26e leçon - Le Témoin, troisième partie
Le Témoin, troisième partie
Séléction de Se fondre en Siva (leçon 210) de Gurudeva, Satguru Sivaya Subramuniyaswami
Introduction
Ce que Gurudeva instruit ici, c’est de revendiquer notre véritable nature, notre véritable « moi ».
La personne spirituelle vit intérieurement plus qu'extérieurement. Donnons-en un petit exemple en continuant l'exemple d’hier.
La personne qui n'observe pas ses pensées, qui conclut que « le monsieur est égoïste, et c’est comme ça ! », elle va aussi conclure que ce qui est vrai, c’est ce qui vient de l'extérieur d’elle. Ainsi, le monsieur est comme il est, les gens sont comme ils sont, le gouvernement est comme il est, la vie est comme elle est. Et la personne elle-même, son « moi », est le produit de toutes ces choses qui sont comme elles sont. Son propre amour-propre dépend de ce qu’elle pense que les gens pensent d’elle. C'est l'état dit extériorisé où se retrouve la plupart du monde.
La vie spirituelle consiste à regagner petit à petit sa perspective intérieure. Comment s’y prendre ? C’est ce que nous explique le satguru :
Devenir le témoin
Le nouveau-venu pensera peut-être qu’il sera difficile de maintenir cette perspective où l’on est le témoin demeurant en un seul lieu dans les profondeurs de la conscience, en même temps qu’on est conscient aussi de tout ce qui se passe autour de soi. Mais il faut savoir qu’il ne s’agit simplement que de réveiller notre conscience personnelle à son état naturel et qu'il n'y a rien de difficile ou de trop profond à atteindre au préalable. Nous ne sommes pas habitués à penser de cette façon et la tâche semble difficile. Mais considérez les petits enfants qui vivent la plupart du temps dans cet état de conscience qui leur est tout à fait naturel.
Je vais maintenant faire une simple comparaison pour vous aider à bien saisir ce qu’est - et qui est - le témoin. Imaginez-vous assis, vos yeux regardant tranquillement ce qui vous entoure sans trop vous en préoccuper. Voyez simplement ce qui est devant vous, à gauche, à droite, au-dessus de vous, en dessous de vous, sachant ce qu'est chaque objet, mais sans y penser. Ce sont bien vos yeux qui voient. Mais celui qui est derrière les yeux, qui voit ce que vous voyez, c’est lui le témoin. Ma comparaison, c’est que vous pouvez observer vos pensées tout comme vous venez de regarder des objets physiques et trouver tout aussi facilement derrière elles le témoin qui les regarde.
Quand vous fermez les yeux et commencez à penser aux objets que vous avez vus, faisant ainsi une copie mentale de votre environnement physique en créant des images mentales de ces objets, vous verrez qu’il existe plus profondément en vous-même un « vous » qui observe ces pensées. Vous pouvez pratiquer ainsi tout au long de la journée n’importe où que vous soyez. Vous n’avez besoin d’aucune compétence particulière. Il n’y a qu’à le faire, qu’à profiter des processus naturels de votre conscience de tous les jours et des pensées qui vous mènent jour après jour tout au long de votre vie jusqu'à ce moment présent.
À chaque fois que vous devenez l'observateur en utilisant cette méthode, vous serez immédiatement frappé de constater combien vous vous êtes laissé entraîner dans les externalités mentales depuis la dernière fois que vous étiez l’observateur. Vous constaterez que plus vous pratiquez régulièrement et souvent, plus vous vous souviendrez facilement que vous êtes le témoin — même en plein milieu de votre vie quotidienne, tout en roulant dans un autobus bondé, en bavardant, en faisant vos courses, même en vous disputant ou à un moment d’inspiration. « Vous », l'observateur, serez aux commandes et vous fortifierez cette présence intérieure tellement nécessaire pour une vie riche et fructueuse.
Prenez patience avec vous-même si vous semblez progresser trop lentement, et souvenez-vous que se laisser entraîner dans les externalités mentales, c’est toute la culture de notre époque, donc ce n’est pas étonnant que vous en ayez l’habitude aussi et que cette habitude prenne du temps à disparaître. Il vous faudra quelques années pour changer de modèle. Ce n’est pas facile de retrouver ce point de repère quand le reste du monde court dans la direction opposée. Si vous n’y réussissez que quelques minutes par jour, cela suffira. Mais il vous faudra faire un effort soutenu — tous les jours.