Le Soi Dieu
Le cœur du cœur de l'hindouisme
L’enseignement du Soi est la clé de voute de la philosophie et de la pratique hindoues qui leur donne tout leur sens. Le Soi, c’est Dieu en son aspect absolu, et c’est aussi le cœur du cœur de vous-même. Il est l’ultime aboutissement de l’enseignement hindou, de tout enseignement mystique, et de l’évolution humaine. « Le royaume de Dieu est en vous » est ce qui est à découvrir, la raison que nous vivons. Le Soi est la Réalité unique et unifiante, tout le reste étant passager et de la nature de rêve. Voilà ce qui est à connaitre. Et, « une fois qu’il est connu, tout est connu. »
En 1959, à San Francisco, un maitre fit, pour ses quelques disciples réunis, une exposition du Soi. Par grand bonheur, elle fut enregistrée, préservée et à présent traduite en français. Depuis, ce joyau ne cesse d’inspirer et d’illuminer et d’aider d’innombrables personnes à trouver leur chemin et leur destinée.
Le Soi Dieu
L’ultime enseignement hindou
Par Sivaya Subramuniyaswami
Le Soi, on ne peut pas dire ce qu’il est.
On peut ressentir son existence par nos sens affinés,
Mais on ne peut pas l’expliquer.
Pour savoir ce qu’il est, il faut en faire l’expérience.
Ce qu’on peut dire, c’est qu’il est
la profondeur de votre être,
il est le cœur de vous-même,
il est vous-même.
Si vous imaginez:
au dessus de vous, rien.
En dessous de vous: rien.
A la droite de vous: rien.
A la gauche de vous: rien.
Devant vous: rien.
derrière vous, rien,
puis vous vous fondez dans ce vide,
ce serait là la meilleure description de l’expérience du Soi.
Et cependant, ce vide
n’est pas l’absence de quelque chose,
comme le vide à l’intérieur d’une boîte vide,
qui serait un néant.
Ce vide est la plénitude
de tout ce qui est,
il est la puissance qui soutient
l’existence de tout ce qui semble être.
Quand vous aurez connu le Soi,
Vous aurez saisi ce qu’est l’esprit:
un principe auto-créateur.
Tel est l’esprit.
Il se crée perpétuellement.
L’esprit est la forme
créant perpétuellement la forme,
préservant les formes, créant de nouvelles formes,
et détruisant les formes désuètes.
Tel est l’esprit, la grande illusion,
l’aspect de vous-même
que, dans vos pensées,
vous osez prendre pour réel.
D’où provient cette puissance de l’esprit?
L’esprit a-t-il de la puissance, s’il est irréel?
Qu’importe qu’il soit puissant ou non,
ou même ce que je dis,
puisque le Soi existe
à cause le lui-même.
Vous pouvez vivre le rêve,
et qu’il vous trouble.
Ou vous pouvez chercher,
et chercher avec ardeur,
à connaître le Réel,
et que cette poursuite
vous mette la joie au cœur.
Le destin de l’être humain
le mène à se retrouver.
Le destin de l’être humain
le mène à connaître son être véritable,
et enfin à en avoir pleinement l’expérience.
On dit que, pour arriver à l’expérience du Soi,
il faut prendre le chemin spirituel.
Vous ne vous y engagez, sur ce chemin,
que lorsque vous--et vous seul--y êtes prêt,
lorsque ce qui vous paraissait réel
commence à perdre de sa réalité.
Ce n’est qu’alors
que vous arriverez
à vous détacher suffisamment
pour chercher
et trouver
une nouvelle réalité—
une réalité plus permanente.
Avez-vous déjà remarqué qu’une chose
que vous considérez comme permanente,
il n’y a que vous qui lui attribuiez
sa permanence—en la protégeant?
Avez-vous même déjà réfléchi suffisamment
pour nettement percevoir
que l’être profond que vous êtes
est l’unique chose qui soit permanente?—
que toute autre chose change?—
que toute autre chose s’accroche à un fil
qui la relie aux domaines
de la joie et du chagrin?
Telle est la nature de l’esprit.
A mesure que l’être lumineux et illimité que vous êtes,
se découvre en vous, la joie et le chagrin
deviennent pour vous
des sujets à étudier.
Vous percevez clairement
que l’un et l’autre sont irréels.
Vous savez dorénavant sans plus aucun doute
que la Forme-même est irréelle.
La joie subtile qui s’élève en soi tandis que
s’épanouit l’être lumineux est indescriptible.
On ne peut vous la communiquer
que si vous êtes suffisamment harmonieux
pour savoir la capter—
cette joie profonde et subtile
qui sera la vôtre,
à mesure que vous approcherez
le Soi réel
que vous êtes.
Si vous cherchez
à trouver le Soi
par la pensée,
vous n’y arriverez pas.
Par ce que l’esprit
ne peut pas
mener à la vérité.
Un mensonge
ne peut pas
mener a la vérité.
Un mensonge ne peut que vous
empêtrer dans un bourbier d’erreurs.
Mais si vous vous sensibilisez,
si vous éveillez en vous
vos vraies qualités,
nobles et magnifiques,
qui appartiennent à vous tous,
vous devenez alors un canal,
un calice où brillera
votre être lumineux.
Vous penserez tout d’abord
qu’une lumière s’est allumée en vous.
Vous chercherez à retrouver cette lumière.
Vous chercherez à la retenir,
comme on tient et chérit
un bijoux magnifique.
Après quelque temps, vous verrez que
cette lumière qui brille en vous
brille dans chaque pore,
dans chaque cellule de votre être.
Vous découvrirez plus tard
que cette lumière imprègne
chaque atome de l’univers,
et enfin, que vous êtes cette lumière
et que ce qu’elle imprègne
est l’illusion, l’irréalité, que crée l’esprit.
Que de cœur il vous faudra
pour trouver cette vérité.
Vous aurez à devenir très très fort.
Comment faire? Par l’exercice.
Vous devez exercer chaque muscle et
chaque nerf de votre nature—
en respectant les principes de la loi—
de la loi spirituelle.
Ce ne sera pas facile.
Ce n’est pas facile
de développer un muscle.
Mais si on s’y applique
avec diligence
pendant un certain temps,
et qu‘on fait tout ce qu’il faut faire,
le muscle répondra.
Et votre nature
répondra pareillement.
Il faudra faire l’effort.
Il faudra beaucoup d’efforts,
Il faudra y travailler de façon soutenue.
Dix minutes par jour? Non.
Deux heures par jour? Non.
Vingt-quatre heures par jour.
Tous les jours.
Il faudra faire de grands efforts.
Vous préparer pour l’expérience du Soi,
est comme accorder un violon,
tendre chaque corde jusqu’à ce qu’elle
s’accorde avec toutes les autre cordes.
Plus vous aurez d’oreille,
mieux vous accorderez le violon,
et plus belle sera la musique.
Plus vous serez fort en votre nature,
mieux s’exprimera votre véritable nature
et plus vous éprouverez la joie
de votre être véritable.
Ce résultat vaut bien la peine
de beaucoup d’efforts.
Il vaut bien la peine de tant de volonté,
et tant et tant de sacrifice,
pour arriver à se maîtriser soi-même.
Cela vaut bien la peine
de se débattre avec l’esprit
jusqu’à ce qu’il se soumette enfin
à votre volonté.
Ceux parmi vous
qui ont connu la contemplation
savez les profondeurs d’où je vous parle.
Vous avez goûté au Soi que vous êtes,
et jamais auparavant
n’aviez-vous éprouvé
une pareille chose.
Cette expérience
vous a coupé le souffle,
vous a comblé
jusque dans chaque recoin de votre être,
même si vous n’êtes resté
dans cet état contemplatif
qu’une minute.
Cette minute vous a donné
une nouvelle, une vaste connaissance,
un savoir qui illuminera dorénavant toute votre vie,
à chaque fois que vous y repenserez,
qui vous accordera la sagesse
à chaque fois que vous soumettrez vos expériences
à la lumière de ce savoir,
un savoir plus vaste
que tout ce que les universités du monde
pourraient jamais vous offrir.
Pouvez-vous tout au moins
vous faire une idée nette
de ce que peut être cette réalisation du Soi
que vous avez ressenti imprégnant
tout votre être
et toute l’existence
au moment de votre contemplation?
C’est votre nouvel objectif.
Si vous vous débattez toujours avec l’esprit,
essayant jour après jour
de vous concentrer,
de méditer,
de calmer les pensées,
de vous détendre,
continuez.
Chaque effort apportera son fruit.
Chaque brique qu’on pose
pour bâtir un temple de briques
nous rapproche du moment
où il sera enfin construit.
Continuez à faire l’effort,
et un jour, en un instant,
vous aurez percé les limites de l’esprit ordinaire
et entré en contemplation,
et vous direz, “Oui, j’ai vu, je sais.
A présent, je sais parfaitement
quel est mon chemin.”
Continuez à faire l’effort.
Où que vous en soyez,
là est votre point de départ.
Le Soi, on ne peut pas dire ce qu’il est.
Mais vous pouvez essayer de l’imaginer,
si vous voulez, de cette façon:
sentez votre esprit,
votre corps et vos émotions,
et sachez que vous êtes
la Puissance qui imprègne
l’esprit, qui est toute forme,
et le corps, que vous habitez,
et les émotions, que vous dominez,
ou qui vous dominent.
Pensez et repensez à cette vérité,
et vous découvrirez que
vous êtes la lumière dans vos yeux,
vous êtes la sensation dans vos doigts,
vous êtes plus brillant que le soleil,
plus pur que la neige,
plus subtil que l’éther.
Continuez à faire l’effort.
A chaque fois que vous le faites,
vous approchez d’un pas
votre être lumineux,
votre être véritable.