61e leçon - Attention, concentration, méditation, contemplation, réalisation du Soi Dieu
Nous continuons notre série : « Que faire à présent ?» Maintenant que nous nous sommes élevés en respectant les yamas, et que nous sommes bien établis en niyamas, nous pouvons commencer à nous « envoler et monter comme des aigles » (Yogaswami).
La méditation est le grand trésor à notre portée
Selon Platon, Socrates aurait dit : « La vie qui ne s'observe pas ne vaut pas la peine d'être vécue. » Permettez-nous de retraduire en termes positifs : « Ce n’est que par la méditation que la vie se révèle pour ce qu'elle est censée être. »
Gurudeva enseigna : « La méditation n’a rien d’étrange ou de mystérieux. Elle est l’esprit revenu à son état naturel. »
Et Yogaswami dit à un chercheur, un jour : « Il y a un livre en toi qui contient tout ce qui est à savoir. Ouvre ce livre ! Mets-toi à le lire ! Aujourd'hui même ! »
La méditation est extrêmement désirable. Elle vaut bien tout l’effort qu’il faudra pour l’apprendre et la pratiquer régulièrement et longtemps, pour enfin la voir déboucher, un jour, dans la contemplation.
Mais la méditation n’est pas nécessairement pour tout le monde. Il faut y être arrivé dans son évolution. Il faut s’être fait adepte en yama et s'être bien établi en niyama pour pouvoir contrôler le corps physique, l’esprit, les émotions et l’intellect pour qu’ils se calment tous à chaque fois que nous le voulons, pour qu’ils nous laissent tranquille et libre de plonger vers le fond de nous-même. Il faut aussi avoir développé sa volonté. Il faut savoir se concentrer.
Mais ne pas se désespérer : toutes ces exigences peuvent se satisfaire pour celui qui se décide positivement et fermement à apprendre. Si il ou elle a bien compris que le résultat aura bien valu tous les efforts, alors il ou elle sera bien parti(e) vers cette décision et vers la réussite.
Pour arriver à méditer
Afin de nous aider à mieux comprendre, et plus facilement progresser, Gurudeva a subdivisé deux des huit branches de yoga. Ainsi, dharana, la concentration, se divise en deux parties : attention et concentration proprement dite. La dernière branche, samadhi, se divise en contemplation (Satchitânanda, Conscience pure) et réalisation du Soi Dieu.
Ainsi nous avons:
Yama
Niyama
Asana
Pranayama
Pratyahara
Dharana
Attention
Concentration
Dhyana
Samadhi
Contemplation
Réalisation du Soi Dieu
Attention
L’état d’attention consiste à maintenir sa conscience personnelle sur un objet quelconque sans qu’elle s’en aille ailleurs de son propre gré. Lorsque nous avons appris à être adepte en attention, nous sommes alors capable de pratiquer la concentration.
Concentration
L'attention précède nécessairement la concentration parce qu’elle interdit à la conscience de vagabonder. Maintenant que celle-ci s’est arrêtée sur un sujet, dans un lieu donné dans les champs de la conscience et qu'elle ne se déplace plus, nous pouvons nous mettre à étudier l’objet choisi. Cette étude soutenue pendant que la conscience ne quitte pas l’objet, c’est la concentration. Nous sommes à présent prêt à étudier et trouver ce que nous cherchons : un aperçu, un éclaircissement, une compréhension, une perspective nouvelle. Le pratiquant guide sa conscience le long d’une ligne d’investigation intérieure sans se laisser distraire.
Voir La pleine conscience, ou comment se concentrer de Satguru Bodhinatha Veylanswami.
Premier exemple et exercice
Un exercice que donnait Gurudeva aux débutants consistait à apprendre à maintenir l’attention pour un temps sur un objet physique, une fleur, par exemple :
Posez la fleur devant vous et mettez-vous à y penser. Cessez d’être conscient de toute autre chose. Il n’y a plus que la fleur et votre conscience. Puis, à chaque fois que vous vous rendez compte que vous pensez à autre chose, que la conscience s'est égarée, alors — sans vous critiquer — doucement, calmement, en inspirant, laissez aller les pensées inopportunes et ramenez la conscience à la fleur. Faites de même à chaque fois que la conscience s'égare. Au début, cela peut être difficile, surtout si la distraction est agréable et intéressante — mais le moment doit se saisir ; c’est l’occasion de faire appel à notre force de volonté et de la développer. Elle sera essentielle pour le restant de notre épanouissement spirituel.
Deuxième exemple et exercice
On peut faire le même exercice sur un objet mental plutôt que physique, une pratique extrêmement utile dans la vie de tous les jours. Vous pourriez par exemple un soir, après une journée difficile au travail, vous concentrer sur la journée et voir si vous pouvez en démêler des éléments, et possiblement entrevoir une nouvelle approche pour demain.
Vous faites la même chose qu’avec la fleur. Mais cette fois, vous aurez les yeux fermés et vous devrez prêter une attention plus fine car la conscience pourra s'échapper sans que vous vous en rendiez compte. Quand les yeux sont fermés, les pensées peuvent plus facilement divaguer.
Celui qui devient compétent en concentration a un immense avantage. Il arrivera parfois que sa concentration mène à un grand aperçu qui changera profondément sa façon de voir les choses, ou de vivre. Eh bien, ce moment de révélation qui est provenu d’on ne sait où, c’était un moment de méditation. Par la grâce de Siva un rayon de superconscience (= de l’âme) (= de Siva) a percé le subconscient pour arriver dans votre vie consciente.
La méditation
La méditation est un moment révélateur. Et une « bonne méditation », c’est une série ininterrompue de moments révélateurs — une importante et transformatrice connaissance qu’on n’avait pas auparavant. Nous ne savons pas exactement par quel processus cela est arrivé, tout ce que nous savons (et c'est encourageant) c’est que l'attention soutenue a amené la concentration, et celle-ci a amené la méditation.
Quand vous vous concentrez sur un sujet à l'école ou dans votre profession, puis soudain vous trouvez la solution, c’est un moment de méditation. Le méditant cherche à relier de tels moments et en faire une longue et substantielle révélation.
Voir l’article de Gurudeva: Commencer à méditer
La contemplation
Quand on est un Hindou ou une Hindoue dévoué(e), que nous avons la bénédiction des aînés/des Dieux/du guru, qu’on est adepte à la méditation, qu’on l’a pratiquée un certain temps, celle-ci débouche un jour sur la contemplation, la réalisation de Satchitânanda, Conscience pure, la conscience sans objet. Nous savons dès lors qui nous sommes, qui est Siva, et que Siva et nous-même ne font qu’un.
« Ceux parmi vous
qui ont connu la contemplation
savez les profondeurs d’où je vous parle.
Vous avez goûté au Soi que vous êtes,
et jamais auparavant
n’aviez-vous eu
une pareille expérience.
Cette expérience
vous a coupé le souffle,
vous a comblé
jusque dans chaque recoin de votre être. » (Gurudeva)
La réalisation du Soi Dieu
Encore plus profond que Satchidânanda, l’âme mûre arrive à nirvikalpa samadhi, l’Absolu au-delà du temps, de l’espace, de la cause, de toute existence et de toute conscience. Quand l'âme est enfin arrivée au Soi, elle a accompli l’objectif de son séjour sur Terre et, quand elle retourne à sa conscience individuelle, elle n’a plus qu’à résoudre une bribe de karmas qui lui restaient encore. L’âme vit à présent la vie du jnani, celui qui sait, l’être illuminé .
Conclusion
Tout ce qui est dit à propos des étapes progressives du chemin et des qualités requises est relatif. C’est vrai, bien vrai, bien noté et vérifié au cours des âges. Cependant, il est des êtres exceptionnels qui semblent sauter les étapes, car ils ont déjà atteint les divers objectifs dans une vie précédente.
Voilà le chemin spirituel. Voyez qu’on avait beaucoup plus à dire aux premières branches de yoga qu’aux dernières. Plus on monte, moins il y a de mots. Ils se remplacent par l'expérience directe, la réalisation ultimement impossible à décrire.
(L’expérience du Soi)
On ne peut vous la communiquer
que si vous êtes suffisamment harmonieux
pour savoir la capter —
cette joie profonde et subtile
qui sera la vôtre,
à mesure que vous approcherezle
Soi réelque vous êtes.
Gurudeva