47e leçon - Pour aller de l’avant
Pour aller de l’avant spirituellement, nous devons cesser de donner libre cours à notre nature instinctive et intellectuelle.
Yama, la restreinte des instincts
Notre nature instinctive provient du corps physique et de ce qu’il a en commun avec celui des animaux. Les instincts eux-mêmes sont bons et utiles ; ils sont essentiels à la vie des animaux. Ils sont même merveilleux. Pensez à l’instinct maternel chez tous les mammifères, les oiseaux et les poissons. Pensez, par exemple, à ces étonnants éléphants du Sri Lanka qui eurent l’instinct de se rendre aux sommets les plus hauts avant l’arrivée du tsunami de 2004.
Pour l'être humain, aussi, les instincts sont indispensables, nous permettent de vivre confortablement dans ce corps de chair où nous nous trouvons. Pensez encore à l’instinct maternel que nous partageons avec toutes les bêtes et qui nous permet de grandir bercé d’amour, de bonheur et de noblesse. L'instinct nous guide pour nous nourrir, pour perpétuer l'espèce. Même certaines peurs sont utiles parce qu’elles nous protègent.
Ce que nous voulons restreindre, ce sont les instincts qui, à cause de notre évolution, ne sont plus utiles, agissent contre la raison et retiennent notre développement — en un mot: ceux qui nous dominent.
La colère, par exemple, était sûrement utile dans un âge ancien où il était bon d'effrayer certaines bêtes sauvages et les humains trop agressifs en menaçant et hurlant très fort. Mais aujourd'hui cette capacité perd de sa valeur et ne fait généralement que nous gâcher la vie. Elle empêche aux belles qualités de notre âme de s'exprimer. La plupart des gens piégés par ce défaut voudraient bien en être délivrés. Mais la colère semble les posséder. Cependant, ce n’est pas la faute de la colère. Ç'est la victime elle-même qui lui donne la permission en ne faisant rien d'efficace pour se corriger. Quel karma faudra-t-il pour qu’elle comprenne, puis se décide enfin ?
Il arrive un moment dans l'évolution humaine et personnelle quand l’âme se réveille, pour ainsi dire. L'être a assez vécu et éprouvé pour comprendre que la vie peut être vécue bien plus positivement. Il se met alors à chercher avec ardeur à maîtriser les instincts qui l'ont dominé jusqu'ici. Les autres facultés qu’il éveillera dorénavant, dont la connaissance et l'intuition, remplaceront peu à peu les instincts et deviendront disponibles pour guider sa vie vers des expériences nouvelles, plus dignes de lui.
Yama, la restreinte de l’intellect
Tout comme l'instinct, l’intellect est essentiellement merveilleux. Grâce à cette faculté, nous forgeons des concepts, nous en saisissons d’autres, nous les travaillons jusqu’à ce qu’ils nous mènent à la compréhension. L’individu à l’intellect bien formé est capable de bien raisonner — une grande richesse pour lui. Il peut observer, qualifier et choisir les pensées et les raisonnements qu’il veut retenir et rejeter les autres. Son plus important avantage, toutefois, est qu’il peut utiliser ce pouvoir pour maîtriser sa nature instinctive.
Mais l’intellect cependant a son revers. Comme l’instinct, il peut dominer la personne. Il peut engendrer une sorte d'insécurité ou de fierté qui veut protéger les idées déjà acquises au dépend de nouvelles idées, ou des raisonnements de ses prochains. L’intellect peut devenir un système clos qui s’emprisonne lui-même derrière un gros mur de pierre. Le plus triste, c’est quand ledit « intellectuel » n’admet pas les expressions de sa propre haute et fine nature. Il peut obstinément refuser toute intervention superconsciente, qu’elle vienne de l'extérieur ou de son for intérieur. Comme dans le cas de la personne dominée par les instincts, nous demandons : « Quel karma faudra-t-il pour qu’il comprenne, puis se décide enfin ?»
Plus tard
Il y a aussi une plus innocente expression d’un intellect qui fait obstacle, mais celle-ci est au-delà de yama. Cette faute se corrige plus tard, en méditation et en contemplation. Dans ce cas, la personne, qui peut être très spirituelle, très religieuse et très avancée, entretient certaines idées qu’elle considère innocemment, mais inconsciemment, comme absolument vraies tandis qu’elles ne sont que relativement vraies. Elle peut avoir certaines conceptions à propos de Dieu par exemple qui, au dernier moment, l'empêchent de réaliser Dieu parce que son idée même à propos de Dieu fait obstacle. Nos écritures saintes répètent souvent que c'est finalement l’intellect le grand obstacle à la méditation et la réalisation, que ce que nous pensons savoir nous empêche de trouver ce qui est vrai. C’est à ce moment que le chercheur avancé, au milieu de sa contemplation, se répète « néti, néti, ce n’est pas cela que je cherche, ce n’est pas Dieu que je contemple, ce n’est qu’une idée à propos de Dieu, ce n’est qu’une idée, ce n’est pas cela que je recherche, ... néti, non pas ça non plus, néti … néti … »
La sagesse vous viendra, si vous faites ce qu’il faut.
Paramaguru Siva Yogaswami