1. Yama. La première branche de yoga consiste à devenir bon, à apprendre comment bien vivre sa vie sans ne plus faire qu’un minimum de nouveaux karmas. Il aura généralement fallu plusieurs vies, ou de nombreuses vies, pour en arriver à devenir conscient d'abord que nous avons la possibilité de nous extraire des chaînes instincto-intellectuelles, si l’on veut. Puis, après maintes expériences parfois pénibles, il faut décider de le faire, et enfin entreprendre le gros et long travail de transformer sa nature extérieure — travail qui durera plus ou moins intensément tout du temps que nous habitons un corps physique.

2. Niyama. Une fois que nous sommes enfin arrivé à un certain degré de raffinement, une partie de notre véritable nature commence à s’exprimer et à vouloir suivre un chemin plus spirituel ou religieux. Elle se tourne alors tout naturellement vers les pratiques qui la satisferont. Elle en tirera grand avantage.

3. Âsana. Une fois bien établie dans ses pratiques, l’âme acquiert peu à peu la nouvelle capacité d'être consciente de ses pensées et des mouvements de son esprit. Elle découvre qu’elle peut stopper la ronde folle des pensées et des soucis, et que, par ce simple contrôle, une toute nouvelle existence s’ouvre à elle.

4. Prânâyâma. Une fois que âsana est bien établie dans la vie du yogi, il est devenu assez sensible pour reconnaître la puissance et la divinité du souffle. Il contrôle désormais sa respiration et s’en sert pour avoir encore plus de contrôle sur la pensée et la conscience. De surcroît, il gagne le pouvoir de diriger l’intellect.

5. Pratyâhâra. Une fois que nous avons tous ces contrôles — yama, niyama, âsana et prânâyâma — nous pouvons atteindre un contrôle encore plus important : pratyâhâra, le retrait des sens. Nous sommes capable de nous asseoir, de réfléchir sans plus être distrait par les émotions, les désirs, les pensées ou par les constantes données des sens. Nous éprouvons un nouveau, un merveilleux silence.

6. Dhâranâ. Une fois que les cinq premières branches de yoga sont bien en place et que le yogi est capable de s’éloigner à volonté de toutes les exigences de sa nature extérieure, il peut désormais se concentrer tout naturellement, sans effort. Il est devenu maître de tout ce qui pourrait le distraire. Il peut poursuivre une série de pensées toutes focalisées dans une unique direction donnée sans menace de distractions ou divagations.

7. Dhyâna. Une fois que nous sommes capables de nous concentrer sur un sujet intérieur ou subtil (sur une idée, un état de conscience, un entendement etc., plutôt que sur un objet qui exige la participation des sens) la méditation va venir automatiquement. Répétons : la méditation provient automatiquement d’une concentration soutenue. Grâce à la concentration soutenue sur un sujet donné, un aperçu provient d’un état supérieur de conscience. Nous savons, nous comprenons tout à coup quelque chose de nouveau — c'était un moment de méditation. L'objectif de la méditation est d’éprouver de tels moments, et puis de les enchaîner ensemble, un aperçu après l’autre, ce qui crée un véritable état de méditation.

8. Samâdhi. Enfin, une méditation soutenue, par la grâce de Siva, par la grâce de votre âme, vous-même, peut déboucher dans la contemplation. La contemplation diffère de la méditation en ceci : en contemplation, il n’y a plus deux choses, le méditant et l'objet de sa méditation. Les deux font un. En réalisant cet état ultime, le yogi lui-même se fond dans la totalité de ce qui est et dans le Soi. Samâdhi, c’est l'expérience de Satchitânanda et la non expérience du Soi, qui sont deux états très différents. Dans ashtanga yoga, ils se classent, les deux, sous la rubrique « samâdhi ».

Voilà. Vous connaissez maintenant la philosophie totale de tout ce quiest — en huit mots. Maintenant vous saurez toujours où vous en êtes, où vous allez, où nous allons tous et par quel chemin.

Aum Namasivaya.

N’oubliez pas pourquoi vous êtes ici. Vous êtes ici pour séparer la conscience de ce dont elle est consciente et pour revendiquer votre indépendance, votre liberté vis-à-vis de la tyrannie de l’esprit instinctif. Vous êtes ici, debout sur cette planète, pour réaliser le Soi. Allez-y, réalisez ! Alignez toutes vos énergies dans cette direction, et alors l’immense force du Désir poussera dans cette unique direction, plutôt que dans les multitudes de directions où le désir ordinaire s’éparpille. Soyez ce héros et la réalisation du Soi viendra vous trouver. Ce sera facile. Un jour, vous aurez réalisé le Soi.

Gurudeva