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Le Saint sanctuaire familial

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Dans les temps anciens, les familles adoraient Dieu chez eux dans leur refuge sacré, comme nous faisons encore aujourd'hui.

Gurudeva enseignait que les temples existent pour faciliter la communication et la coopération entre les êtres de notre monde à nous et ceux des mondes subtils, dont les remarquables devas du monde astral (Devaloka) et les magnifiques Dieux du monde causal (Sivaloka). Lorsque nous assistons au temple, les devas nous voient et nous assistent sur d’innombrables plans et d’innombrables manières. Quand on quitte le temple, ils continuent à nous voir et à nous accompagner — tant qu’on ne se submerge pas trop dans le monde ordinaire et tout ce qu’il implique. Dans ce cas, il commencerait à s’établir, entre les devas et nous, un brouillard mystique qui nous ôterait progressivement de leur vue et nous remettrait à nos seuls propres moyens, situation qui durerait jusqu’à notre retour au temple.

Heureusement, grâce à une pratique hindoue on peut maintenir ce merveilleux contact céleste : l’entretien, chez soi, d’un sanctuaire familial.

« Chaque foyer sivaïte gravite autour du sanctuaire familial, une pièce à part dédiée à créer une ambiance de temple où nous invoquons nos Dieux, où nous lisons les écritures saintes, faisons nos sadhanas, méditons, chantons des bhajans et pratiquons japa. », Retour à Siva, chapitre 53

Dès qu’on revient du temple et qu’on arrive chez soi, on allume une lampe à huile dans ce sanctuaire. Ce geste de dévotion et la simple lumière suffisent à signaler aux devas que nous habitons ici et que par ce saint sanctuaire, nous et toute notre famille cherchons à maintenir le contact céleste. Certains des devas s’attacheront maintenant à ce saint lieu et au foyer pour guider, protéger et bénir ses habitants.

Dans la mesure du possible, on dédie toute une pièce de la maison au sanctuaire qui ne servira que pour des pratiques religieuses et qu’on entretiendra soigneusement. Bientôt, l’ambiance y sera celle d’un temple. C’est là l’idéal.

Toutefois, s’il n’est pas possible de dédier une pièce entière de sa maison, l’on fait de son mieux avec les moyens du bord. L’important, toujours, est la sincérité de nos offrandes, de nos prières, de nos pujas (cérémonies) et de nos âratis (offrandes de lumières).

Le Cœur de notre chez nous, un havre de paix et de spiritualité

Sanctuaire chez une famille de Californie. Parfois un espace intime comme celui-ci devient très puissant.

​Depuis que mon époux et moi, nous avons établi notre autel familial en 2005, l’ambiance de notre demeure s’est totalement transformée, à tel point qu’il nous est maintenant difficile d’imaginer comment nous pourrions vivre autrement, ou de nous souvenir comment nous vivions avant. Et nous nous émerveillons en pensant que la même expérience se répète depuis des millénaires — et encore aujourd'hui dans d’innombrables foyers hindous tout autour du monde.

Routines du matin

Chaque matin à l’aube, je m’éveille au son de la cloche et au parfum de l’encens — c’est mon époux qui entreprend sa puja. Puis, notre benjamin, Kavish, âgé de 13 ans, pratique sa sadhana de dix minutes. Son frère aîné de 16 ans, Kapil, qui le suit, se contente de déposer une fleur avec dévotion et d’envoyer une prière avant de partir à l'école.

Une fois mes trois hommes partis, c’est à moi d’en profiter. La tranquillité soudainement rétablie me permet de m’immerger longuement dans ma puja, dans mes prières et dans ma méditation. Quelle aubaine !

Le Sanctuaire comme lieu de calme et de réconfort

Aux moments de colère, de frustration, de confusion ou même de dépression, le sanctuaire devient un refuge sans pareil. Il suffit, pour bientôt se sentir soulagé, de s’y rendre, répéter quelques mantras, chanter un hymne à Ganesha, ou parler à ce Dieu à haute voix ou mentalement et lui dire ce qui ne va pas, ou simplement rester assis et respirer calmement et tranquillement quelques minutes. Dans le calme qui s’ensuit, de nouveaux aperçus souvent nous viennent, de nouvelles perspectives qui nous enrichissent et nous donnent la force de faire face à notre vie de tous les jours avec plus de confiance en nous-même et plus de foi dans le bel avenir que les sages, les gurus et les écritures saintes prévoient pour nous. En ce lieu saint, on s’inspire soi-même à redoubler d’effort et de courage.

Personnellement, j'ai remarqué qu’il est plus facile de s'entendre quand chacun se rend régulièrement à l'autel familial. Au cours des mois et des années, mon mari, mes enfants et moi-même, nous devenons progressivement plus calmes, patients, introspectifs et généreux. Nous devenons, si j’ose dire, plus intelligents quant à nos approches vers l’un l’autre et envers la vie et les interminables défis qu’elle nous apporte. Jai! Vraiment, voilà qui est plus efficace et réconfortant que des psychothérapies (et bien moins cher!).

Un temple à domicile

Des adeptes de BAPS font une ârati dans leur sanctuaire familial en même temps qu’ils assistent par diffusion en continu à l’ârati se déroulant à leur temple. Dans leurs esprits en ce moment les deux lieux ne font qu’un.

Les devas qui fréquentent le sanctuaire protègent la famille de diverses façons. Dans ce lieu, on peut toujours être sûr de trouver l’appuis de l’univers, la sérénité, la sécurité et la bénédiction. Les pratiques régulières renforcent les liens familiaux, cultivent l’amour et la paix, et invitent une énergie positive dans le foyer.

Le sanctuaire familial est aussi un espace de communication où les membres de la famille peuvent se retrouver pour prier ensemble, chanter des bhajans, méditer, ou s’entretenir pour chercher des solutions aux problèmes du jour ou pour se réconcilier après un moment de malentendu ou de discorde.

Comment nous entretenons notre sanctuaire

D’abord on y maintient une propreté maximale, parfois même, disons-le : extrême. Le fait est que plus on nettoie, plus l’ambiance brille, plus on se sent au paradis !

On y installe des images de son guru, des représentations de divinités tels que Siva, Ganesha et Murugan, des lampes à huile, divers symboles hindous ou propres à notre dénomination. Si possible, chacun des cinq éléments y sont présents. On y allume de l’encens, on y sonne des cloches et des clochettes et on décore avec une abondance de fleurs et de plantes en pots. Souvent on profite d’une fenêtre pour laisser entrer lumière et air, et pour donner vue sur la verdure à l’extérieur.

C’est élevant, à la première lueur du jour, d’aller cueillir des fleurs du jardin, encore couvertes de rosée, et de les apporter aux Dieux du sanctuaire. Tout ce qu’on fait pour ce saint lieu, et tout ce qu’on y apporte qui est fin et de nature édifiante, nous rapproche des devas et des Dieux. Au sanctuaire comme au temple, aucun beau geste, aucune belle parole, aucun joli chant, aucun élan n’est jamais perdu. Tout élément positif et spirituel contribue à l’effet total. C’est ainsi que le sanctuaire familial devient lui-même un instrument d’instruction, un guide spirituel, un être vivant comme le temple, qui nous apprend à faire notre chemin.

Le « mauvais œil »

Un autel familial à Siva decoré de lumières électriques pour

fêter Diwali

Ci et là dans le monde, on craint le « mauvais œil », soit les sorts que certains méchants pourraient nous jeter. Mais une menace bien plus immédiate et universelle consiste des pensées basses et des sentiments bas du monde.

De même que les bonnes pensées et les bons sentiments qui s’émanent des gens authentiquement et sincèrement spirituels et religieux se diffusent par le monde, élevant les esprits et calmant les soucis et les craintes, de même toutes les émotions négatives et méchantes du monde se diffusent dans toutes les directions et affectent parfois même les gens spirituels.

Les individus et les foyers de nos jours sont constamment bombardés d’ondes mentales — bonnes, neutres, basses et très basses. Tout ce qui passe par la radio, la télévision, le cinéma et l’internet pénètre les maisons, traverse les murs (nos portables savent capter tout cela) et peut influer sur les esprits.

Heureusement pour les Hindous pieux, il y a une simple et permanente solution : établir un sanctuaire familial, ou tout au moins un autel familial, et s’en servir activement pour communier avec les êtres de lumière. Le premier devoir à ceux-ci est de protéger tout lieu sacré, c'est-à-dire d’empêcher les influences négatives de s’en approcher. Ils protègent le sanctuaire familial tout comme il protègent le temple. C’est cette protection qui transforme le bâtiment en un temple, qui transforme la pièce en un sanctuaire. Quand on rentre dans l’un et dans l’autre, on se sent soulagé. On est davantage soi-même. On retrouve ses propres pensées et sa belle philosophie qu’on aime.

Avant de partir et en revenant

Dans un ancien temps, Dieu Siva Nataraj se manifeste chez un dévot lors de sa prière quotidienne. À mesure qu'il poursuivra fidèlement sa pratique, il deviendra de plus en plus conscient des visites de son Invité céleste.

Il est bon de se rendre au sanctuaire familial pour quelques minutes avant de quitter la maison, et encore dès qu’on revient. En sortant, nous expliquons aux devas où nous allons et ce que nous espérons accomplir. On leur demande de nous protéger pendant notre excursion, de nous aider à éviter d’absorber des impressions négatives inutiles, par exemple. En revenant, nous prions d’être purifié, de ressourcer notre aura et de ne rapporter chez nous que des influences positives. Voici donc une autre façon que les devas habitant à notre sanctuaire, nous protègent.

Tendances modernes

L’importance de cet espace sacré a récemment été mise en lumière dans un article du Wall Street Journal en octobre de cette année. Il y est souligné que de nombreux foyers hindous américains investissent beaucoup dans des sanctuaires familiaux sophistiqués et opulents souvent ornés de marbre, d’or et de fresques personnalisées. Nous louons cet élan pieux et enthousiaste. Toutefois, soulignons quand même que l’essentiel d’un sanctuaire au foyer réside moins dans sa richesse extérieure et davantage dans le cœur de ses dévots. Une simple statuette, une fleur, un bâtonnet d’encens ou une prière offerte, s’ils sont accompagnés de dévotion sincère, suffisent à créer un véritable lieu de culte. Même si on ne sait rien des rites, l’amour qu’on ressent envers Dieu atteindra l’objectif.

Amma (Mata Amritanandamayi) enseigne, « C’est dans le temple du cœur que Dieu doit être enchâssé. Vos bonnes pensées sont les fleurs, vos bonnes paroles sont les hymnes, vos bonnes actions sont les rituels. Et l’amour est l’offrande. »

Dans la série populaire 'Never Have I Ever', une adolescente d’origine indienne-américaine se rend régulièrement à son sanctuaire familial pour prier, abordant des préoccupations de sa vie quotidienne, y compris des dilemnes sentimentaux. Cela illustre bien la pertinence de cet espace sacré, même dans des temps et des contextes culturels différents.

Références/ Voir aussi:

  1. Prière de Ganesha, https://www.hindouisme.org/ganesha-puja-fr

  2. Wall Street Journal, "Marble Floors, Gilded Trim and Custom Murals: Hindu Prayer Rooms Get a Makeover," 31 octobre 2024.

  3. Retour à Siva, chapitre 53: https://www.hindouisme.org/reto.../53/le-sanctuaire-familial

par Vandana Nathoo

Copyright : ©Au Cœur de l'hindouisme

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