Il n’y a pas d’enfer éternel ou de pécher originel. Mais les karmas qu’on engendre peuvent entraîner de grandes souffrances. D’où l’importance de bien penser, bien parler, et bien agir. C’est en ce monde que les désirs se réalisent, qu’on façonne sa destinée, et qu’on trouve un terrain fertile à son épanouissement. Vivant en ce monde, on chemine de l’ignorance à la sagesse, de l’obscurité à la lumière, de la mortalité à l'immortalité. Le monde entier est un ashram où chacun accomplit sa sadhana. Nous devons aimer ce monde que Dieu Siva a créé à notre intention. Gurudeva nous a dit: “Le monde est une merveille. C’est Dieu lui-même qui nous en a fait cadeau. Il n’y a aucune raison de craindre quoi que ce soit. Le monde est une cour de récréation qu’il a bâtie pour ses enfants, où les âmes jeunes et les âgées peuvent se rencontrer et apprendre à se connaître, les jeunes éprouvant leur karma, et les âgées respectant leur dharma. Jeunesse apprend; âge comprend ”.

L’homme est-il pécheur, et le monde est-il mauvais ?

Non. L'homme et le monde sont intrinsèquement bons. Il n’existe pas de péché inhérent, où de péché mortel par quoi l’âme est à jamais perdue. Mais le péché existe: il consiste en une consciente transgression de la loi divine, du dharma. Ce qui s’appelle “ péché ”, les sages nomment “ ignorance ”. La nature véritable de l’homme est celle de son âme qui est parfaite bonté en l’image de Dieu, que le péché ne peut jamais atteindre ou souiller. Le péché n’existe qu’en fonction du caractère extérieur, instinctif, et mental de l’homme. Il est relatif, mais il n’en est pas moins réel, étant capable de nous apporter bien des chagrins. Toutefois, on ne doit pas oublier que ses effets ne sont pas éternels; ils peuvent être effacés par la pénitence et les bienfaits qui paient la dette. C’est l’âme jeune, qui est à peine accoutumée à vivre sur cette planète et ne sait pas encore manifester ses qualités inhérentes, qui a tendance à pécher. L’âme âgée, par contre, désobéit rarement à la loi divine. L’ignorance incite au péché, tandis que la connaissance fait apparaître bonté et vertu. Gurudeva nous a expliqué: “ Le péché est l’effet des pensées déformées que peut bien produire un mental ligoté par l’émotion. Pécher, c’est convertir de l’énergie mentale en faveur des instincts. Quand on est injuste et bas, qu’on s’adonne à la haine et la rancune, qu’on entretient ces sentiments pendant des années en cachant bien ses intrigues et ses dépravations, il est inévitable qu’on en souffre. À mesure que l’âme se développe, elle prend conscience du lourd fardeau de fautes et de méfaits qu’elle porte péniblement. C’est alors que se manifeste en elle le désir de se racheter, de faire pénitence, et de retrouver la grâce divine ”.

Y a-t-il un enfer où les pécheurs souffrent éternellement ?

Non, il n’y a pas d’enfer éternel. Mais il existe des états d’âme infernaux et des naissances déplorables pour ceux qui pensent et agissent mal. L'âme jeune apprend par l’expérience à mériter des naissances de plus en plus dignes d’elle et à se libérer progressivement des états d'esprits pénibles. Il existe trois mondes: l’univers physique, le monde mental ou astral qui existe à l’intérieur du monde physique, et le monde spirituel ou causal. Chacun se divise en de diverses régions, ou plans, ou loka. Notre Terre se nomme Bhuloka. Les êtres célestes, ou devas, vivent au Devaloka, et les Dieux vivent au Sivaloka. Les régions inférieures, l’enfer, se nomment Narakaloka. Gurudeva nous a enseigné: “On dit parfois qu’en enfer règnent le feu, le désordre, la consternation, l’angoisse et le désespoir. Mais en fait, l’enfer n’existe que dans les états d’esprit, partout où il y a désordre mental, conflit et toutes ces humeurs qui tourmentent et suscitent les feux psychiques. Nous n’avons pas à mourir pour éprouver les états infernaux de l’esprit. Mais, bien sûr, si l’on vient à mourir tandis qu’on est captif de tels états d’esprit, éprouvant haine, remords, rancune, effroi et toute sorte de pensées déformées, on est alors fin prêt à arriver dans le monde astral et y éprouver l’enfer ”.

Y a-t-il un paradis sivaïte ?

Oui. Il existe, aux sommets de l’esprit superconscient, dans les mondes astral et causal, des sphères célestes qui se nomment Devaloka et Sivaloka où les âmes mûres continuent à évoluer même après la fin de leurs séjours terrestres. Le monde spirituel (causal), qui se compose de lumière et de béatitude, est le refuge naturel de toutes les âmes. Gurudeva nous a dit: “Le paradis sivaïte est la demeure de Dleu Siva, Mahesvara, Âme primordiale, et de son entourage de Mahadeva, grands Dieux, du monde causal et de devas du monde astral. Ce paradis se situe au cœur de l’homme ”.

De même que le feu vit déjà dans le bois, et que le beurre se dissimule dans la crème, ainsi en chacun de nous il demeure, notre Dieu omniprésent.

Saint Appar