. C’est alors qu’on se met à vivre le Gros Mensonge, la crainte qu’à la mort on pourrait disparaître à tout jamais. On oublie la merveilleuse philosophie, les beaux enseignements qui venaient tout juste de nous inspirer et l'on n’est pas bien, pas bien du tout.
Mon satguru, Yogaswami, déclarait hardiment qu' « Il n'y a pas même une seule chose au monde qui soit imparfaite ! ». Il faut prendre très au sérieux les paroles d’un grand maître comme lui qui était satguru pendant plus de cinquante ans dans une région du monde hindou très orthodoxe. « Il n'y a pas une seule chose en ce monde qui soit imparfaite », disait-il. Pour certains, le monde abonde de défauts. Moi, je n’ai jamais pensé ainsi. J'ai toujours trouvé notre planète merveilleuse. Je n’aurais raté y vivre pour rien au monde. Nous avons de la chance de vivre en cette époque, même si on pense souvent le contraire, même si on est un peu pollué, et que certains trouvent beaucoup à redire.
L’objectif de la méditation n'est pas de s'échapper du monde. Au contraire, ce n’est que dans ce monde qu’on peut se corriger, chose absolument nécessaire si on veut réussir en méditation et en spiritualité. Parfois, on se soucie trop à propos de son travail, de ses affaires, de sa famille ou même du fait qu’on n’est pas aussi spirituel qu’on le voudrait.
Voici ce que je conseille : adoptez d'abord ce point de vue : que le monde est merveilleux, qu'il n'y a rien de mal au monde. Ensuite, posez-vous cette question : « En ce moment, en cet instant précis, est-ce que je ne suis pas bien ? » Et répondez : « Oui, à l’instant, certainement je vais bien ». Affirmez cette vérité. Puis une minute plus tard, en un autre moment, demandez encore : « Est-ce que je vais bien, là, maintenant ? » Continuez à vous poser cette même question pour le restant de vos jours, et vous vous sentirez toujours positif, sûr de vous et bien. Cette affirmation élimine la crainte, l'inquiétude et le doute.
J'ai découvert cette formule à l'âge de sept ans. Elle m'est venue de l'intérieur un jour où j'avais peur de manquer mon émission de radio préférée. Nous étions pris dans une tempête de neige près du lac Tahoe, et j'avais peur qu’on ne tombe en panne et que je ne rate l'épisode. Je voyais mon esprit, ma conscience, allant se perdre dans l'avenir, et je m’appliquais à chaque fois à la ramener en me disant : « Je vais bien, là, maintenant. Rien ne s’est encore passé. » En fin de compte, nous ne sommes pas tombés en panne et je n'ai pas raté l'émission. A partir de cette expérience, et à chaque fois que je me suis vu partir dans le futur, dans l'inquiétude, ou dans le passé quand un souvenir de ce que j’avais fait la veille me perturbait, je me suis dit : « Je vais bien en ce moment, n'est-ce pas ? » Et j’ai toujours eu à répondre : « Bien sûr, oui ». J’avais sept ans quand j’ai compris le principe et aujourd'hui encore, je suis toujours convaincu que je vais bien, là, maintenant !
Une dame se soucie sans se rendre compte que, d'un autre point de vue, vu du moment présent, tout est bien. Elle est bien. Et ce nouveau point de vue est supérieur au premier. « Pour l'instant je vais bien » est bien plus vrai que tous les soucis du monde.