17e leçon - Le saint Temple à Siva, 3e partie
Le saint Temple à Siva, 3e partie
On respecte les coutumes du temple
Les coutumes du temple ont toutes leur sens et leur utilité. Le temple favorise toutes les expériences religieuses, y compris la contemplation la plus haute.
Avant d’aller au temple, on se lave un peu plus soigneusement que d’habitude, on met des habits propres, et on prépare une offrande : quelques simples fruits ou fleurs suffisent le plus souvent. On commence à diriger l’esprit vers les saints pieds de Dieu, en chantant des cantiques tout bas ou à haute voix. Arrivé au gopuram, l’entrée surplombée parfois d’une tour colossale, on laisse de côté ses chaussures et on entre
On invoque tout d’abord la bénédiction de Ganesha à quelque autel ou sanctuaire rattaché au temple principal. Puis on fait, dans le sens des aiguilles d’une montre, le tour de la cour intérieure, on se rince les mains, les pieds, et la bouche. À certains temples, les hommes et les garçons ôtent leurs vêtements supérieurs. Et enfin on entre dans le temple même. Après s’être prosterné devant le kodimaram, ou mât du temple, on s’approche du garbhagriha, le sanctuaire où se situe la représentation du Dieu. On en fait le tour (pradakshina), généralement trois fois, ou une seule fois, ou encore cinq, sept ou davantage, mais toujours en un nombre impair. Puis nous revenons à l’entrée du sanctum pour assister à la puja. On reste généralement debout, les palmes des mains jointes en namaskaram. Mais, selon la coutume locale, il se peut qu’on s’assoie et qu’on chante des devaram ou des bhajan (cantiques et chants).
Après l’arati (offrande de la lumière, les prêtres passant le camphre allumé devant Dieu ou le Dieu), on se prosterne et puis on reçoit, dans la main droite toujours, les prasadam ou substances bénites. Une fois la cérémonie terminée, on reste quelque temps assis tranquillement à contempler Dieu, ne serait-ce qu’une ou deux minutes. On se prosterne, on fait encore une fois le pradakshina, et puis on s’en va. Le plus souvent, la puja se célèbre sept fois par jour, à 5h, 6h, 9h, 12h, 18h, 20h, et 22h.
Outre ces cérémonies quotidiennes, une immense variété d’évènements peut se produire au temple typique. On peut y assister à des noces, des visites de pèlerins, des sermons ou des discours philosophiques, des repas pour les pauvres, de longues séances de bhajans, devarams, ou autre expression culturelle, et à de nombreuses autres activités qui se rattachent à la fête annuelle du temple. La grande fête annuelle dure généralement dix jours et gravite autour de l’une ou l’autre des grandes fêtes de l’année, chaque temple choisissant sa fête particulière. Presque tous les temples hindous participent à cette coutume.
Qui sont les prêtres ?
Les prêtres sont des hommes mariés qui prennent soin du temple et officient durant les diverses cérémonies.
Chaque temple possède son prêtre (pujari), ou ses prêtres. Tandis qu’un seul suffit à certains temples, d’autres temples aux multiples sanctuaires et aux nombreuses fêtes se verront obligés à en embaucher des centaines. Les prêtres principaux sont presque toujours mariés et de la caste des brahmanes, quoique souvent, leurs aides sont célibataires ou veufs. Le prêtre doit connaître tous les éléments d’une liturgie fort détaillée et complexe, connaître par cœur des centaines de chants et d’invocations (mantra en Sanskrit). Il a généralement appris son métier dès sa plus tendre enfance sous la tutelle de son père, qui, lui aussi tient le métier de son père. Ainsi la profession de prêtre est une ancienne et vénérable tradition mystique qui se transmet de génération en génération. Le prêtre n’est pas un conseiller ni un pasteur, c’est-à-dire qu’il ne s’insère pas dans la vie personnelle des dévots. Il est le simple serviteur de Dieu et garde et entretient sa demeure.
Est-ce que le temple et la dévotion sont réservés aux seuls débutants ?
Non, au contraire, le temple existe et fonctionne pour toutes les âmes, quelle que soit leur évolution. De plus, notre dévotion s’approfondit à mesure que nous nous épanouissons. On n’évolue jamais au point de ne plus avoir besoin du temple. A mesure que nous grandissons spirituellement, nous éprouvons de plus en plus profondément les effets du temple. Au début, sur le chemin de chariya, nous n’allons au temple que par devoir, parce que nous y sommes obligés. Mais à la période de kriya, c’est par amour de Dieu que nous y allons. Et lorsque l’âme poursuit le yoga, elle adore Dieu intérieurement, dans le sanctuaire du cœur. Mais même pour le yogi accompli, qui sait s’insérer à volonté dans les profondeurs superconscientes, le temple ne lui est pas indifférent. Quand il retourne à son état de conscience ordinaire, il n'éprouve pas d’interruption dans sa dévotion, car le temple — la demeure de Dieu sur ce plan terrestre — est toujours là, à l’attendre et lui offrir l’hospitalité divine. On trouve au temple le simple bhakta (dévot) tout comme le jnani (être illuminé), adorant Dieu Siva côte à côte, puisant chacun à la source de la spiritualité selon sa capacité personnelle. Le paramaguru Siva Yogaswami nous a appris : « C’est la dévotion seule, sivabhakti, qui bénit l’homme. Tout le reste est vanité. Adonnez-vous donc, et sans cesse, à sivadhyanam (méditation sur Dieu). Méditons, et méditons encore, pour éliminer les bassesses et monter vers la Réalité divine ».
C’est toi que nous prions de connaître, Souverain des souverains, le plus éclatant des célestes, Maîtres des maîtres, et Très-haut. C’est toi que nous prions de connaître, ultime Objet de nos dévotions, Dieu de l’univers.
Svetasvatara Upanishad