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Manuscrits lémuriens

Origines, histoire et destin de l’humanité

Satguru Sivaya Subramuniyaswami

Les Manuscrits Lémuriens proposent une cosmogonie nouvelle, surprenante et pleine de sens pour tout cherchant spirituel. Cette traduction est le résultat d'un travail collaboratif entre le monastère hindou de Kauaï, à Hawaii, et Murielle Mobengo poète et traductrice.

Chapitre 19


Le conseil des aînés

231 Dans chacun de nos monastères, le groupe des aînés gouvernait silencieusement le déroulement de toute activité et polarisait le darshan. Il y avait pour chaque vent du monastère un membre du conseil des aînés qui le gouvernait à distance. Ce membre était autre que l'assistant de notre guru et autre que les deux aides de celui-ci. Chacun de ces membres qui étaient le plus proche d’une ou l’autre des quatre divisions du monastère était choisi par le plus ancien des anciens13, travaillaient intérieurement le darshan et son écoulement vers cette division, et s'il y avait quelque obstacle, l’un ou plusieurs des artisans étai(en)t convoqué(s) par le conseil pour siéger avec eux, méditer sur la situation pour ramener l’harmonie et se réattacher au déroulement le plus propice du darshan. Dans nos petits monastères, le conseil prenait une part active à toutes les activités, et s’ils étaient peu nombreux, un seul d’entre eux veillait à l’écoulement du darshan de deux divisions au lieu d’une. Ce n’était que dans les monastères bien peuplés et bien établis que le conseil pouvait se consacrer entièrement au champ de force subtil du monastère, car tous étaient tellement bien formés, les artisans tellement efficaces, que sans effort, chacun jouait son rôle, les activités externes et internes se déroulant toutes seules, en parfaite synchronisation. Dans ces monastères, les membres du conseil des aînés n’étaient jamais remplacés en fonction des arrivées et des départs, comme le faisaient les autres monastères, et il y avait peu d’innovations. Ils sont bien âgés, très sages, prudents, spirituellement inébranlables et conversent ouvertement avec notre guru.


Les quatre vents du monastère

232 Le guru considère chacun de ses monastères comme une seule et même personne. Si quelqu’un se distingue des autres, cela indique qu'une difficulté s’annonce et qu'une formation supplémentaire est à l’ordre du jour. Ainsi, puisque nos corps comportent les quatre courants majeurs, importés intacts de notre planète d’origine, on doit enseigner à ces quatre divisions monastiques à fonctionner comme le font les courants de nos corps. Ils correspondent aux vents de l’est, du nord, du sud et de l’ouest. Bien sûr, notre guru prend conseil principalement de l'ākāśa et souffle donc en tant que vent ākāśique, ainsi que toute personne qu'il désignerait comme collaborateur pour la durée d’une innovation donnée. C'est pourquoi les quatre membres du conseil des aînés associés aux quatre divisions ne sont pas chargés de la cinquième division, soit du vent ākāśique du monastère. Ils se contentent de sentir intérieurement le déroulement du darshan et d'observer les activités monastiques sur le plan physique, faisant bien attention, bien sûr, de demeurer incognito, comme le faisaient tous les membres du groupe des aînés.  On ressentait toujours que c’était une interruption à notre darshan quand quelqu’un attirait l’attention sur lui en tant que membre du conseil des aînés, encore plus grave quand il était reconnu par des jeunes sādhakas, qu’on formait pour qu’ils comptent sur les dévas du monastère pour les assister et maintenir leur équilibre plutôt que sur des personnalités du monastère.


Les devoirs des vents du nord, de l'est, de l'ouest et du sud

233 Ce sont les moines sivaïtes du vent du nord qui s'occupent de toutes les activités religieuses, des pūjās et cérémonies spéciales, de la préparation des prasādam et de traire les animaux. Les moines du vent de l’est sont chargés de l'éducation religieuse au sein même du monastère et assurent une formation continue aux hommes de famille les plus âgés de la communauté. C'est le groupe monastique du vent de l’ouest qui s'occupe de tous les rapports avec la communauté environnante dans l'acquisition des biens ainsi que leur distribution. Le moine du vent du sud est l'artisan, l'ouvrier et le constructeur. Il fabrique tout ce qui est nécessaire à la préservation de notre culture.


Les devoirs du groupe des aînés

234 Chaque monastère participait au spectacle divin. Le guru, Śiva Lui-même, dansant à travers l'ākāśa, ne parlant qu'avec le plus ancien des anciens, son divin fils de sagesse, Umāgaṇeśa. L’Umāgaṇeśa a deux assistants. L'un est le serviteur de Śiva, Hanumān, dont la grande mission est d'amener les âmes à Śiva. Il est l'hôte des nouveaux invités, le maître du mur et de ceux qui y supplient. C’est lui qui faisait part des nouvelles et annonces à la communauté monastique, qui prononçait les paroles du guru à chaque fois qu’il le fallait. Le plus jeune des aînés, l’Umādeva était par contre le porte-parole et messager s’adressant aux individus. On le voyait souvent quitter le conseil pour aller chercher quelque moine et l’amener à la réunion du conseil, un artisan peut-être ou un nouveau venu qui vivait près du mur. Il était assis, dans l’assemblée circulaire des membres, à la droite d’Umāgaṇeśa et le déva à sa droite à lui était son assistant, tout comme celui qui se tenait à la gauche d’Hanumān était l'assistant-Hanumān. Ses assistants assumaient une partie des responsabilités, surtout dans le cas d'un nouveau monastère, car alors, le conseil des aînés avait une fonction administrative, parce que le noyau du nouveau monastère se composait d’aînés provenant d'un ou de plusieurs autres monastères qui savaient exactement comment développer un nouveau monastère sivaïte, efficace et beau. À mesure que la formation se déroulait, que des artisans compétents se manifestaient et que chacun des vents se stabilisait en sa fonction, ce noyau d’aînés nouvellement arrivés se retirait progressivement et avait de moins en moins d’innovations concernant la croissance du monastère à autoriser, et s'occupaient de plus en plus des allées et venues des sādhakas et des invités.


Le calendrier des activités du monastère

235 À chaque fois qu'il le rencontrait, Umāgaṇeśa rapportait fidèlement à Śiva, son guru, tout ce qui se passait au monastère, et suivait de près et inscrivait chaque événement important, activité ou discipline monastique dans le grand registre calendaire du monastère. Selon le protocole permettant de déterminer qui seront les membres du conseil des aînés, lorsqu’un nouveau membre entrait dans le domaine subtil d’Umāgaṇeśa, on remettait à celui-ci ce calendrier contenant tout ce qui s’annoncait à nous, pour que l’événement le plus infime ne se perde ni ne s’oublie.


Rassemblements du conseil des aînés

236 Chaque réunion du conseil des aînés était secrète et tous étaient présents à ce saint événement s’ils n’étaient pas loin du monastère. Parfois, les forces subtiles étaient tendues ou crispées, alors Umāgaṇeśa annonçait une veillée spéciale où tous les membres du conseil se réunissaient en un endroit isolé pour prier et méditer ensemble longuement. De temps en temps, les gurus sivaïtes demandaient que les divers conseils des aînés de tous les monastères fassent une veillée de ce type, pour prier et méditer tous ensemble en solitude. Dans ce silence, les aînés travaillaient les forces subtiles pour qu’elles se soudent les unes aux autres afin de favoriser la venue du darshan par tous les monastères que ces gurus géraient intérieurement et régulièrement en voyageant de l’un à l’autre.


Le nettoyage est "āśrama sādhana" 

237 Lorsqu’on ne trouvait pas le guru pour répondre à des questions importantes, c'était l'assistant du Hanumān qui le recherchait. Il organisait aussi des rencontres avec le guru et l’Umāgaṇeśa et veillait à tous les besoins du guru --quand il arrivait au monastère, pendant son séjour et quand il se préparait à partir. À de tels moments, on relevait l’assistant de ses autres fonctions. C'est l'assistant d’Umādeva par contre qui s'occupait de la sādhana essentielle de notre monastère, celle de la propreté et de la beauté. Cette āśrama sādhana donne joie et vigueur au sadhaka tout autant qu'à celui qui sera édifié par   la beauté et la propreté, éléments indissociables de notre culture. La fidélité constante et totale à cette pratique déclenchait un magnétisme sur le plan physique digne d’attirer les âmes vers nos murs. Quand il arrive que personne ne supplie plus à nos murs ou ne s'en approche plus pour entendre par les ouvertures du mur les magnifiques enseignements, si nos récoltes sont maigres et que nos entrepôts se vident, nous persistions avec diligence à augmenter le magnétisme et à redoubler d’effort pour rétablir notre culture, en apportant l'amour, l'harmonie, la propreté et la beauté dans chaque espace, jusqu’au plus  minuscule.


Ceux à qui on a prescrit des austérités ont six ans

238 La famille divine - Śiva, Umāgaṇeśa et Hanumān - incluait aussi son autre fils nommé Bala Murugan, que l’on reconnaissait sur les nombreux visages et par les nombreux aspects des moines vêtus de jaune, couleur qui indiquait leurs tapas qui étaient tel qu’ils réduisaient leur âge monastique à six ans. Chaque moine vêtu de jaune est traité comme un enfant de six ans, et lorsque le Vadivel, le troisième fils de Siva, le plus jeune du monastère, calcule les âges des membres du conseil, il prend toujours en compte l'âge de six ans.  Un sadhāka en blanc accumulait normalement ses années monastiques, mais quand il exécutait des tapas d'une certaine nature, lui aussi n’avait plus que six ans. Comme ceux qui portaient le jaune, il pouvait lui aussi porter les 108 perles de rudrāksha quand il était chargé de maha tapas, et comme le moine en jaune endurant ces mêmes tapas, il sortait complètement des activité du monastère comme s’il faisait partie du vent ākāśique, collaborant uniquement avec son guru. Ayant accompli ses mahā tapas, il devait supplier une fois encore à être admis au monastère et vivre devant le mur pendant toute une lune, subir une épreuve philosophique aux mains du conseil des aînés, et enfin, être accueilli à nouveau au monastère par une cérémonie de bienvenue.


Coutumes et attitudes pendant mahā tapas

239 Quand un moine, pendant ses tapas, porte le jaune de Bala Murugan, ses attitudes sont celles de la jeunesse, de la joie, du bonheur et de la spontanéité. Mais même si son âge monastique est réduit pendant ce temps, sa séniorité de résidence au monastère ne l'est pas, et continue à s’accumuler. Cependant, une fois ce mahā tapas terminé, quand il portait les 108 perles de rudrāksha de notre Dieu Śiva, et après la cérémonie de rentrée, son temps de résidence recommence à s'accumuler à partir de zéro comme s'il venait tout juste d'arriver d'un autre monastère. Cela ne s'applique cependant que si les mahā tapas ont duré toute une lune ou davantage. Pendant les mahā tapas, on lui apporte à manger  là où il se trouve, vivant tout seul. Il ne parle pas. Il introspecte et médite longuement au piédestal de notre temple. Tous l’ignorent; il est seul avec son guru et le Dieu qui l’assiste en lui en silence. Pour déclencher les mahā tapas, on fait une cérémonie devant le piédestal sous la direction de notre guru où l’on informe le Dieu et les dévas à propos de ces tapas qui s’initient. Rien n'est fixé quant à la durée des tapas. C'est le guru qui les envoie et qui les arrêtera. Et lorsqu'elles s’arrêtent, on fait une autre cérémonie au piédestal. Le Dieu et les dévas savent que les tapas ont fini.


Soins spéciaux du plus jeune moine 

240 L’Umāgaṇeśa veille toujours à choisir le moine le plus jeune en âge à la fois physique,  brahmacharique et monastique, et informe le guru en détails sur le bien-être et comportement de ce Vadivel. On le comble d'attentions, de faveurs, de cadeaux, d'amour et de soins. Il est le troisième fils de Śiva, représenté par le trident que l’on forme pour qu’il sache recalculer exactement, à chaque fois qu’il y a un changement parmi les résidents du monastère, qui seront dorénavant les membres du conseil. Il est le plus jeune, le plus béni, et toujours sous la protection de l'assistant du Hanumān, ainsi que celle de l’Hanuman lui-même qui veille sur son repos, sa nourriture et sa formation.


Vadivel et l’Umādeva 

241 Chaque monastère avait son Vadivel. On ne devenait Vadivel qu’après une lune passée auprès du mur, une épreuve philosophique et une cérémonie d’intronisation. On l’invite alors à siéger avec le conseil des aînés uniquement aux moments où tout va bien dans le monastère et où le darshan est parfaitement fluide. Lorsqu'il rejoint le cercle, il s'assied directement en face de l’Umāgaṇeśa. Quand le guru rejoint le groupe, celui-ci se place entre l’Umāgaṇeśa et l’Umādeva, car l’Umādeva et son assistant servent le guru tout comme ils ont l’habitude de le faire avec l’Umāgaṇeśa, en étant son messager auprès d’individus et son coursier en général. Ainsi, le Vadivel se tient toujours à la droite du guru lorsque celui-ci rend visite au monastère.


Pas le chef du monastère

242 Les membres du conseil des aînés savent capter et protéger l’énergie subtile du monastère parce qu'ils y vivent depuis longtemps, en celui-là et en d’autres. Mais ce groupe ne dirige pas nos monastères. C’est notre guru qui le fait, et les membres du conseil, sous son rayonnement, lui obéissent humblement. De temps en temps, à force de liens étroits avec le monde et ses choses et ses gens, il arrive que quelque résident se permette d’assumer le rôle de chef du monastère, surtout si le guru possède de nombreux monastères et que ses visites se font rares. Lorsqu’on découvre un tel individu, on lui imposera toujours des tapas ou l’enverra pèleriner vers un autre monastère. C’est ainsi que les gurus de notre lieu et notre temps se tiennent, le pied sur la tête du serpent, le moi.


Veiller sur la synchronicité et la sublimité

243 Ce sont en fait les artisans, ces êtres hautement qualifiés, et les chefs des moines des vents de l’ouest et du nord, et les enseignants du vent de l’est qui sont garants de la productivité du monastère. Le conseil des aînés veille à ce que le darshan reste fluide, à la bonne synchronisation des activités, à ce que les artisans performent correctement et, en se référant journellement au grand registre calendaire, il veille aussi à la sérénité générale en évitant trop d’événements ou d’activités en même temps, et s’assure que tout se concorde avec des événements et activités semblables du monde astral et à un niveau très profond du monde causal. Notre guru nous accueillait tous au monastère en passant par le conseil des aînés. Nous sommes donc tous ici par sa grâce, et quand viendra le moment de quitter le lieu, d'abattre nos murs et former un lac en nivelant le tout, il nous le fera savoir, et nous obéirons sans question.


Harmoniser la négativité qui surgit dans l’un des vents

244 Le conseil des aînés n’est pas le chef de ces monastères sivaïtes. Ses membres exécutent les édits de notre guru. Ils sont le réceptacle du darshan. Toute la force positive passe par eux, et la négative aussi. Ils les interprètent en les laissant passer par leurs systèmes nerveux et déterminent de quel vent une certaine négativité peut provenir, puis invitent un artisan, cadre, brāhmin, mohan ou swāmī pour qu'il leur détaille la situation où il se trouve. Par le simple fait de siéger avec le conseil, les forces en lui s’harmonisent. Si la situation de son secteur ne peut être résolue en appliquant les règles śāstriques qui gouvernent le monastère, l’Umāgaṇeśa cherchera la solution auprès du guru lui-même, car il était important que l’Umāgaṇeśa soit constamment en contact avec son guru. La plupart du temps, il était le seul moine, même parmi les aînés, à savoir où se trouvait son guru. 


Le guru est toujours proche mais on ne sait pas où il est

245 Les déplacements des gurus de notre époque étaient strictement confidentiels. Ils voyageaient seuls et personne ne savait leurs départs, leurs arrivées ou vers quel monastère ils se dirigeaient. Grâce à ce strict secret à propos de ses déplacements, sa vie en son corps physique pouvait se préserver très longtemps. Ainsi, on apprenait à tous les moines sivaïtes à rechercher leur guru intérieurement et à toujours ressentir sa présence vivante au monastère où ils se trouvaient. On les décourageait de chercher le guru comme s’il était une personne physique extérieure à eux-mêmes. Ainsi ils parlaient de lui comme étant parmi eux, faisant partie de leur monastère et y vivant, et ne faisaient jamais allusion à ses voyages de monastère en monastère. On ne s’écarte pas de cet usage, car on apprend à tous les moines à limiter leurs pensées aux murs du monastère, et non pas à les laisser aller au-delà. De cette façon seule arrive-t-on à connecter les trois mondes jour et nuit. Les gurus, eux, portaient toujours chaque monastère en eux-mêmes, comme s’il s’agissait d’une seule personne et grâce à cette méthode, ils vivaient intérieurement et simultanément en chacun d’eux.


Le point de vue intégral du guru

246 Donc, il n'y avait pas d’autre chef que le guru. Il était le chef absolu de nombreux monastères et constamment en contact avec un seul Umāgaṇeśa. Même s’il parlait avec tous les Umāgaṇeśa de tous les monastères qu’ils portaient en lui, pour le guru, il n'y a qu'un seul Umāgaṇeśa, un seul Vadivel, un seul Hanumān, un seul Umādeva, un seul conseil  des aînés, un seul artisan, un seul cadre, un seul brāhmin, un seul mohan, un seul swāmī, un seul darshan, vérité qu’il gardait en lui où qu’il se trouve. Voilà le secret des gurus de notre époque et l'un des principaux moyens permettant à un seul guru de diriger et administrer quarante, cinquante ou soixante monastères, permettant ainsi au Dieu Skanda de manifester, aux niveaux les plus profonds de la conscience, culture, enseignements et innovations scientifiques et les diffuser par le darshan et les moines. Śiva régissait le grand roulement du darshan par le guru et, souvent pendant de longues périodes, le seul contact que le guru avait sur le plan physique avec ses moines se faisait par l’intermédiaire du seul et unique Umāgaṇeśa. Si le guru avait cinquante moines et que quarante d’entre eux étaient en parfaite harmonie avec lui, tous les quarante seraient, dans les profondeurs de son esprit, une seule et même personne. Et parfois même, c’était tous les cinquante qui devenaient un seul.  C’était la manifestation idéale qu’un guru sivaïte pourrait offrir à ses monastères.

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