Voici encore quelques conclusions que nous pouvons déduire de ce que nous savons déjà à propos du Soi :

Toutes les âmes qui vivent sur Terre atteindront tôt ou tard le Soi. Il n’y a pas d’exception.
Nous, en tant qu’âmes, sommes tous venus vivre ici, en ce monde, volontairement pour recevoir la formation qui seule mène au Soi.
Nous vivons dans un corps physique parce qu’il est nécessaire à la réalisation du Soi.
Toutes nos vies et toutes nos expériences nous rapprochent directement ou indirectement du jour où nous aurons atteint l'objectif. Là est leur raison d'être. Rien n’est un hasard.
Les écritures saintes affirment que c’est une immense aubaine et un très grand pas en avant dans notre évolution d’avoir simplement entendu (ou lu) l’enseignement du Soi.
Le Soi est réalisable pour tous, pas nécessairement dans cette vie présente — mais assurément possible. Cela dépend de la volonté de l’individu et aussi des karmas qu’il doit encore résoudre, des dharmas qu’il doit encore accomplir et de ses désirs profonds — c'est-à-dire, cela dépend des expériences dont il a encore besoin. Rien ne presse sinon l’ardeur du chercheur.
Nous sommes des êtres divins en formation, ici sur cette planète pour une bonne raison. Nous nous trouvons exactement où nous devons être. Nous faisons exactement ce que nous sommes censés faire. Il n’y a aucun mal — nulle part. Dieu sait ce qu’il fait, et il tient les choses bien en main.

Le troisième objectif, moksha, la délivrance

Délivrance de quoi ? D'abord : qu’est-ce que samsâra ?

Samsâra est le cycle naturel des naissances, des décès, et des renaissances. La mort est le moment où l’âme se détache du corps physique et de ce monde physique pour aller vivre dans le monde astral pour quelque temps. Un moment arrive où elle quitte le monde astral et prend à nouveau naissance dans le monde physique.

Gurudeva explique la réincarnation

Depuis toujours, le principe de la réincarnation est l’élément consolateur de notre religion qui élimine la crainte innée de la mort. Les Hindous ne craignent pas la mort, mais ne sont pas, pour autant, impatients d’y arriver. Chacun sait que la vie, en fait, ne cesse jamais et que nous sommes des êtres éternels.

Dans le déroulement de chaque vie, il vient un moment où la conscience personnelle de l’individu quitte le corps physique et continue sans interruption à vivre dans le corps astral qui est une reproduction exacte du corps physique. Dans le monde astral, l’esprit continue à vivre sans interruption. Les émotions accompagnent toujours l’individu. Les amitiés et la parenté existent toujours. Le monde astral est le monde où l’on rêve, et le corps astral est le corps dans lequel on rêve. Le Thirukkural nous enseigne: « Mourir, c’est simplement s’endormir ; et renaître, c’est se réveiller. » La différence est qu'après la mort, nous restons dans le monde astral plus longtemps.

Tout juste avant de se réincarner, l’âme se débarrasse du corps astral et, dans son corps naturel et lumineux (le corps de l'âme, ou l'âme en son état naturel), s’élève jusqu’au monde causal (le monde de lumière, de superconscience où vivent les Dieux). Elle y demeure brièvement, puis elle revient au monde physique pour entrer dans un sein maternel.

On ne peut échapper ni à la vie ni à ses expériences. Le suicide ne fait qu’intensifier et accélérer le karma, qui produira tout de suite une série de naissances inférieures et difficiles. Il faudra alors plusieurs vies pour que l’âme puisse en revenir exactement au même point de son évolution où elle se trouvait lors du suicide, et puis faire face une fois encore au même embrouillement du karma qui avait mené au suicide — un karma qui n’a jamais cessé d’exister pour elle — et tâcher cette fois de le résoudre positivement. Ainsi tourne éternellement la grande roue de samsara. Afin de gagner une bonne naissance digne de soi, on doit vivre selon les lois naturelles du dharma, et passer par le karma qui est le nôtre pour cette vie, tout en gardant l’esprit positif.

Moksha, le troisième objectif

Moksha est la délivrance du cycle de samsara. Après avoir réalisé le Soi nombre de fois, avoir accompli les dharmas nécessaires et résolu les karmas qui lui appartenaient, l'âme en est arrivée dans son évolution où elle n’a plus à être sujette à samsara.

Elle n’a plus à renaître sur cette planète. Elle continuera alors à évoluer d’abord dans un haut plan du monde astral, et puis plus tard, dans le monde causal, le monde des Dieux. Dans ce lieu elle vivra son grand destin au cours d’une étendue immense de temps pour enfin s’unir et se fondre en visvagrâsa — se fondre en Dieu Siva.

Gurudeva explique moksha

Moksha est atteinte une fois que tous les karmas auto créés ont été résolus, que le dharma a été bien accompli, et que le Soi Dieu a été réalisé. Ainsi, avant d’atteindre moksha, l’âme doit avoir accompli tous les dharmas et vécu par toutes les diverses expériences de la vie, afin de n’être pas entraînée une fois encore à renaître à cause d’une action négligée, d’une entreprise abandonnée, d’un désir inassouvi. Moksha est le poteau indicateur qui signale que l’âme est dorénavant affranchie de samsara. Chaque Sivaïte qui poursuit le chemin spirituel cherche à atteindre moksha. Il sait que c’est là son objectif ultime, et qu’il y arrivera un jour. Pourtant, il sait aussi qu’il n’y arrivera pas nécessairement dans cette vie-ci, et ne s’imagine pas que cette vie sera sa dernière. Bien qu’il ait eu de profondes expériences et réalisations spirituelles, le dévot sait bien qu’il reste encore beaucoup à faire sur cette Terre, et qu’il n’y a que quelques âmes exceptionnelles qui atteignent cette haute altitude au cours de chaque siècle.

L’homme agit selon ses désirs. Après la mort, il se rend au prochain monde portant dans son esprit les empreintes subtiles de ses désirs et de ses actions. Là, il en récolte les fruits. Puis, il revient encore en ce monde d’action. C’est ainsi que celui qui désire se livre à samsara.

Brihadaranyaka-Upanishad

Voyageons au cœur de l'hindouisme

43e leçon - Quelques notes encore à propos du Soi