11e leçon - Le dharma gouverne toute vie, soit-elle cosmique, humaine, sociale ou personnelle
Le dharma gouverne toute vie, soit-elle cosmique, humaine, sociale ou personnelle. Trouver son svadharma, sa destinée personnelle, c’est trouver enfin le contentement et la sérénité.
C’est en passant par les quatre ashrama, ou périodes de la vie, que nous accomplissons notre dharma humain le plus naturellement et le plus simplement possible. Les ashramas se comparent aux quatre périodes de la journée: le matin, midi, l’après-midi, et le soir de la vie. Une fois l’enfance terminée et que l’on a reçu sa formation première, on entre dans le premier ashrama, où l’on est étudiant.
Pendant cette période de brahmacharya, qui s’étend généralement entre les âges de douze et vingt quatre ans, nous développons les compétences et apprenons le métier qui nous servirons plus tard. Lorsqu’on se marie et devenons grihasta, soit maître ou maîtresse de foyer, on entre alors dans le deuxième ashrama. Les époux collaborent, entre les âges de vingt-cinq et quarante-huit ans plus ou moins, à élever leurs enfants, à accumuler les biens dont ils ont besoin, à continuer à s’instruire pour bien mener leur carrière, à participer aux œuvres sociales et à pourvoir aux besoins de ceux qui vivent dans les trois autres ashramas.
Une fois que les enfants ont grandi et qu’on se retire des affaires mondaines, on entre dans la troisième période de la vie, vanaprastha, où l’on est, entre quarante-neuf et soixante-douze ans, l’un des anciens de la communauté. La responsabilité principale est alors de partager notre expérience et notre sagesse avec les plus jeunes, de les guider et de les conseiller. Et c’est après cette période, à soixante douze ans, qu’on s’engage dans la quatrième période de la vie, sannyas (dont le dharma est différent de celui du moine qui est entré dans les ordres de sannyas). Ainsi, tandis que nos forces physiques diminuent, on se détache tout naturellement des soucis du monde, et on se tourne vers une discipline religieuse diligente qui consiste à étudier les saintes écritures, adorer Dieu, pratiquer l’austérité, la méditation et le yoga.
Au cours des quatre étapes de notre dharma humain, nous prenons d’abord conscience de ce que la vie exige de nous (le matin de la vie), puis nous donnons pleine expression à ce que nous avons appris (midi), ensuite nous réfléchissons sur ce que nous avons accompli et partageons la sagesse qu’on a récoltée (l’après-midi). Enfin, on se retire du monde (le soir). Le dharma humain se détermine aussi par notre sexe et la décision prise étant jeune de se marier ou non. Le paramaguru Siva Yogaswami nous a appris: “C’est en vivant bien les quatre madam (ashramas) de brahmacharya, de grihasta, de vanaprastha, et de sannyasa que l’on fait le pèlerinage ".
Qu’est-ce que notre dharma social ?
Nous nommons dharma social, ou varnasramadharma, l’ensemble des devoirs et responsabilités que nous avons envers notre pays, notre communauté, et notre famille.
Dans les anciennes sociétés hindoues de l’époque d’agriculture, le dharma se stipulait d’après la caste de l’individu, c’est-à-dire surtout son métier familial. Mais à présent, en cette époque de la technologie où les ethnies s’amalgament, la position sociale de l’individu se base non plus sur sa naissance, mais sur son niveau d’instruction, son métier, et sa compétence professionnelle. Pour s’acquitter du dharma social, il suffit d’obéir aux lois du pays où nous vivons et d’accomplir nos devoirs envers communauté, famille, collègues, et amis. Les lois morales, religieuses et sociales font toutes partie du dharma social. On ne peut trop insister sur cet enseignement: le divin se manifeste dans notre vie quotidienne dans la mesure où l’on respecte ses conseils, ses règlements et ses lois. Gurudeva enseignait, “Le Sivaïte qui respecte le dharma social obéit aux lois du pays et de la communauté où il habite. Il ne s’avise pas de vivre d’après des principes personnels et hors-la-loi. Il sait trouver sa juste place parmi ses frères humains, ses compatriotes, les membres de sa communauté et de sa famille. Et il cherche toujours à se dépasser dans ses entreprises, et à bien accomplir son dharma dans tous les aspects de sa vie".
Qu’est-ce que notre dharma personnel ?
Notre dharma personnel, ou svadharma, se détermine selon ces deux facteurs: 1) les dharmas universel, humain, et social tels qu’ils se présentent personnellement à nous en cette vie présente, et 2) la totalité des karmas que nous avons accumulée au cours de toutes nos vies, dont cette vie présente, et qui n'ont pas encore germé ou porté leurs fruit.
La fusion de ces deux éléments, nos karmas et les trois dharmas, produisent en totalité un dharma individuel, un chemin idéal à suivre, qui est uniquement le nôtre. Le chemin suivant lequel le minimum de karmas nouveaux se produiront, et les karmas inévitables seront adoucis au maximum. Comment faire pour connaître ce chemin personnel idéal ? C’est ici que tout se simplifie: il suffit d’invoquer Dieu Ganesha et de s’incliner devant sa bonté, sa douceur et sa sagesse divines. Ce grand Dieu de la mémoire, du temps, et de l’espace connaît toutes nos vies et nos actions antérieures. Il est capable de nous faire savoir, à tout moment quel est le chemin propice, celui qui, plus aisément que tout autre, nous mènera en tranquillité, évitant confusions et conflits, vers un objectif profondément satisfaisant. Tels sont l’amour et la grâce de ce grand Dieu. Gurudeva nous a appris: “Le dharma est à l’individu ce que la croissance normale est à la graine: la réalisation ordonnée d’une nature et d’une destinée inhérentes".
Puisque ce sont les pensées seules qui perpétuent le cycle terrestre, appliquons-nous donc à bien penser. Telle est l’ancienne sagesse.
Maïtranya-Brahmana Upanishad 28