Manuscrits lémuriens
Origines, histoire et destin de l’humanité
Satguru Sivaya Subramuniyaswami
Les Manuscrits Lémuriens proposent une cosmogonie nouvelle, surprenante et pleine de sens pour tout cherchant spirituel. Cette traduction est le résultat d'un travail collaboratif entre le monastère hindou de Kauaï, à Hawaii, et Murielle Mobengo poète et traductrice.
Chapitre 20
Les coutumes du monastère
247 Le conseil des aînés était toujours un peu en retrait et dans certains cas, ses membres vivaient ensemble dans une section du monastère à part. C’est surtout par leurs attitudes qu’ils se distinguaient des autres moines, se tenant à l’écart, ce qui leur permettait de mieux comprendre le comportement présent des champs de force internes du monastère.
Discussions philosophiques régulières
248 Dans les grands monastères, il arrivait souvent que les membres les plus âgés du conseil parcourent leurs monastères pour entamer des discussions philosophiques avec les autres moines. La discussion philosophique était importante dans tous les monastères sivaïtes, car lorsque l'harmonie commençait à prévaloir entre deux ou plusieurs moines, de nombreux dévas des plans subtils venaient planer parmi eux pour envoyer par leur intermédiaire des bénédictions si bien qu’on pouvait, même très loin, entendre leurs discussions grâce à des oreilles subtiles. Il arrivait que le darshan des dévas, des Dieux et du guru lui-même fusionne en un unique grand darshan, passe par le conseil, et se répande dans l'ensemble du monastère, ses résidents et ceux qui vivaient alentour. Le darshan, ainsi que le kammaba, se trouvaient également répartis entre chacun des membres du conseil de chaque monastère.
Bâtonnets indiquant la séniorité du moine
249 Chaque moine gardait une trace de son âge monastique en faisant des entailles dans le bâton qu'il portait avec lui. Celles-ci représentaient donc son âge physique, son âge de brahmacharya et sa séniorité dans le monastère où il vivait présentement. À chaque fois qu'il s’asseyait près du mur pour supplier d’entrer dans un nouveau monastère, il préparait un nouveau bâton et se débarrassait de l'ancien. L'âge du bâton du moine indiquait la durée de son séjour dans le monastère, car il le portait toujours avec lui. Il représentait pour lui le rayon de lumière qu'il avait pris pour venir sur cette planète, et on le voyait toujours le bâton dans les mains, méditant sur ce rayon de lumière qui se rattachait au Soleil central. Parfois, les moines dansaient et claquaient leurs bâtons au rythme de la musique.
Le Vadivel calcule le CA
250 Chaque fois qu'il y avait un changement démographique dans le monastère, une arrivée ou un départ, tous les moines apportaient et laissaient leurs bâtons à un certain endroit donné pour que le Vadivel les sépare en calculant l'âge monastique et la durée de séjour de chacun pour déterminer qui dorénavant fera partie du conseil des aînés. Il y travaillait souvent jusque très tard dans la nuit, constituant ainsi le nouveau conseil, et le matin, chacun retrouvait et remportait son bâton, sachant très bien s'il sera oui ou non parmi ceux qui canaliseront le darshan.
Formule de résidence et âge monastique
251 C’est au Vadivel qu’on confiait toute activité susceptible de soulever le sens du moi. Puisque le moi provient du système nerveux animal, on ne donnait rien aux autres moines qui pourrait stimuler ce sens. On calmait le moi mais on ne le réprimait pas. Pour cette raison, pour chaque allée et venue au sein du monastère et du devasthānam, c’était le Vadivel qui choisissait les membres du conseil des aînés, l’Umāgaṇeśa, le Hanumān, l’Umādeva. Pour ce faire, il se servait d’une formule simple. Il additionnait d’abord les résidents du monastère à ceux du devasthānam, puis il en soustrayait un tiers. Le nombre de bâtons restant lui indiquait combien de résidents aînés comptait le monastère. Son prochain calcul consistait à choisir la moitié de ce groupe en fonction des âges monastiques. Parmi ceux-ci, les plus avancés en âge monastique formaient le conseil des aînés. S'il y avait des ex-aequo, c’est l'âge brahmacharya qui l’emporterait. Le plus âgé serait choisi. Si cet âge ne séparait pas les deux candidats, alors on choisissait le plus âgé en âge physique. Il arrive, mais pas trop souvent, que le Vadivel calcule mal. Quand on découvrait l’erreur, on l’ignorait toujours et la considérait un acte de providence du trident divin.
La séniorité détermine les responsabilités
252 On identifie l’Umāgaṇeśa en fonction de la disposition du cercle parce que les sièges sont disposés en ordre de résidence au monastère. Le plus âgé est l’Umāgaṇeśa, le plus jeune, l’Umādeva. Celui qui se trouve à gauche de l’Umāgaṇeśa est le deuxième en résidence. Si deux candidats au poste d’Umāgaṇeśa ou autres se retrouvaient ex-aequo, l'âge monastique réglerait la question, le plus âgé étant prioritaire. Si les deux finalistes avaient aussi le même âge monastique, on prendrait en compte leurs âges de brahmacharya, puis s’il le fallait ensuite, leur âge physique.
Appliquer des tapas plutôt que d’infliger des punitions
253 Le conseil des aînés ne punissait jamais personne, bien qu'il apportait des corrections pour qu’ils s’alignent avec les śāstras qui gouvernaient notre culture. Si quelqu'un était désaccordé avec le monastère, il l’était également avec son guru et l’on recommandait au guru par l’intermédiaire de l’Umāgaṇeśa qu’on lui prescrive quelque forme de tapas. Tapas et mesures disciplinaires venaient toujours du guru. Dans son approche, le conseil gardait toujours conscience de ce fait: que chaque moine était arrivé sur cette planète dans un état de perfection, et s’il y avait trébuchement, c'était à cause d'un facteur extérieur provenant de cette planète. Ce n'était donc pas la faute du moine, il fallait simplement résoudre l’affaire. Et donc, en cas de problème, les aînés recommandaient certains types de tapas prescrits comme remèdes, et si le guru acquiesçait, le moine les appliquait et la situation se corrigeait d'elle-même.
Trois sortes de tapas dravidiens
254 Il existe trois sortes de tapas élémentaires nommés “tapas dravidiens”. S’isoler longtemps, respirer calmement et attendre que les dévas du monde astral nous guérissent et harmonisent les forces, c’était déjà une forme de tapas. Une autre forme consistait à faire de longues marches seul avec les dévas du monde astral trottant à ses côtés, tandis que le tapasvin respire consciemment, s'abstenant de penser mais se suffisant de simplement sentir les énergies du corps. La troisième forme de tapas s’appelait "la recherche du guru". On envoyait un tel moine loin du monastère pour physiquement retrouver son guru et continuer le voyage avec lui. Les gurus de notre époque se servaient de ce tapas, essayant toujours d’éviter le moine et se cachant jusqu'à ce qu'ils se laissent trouver. Ainsi, le moine voyageait-il pendant un certain temps avec son guru jusqu’à ce qu’enfin, il se retrouve seul dans un monastère.
Réunions du conseil
255 Tous les membres du conseil partageaient tous une même région de conscience. Rarement discutaient-ils de ceci ou de cela, ils se regardaient plutôt, comprenaient et signalaient leur acquiescement. Chaque membre qui veillait sur l’un des vents proclamait simplement son dire sans avoir à y penser. L’éternellement calme et humble Umāgaṇeśa guidait la réunion, et à chaque rassemblement, tout était là - le darshan était là, les problèmes étaient là, le Dieu était là, les dévas étaient là, le guru était là. Les aînés étaient étonnement unis dans leurs idées et leurs approches. Lorsqu’on prescrivait des tapas, ceux-ci venaient toujours du guru. C’était lui qui les initiait et qui les terminait, soit en personne, soit par l'intermédiaire de l’Umadeva, du Hanuman ou de leurs assistants. Il donnait d’abord ses instructions à l’Umāgaṇeśa avant la réunion. L’Umāgaṇeśa les transmettait à l'ensemble du conseil pendant la réunion, puis il détaillait la manière d’exécuter la chose - soit au conseil entier, ou bien individuellement à l’Umadeva et/ou à l’Hanumān une fois la réunion terminée et les autres membres excusés. Nous voyons donc que l’Umāgaṇeśa, dans sa sagesse et sa compassion, était le porte-parole du guru et rien de plus.
Routine simple et douce
256 Dans les grands monastères, le conseil se réunissait régulièrement, au moins quatre ou cinq fois par lune. Mais dans les petits, ils devaient se réunir longuement et chaque jour, parfois même deux fois par jour. L’Umāgaṇeśa programmait toujours les réunions sur instruction du guru, qui fixait le contenu du protocole pour chaque monastère. Ce sont les dévas ou le guru qui traitaient tous les problèmes monastiques. Sous ce protocole, seuls ceux qui pratiquaient une bonne sādhana près du mur étaient autorisés à entrer au monastère. Ainsi, la routine quotidienne était douce, simple, mais vivace, avec beaucoup d’énergie pour accomplir la mission, mais sans toutefois qu’aucune complication ou encombrement n’ait jamais lieu, malgré les nombreux nouveaux venus, et le temps ne faisait jamais défaut. Le conseil ne révisait jamais les procédés, coutumes ou routines précédemment établis, ni ne tentait de les modifier. Ce n'était pas nécessaire tellement chacun étant bien formé. Dans les grands monastères, ils se contentaient d'approuver ou de désapprouver les événements du calendrier et veillaient sur leur gestion, surtout s'ils étaient exceptionnels.
Les principales fonctions du Hanumān
257 C'est le Hanumān et son assistant qui coordonnaient les divers événements et activités ayant lieu à l’intérieur des murs du monastère et dans le devasthānam, et qui n'étaient pas chapeautés par un cadre, un artisan, brāhmin, mohan ou swāmī. Le Hanuman était toujours prêt à soutenir l’un d’entre eux là où il y avait besoin, veillant ainsi au bon déroulement de leurs tâches s'ils étaient transférés d'un monastère à l'autre. Il faisait son travail avec discrétion. Personne ne savait qui était le Hanumān, et parfois, lors d'un événement important, il formait un comité composé de quatre ou cinq Hanumāns sous sa direction, chargés chacun de coordonner ledit événement.
La façon dont l’Hanumān transmet les messages
258 L'Hanumān surveillait de près ceux qui vivaient au devasthānam et cherchaient à entrer au monastère et s’assurait avec discrétion, toujours, que tous leurs besoins étaient satisfaits. Il lui arrivait de collaborer avec l'Umādeva, et ainsi, on pouvait s’entretenir à la fois avec des groupes et, après que le groupe se soit dispersé, avec des individus. Mais bien sûr, ce faisant, ils s’assuraient de ne jamais rien initier. C’est de l'Umāgaṇeśa que provenaient ces instructions, lui qui, en sagesse, recevait ses instructions des śāstras et de notre guru.
Communiquer sans se faire connaître
259 Dans un grand monastère sivaïte, les mohans du vent d'est s'adressaient de temps à autre au monastère et traitaient de la vie monastique et des événements et activités au sein d'autres monastères. Les swāmīs du vent d'est et les brāhmins matures élucidaient la philosophie. Le Hanumān exposait aussi, ainsi que les artisans envers leurs apprentis et autres. Dans de tels monastères, il n'était pas difficile de s’exprimer tout en maintenant son anonymat. Personne ne savait qui faisait partie du conseil ni ne s’en souciait. C’est ailleurs qu’on mettait son attention et son énergie.
Repositionnement des membres du CA
260 Nos gurus sivaïtes pouvaient à leur convenance repositionner les membres du conseil. Ils n’avaient qu’à introduire quelques nouveaux sādhakas au monastère ou en retirer, ou prescrire des mahā tapas, ou encore, moyennant un autre genre de tapas, réduire l'âge monastique d'un individu à six ans. Ainsi pouvaient-ils rééquilibrer les choses au cas où l’un des aînés faisait obstacle à l’harmonie générale et à la polarisation du darshan, ou pour toute autre raison. Ces aînés étaient tellement humbles et intérieurement animés et spontanés que leurs réunions les inspiraient tous. Lors des moments précieux où le conseil siégeait, il arrivait que les autres membres du monastère ressentent la puissance du darshan et s’arrêtent de faire ce qu’ils faisaient pour méditer. Afin d’éliminer davantage de la nature animale au sein de cet illustre ordre monastique, on donnait aux moines de divers noms, sans que les individus en sachent toujours le sens, et on changeait ces noms de temps en temps, surtout pendant la période où ils vivaient près du mur.
Formation des jeunes moines
261 Le conseil s'occupait principalement de la formation des moines, et grâce au grand registre calendaire, on envoyait l’Umādeva en tournée dans le monastère à intervalles réguliers pour qu’il s’enquière auprès de l'artisan ou du novice du bon déroulement de sa formation, et qu’il puisse observer lui-même. Bien évidemment, il enquêtait toujours incognito, gentiment et avec humilité. Si la formation était insuffisante, l'artisan ou le chargé de formation serait invité à venir rencontrer les membres du conseil pour chercher des solutions. Ils savaient que les trois premières lunes après l'entrée au monastère étaient, pour le novice, les plus importantes, et que si l’on prenait alors bien soin de lui, sa vie monastique se déroulerait bien dès ce moment. L'Umādeva ou son assistant veillaient tendrement sur les novices pendant ces premières lunes, fournissant parfois des rapports quotidiens sur leur adaptation. Cependant, nous ne formions pas ni ne veillions sur les résidents du devasthānam qui cherchaient à entrer.
Orienter les nouveaux arrivants
262 Le Hanuman, ou son assistant, avait pour habitude de s'adresser à l'ensemble du monastère, comme le faisaient aussi d’autres moines. La plupart des moines qui entraient au devasthānam avaient déjà reçu une formation basique de leur famille, où ils avaient étudié et s’étaient bien préparés. On considérait que le nouveau venu pouvait être un guru ou un Dieu déguisé. Les gurus de notre époque voyageaient souvent, entrant en tant que novices dans des monastères dirigés par d'autres gurus. Ils le faisaient pour se donner le temps de travailler intérieurement et aider le guru officiant au monastère, car tous ces gurus se réunissaient en conclave intérieur dans le monde astral pour formuler et modifier leur stratégie.
Parmi les communautés avoisinantes
263 Les conseils sont également confrontés à d'autres types de problèmes. L'acquisition de terrains, par exemple, la construction de bâtiments devaient être faits sans perturber ou déranger tant soit peu l’écoulement du darshan. De nombreuses tribus se formaient à cette époque, et il fallait leur envoyer des swāmīs pour en former les chefs les plus remarquables, afin qu'ils puissent transmettre les enseignements à leurs proches. Il fallait aussi négocier les droits relatifs à l’eau, à l’agriculture et à l’exploitation de l'or, activités très importantes qui contribuaient à maintenir l’intégrité du darshan dans le temple. Les swāmīs devaient aussi faire leurs preuves envers ces communautés en montrant qu’ils étaient bien capables de gérer le monastère correctement en espérant que ceux-là viendraient auprès du mur et y absorber les enseignements que les moines dispensaient à travers les ouvertures.
Former un nouveau monastère
264 Lorsque se formaient ces monastères, le tiers le plus aîné du conseil des aînés de chacun des monastères du guru qui fondait ces monastères en devenaient les premiers résidents. Cela pouvait se produire tous les trois ou quatre ans. Cette sélection de moines donnait tout le pouvoir nécessaire à former un nouveau monastère, car ces aînés apportaient une partie du pouvoir de tous les autres monastères où ils avaient siégé. Le guru peut officier au nouveau monastère, ou le gérer à distance et n’y entrer qu’une fois qu’il est bien établi. De plus, les moines les plus anciens savaient comment faire leurs preuves auprès de la communauté environnante pendant les trois ou quatre premières années, et comment attirer de nouveaux sādhakas vers le monastère. Au bout de quatre ans, dès que le monastère était bien établi et qu’on avait fait venir des artisans d'autres monastères, ses membres seniors s’en allaient progressivement, pour que la croissance provienne des efforts des nouveaux venus.