Manuscrits lémuriens
Origines, histoire et destin de l’humanité
Satguru Sivaya Subramuniyaswami
Les Manuscrits Lémuriens proposent une cosmogonie nouvelle, surprenante et pleine de sens pour tout cherchant spirituel. Cette traduction est le résultat d'un travail collaboratif entre le monastère hindou de Kauaï, à Hawaii, et Murielle Mobengo poète et traductrice.
Chapitre 5
La Culture du Monastère
60 Vers la fin du tretā yuga, de nombreux dévas quittaient le règne animal pour revenir dans des corps humains, dotés d’un système nerveux instinctif animal. Certains d'entre nous étaient encore dans le corps originellement manifesté, manifestation qui est maintenant devenue très difficile et donc la plupart de nos corps existent depuis des milliers d'années. Il y a trois sortes d'êtres sur la Terre. Ceux qui sont dans leur corps d'originellement manifesté, les dévas [qui sont] dans des corps humains et les bêtes. Pour nous, c’est l’émergence d’une culture mi-nouvelle, mi-ancienne, en partie constituée de celle que nous avons apportée avec nous à notre arrivée. Nous vivons une époque de changement. Certains s’isolent pour plonger au plus profond d'eux-mêmes pour tâcher de stabiliser les forces de la planète, collaborant étroitement avec les Dieux. Nous avons découvert qu'être seuls était bénéfique, chose inédite pour nous, puisque nous sommes toujours en compagnie de nos semblables. Nos aînés ont développé cette pratique et ont enseigné à de nombreuses âmes avancées comment vivre seul et polariser les forces changeantes de notre temps.
Émergence de perspectives individuelles
61 Les dévas issus du règne animal ont rapidement appris la culture et la religion de notre temps dans nos monastères et nos temples. Nous en avons envoyé certains en mission pour 'enseigner la culture et la religion à d'autres âmes qui prenaient forme humaine. Pour la première fois, de petits groupes commencèrent à se former, et des philosophies et points de vue distincts apparurent parmis les dévas vivant dans des corps dotés d'un système nerveux animal : ils présentaient parfois les enseignements comme étant les leurs, ce qui a eu pour effet de développer des religions portant des noms différents. Nos prophètes nous disent qu'un jour, tous les habitants de notre planète seront dotés d'un système nerveux animal, à un degré ou à un autre.
Le groupe principal dans les corps d'origine
62 Dans le monastère, bien sûr, tous devaient être dans leur corps d'origine pour recevoir l'initiation de notre guru. Les dévas en forme humaine y venaient pour étudier, et certains étaient autorisés à prendre résidence, mais très peu car ils avaient tendance à s’attacher à nous personnellement. La chose la plus importante pour eux était d’éviter cette situation. Nous avons toujours veillé à ce que cela ne se produise pas, sinon la chose crée une force d'attraction qui nous empêche d’accomplir notre mission envers les Dieux. Lorsque quelqu'un découvrait qu'il était attaché à un autre résident du monastère, il allait le voir et les deux suppliaient le Dieu d'en être libéré. Le Dieu tranchait la substance collante qui les liait psychiquement. Cette substance était la même que le Dieu utilisait pour fabriquer son corps temporaire sur son piédestal au temple. Quand ces attaches persistaient - et il n’y a que les humains qui étaient sujets à cette affliction - elles exerçaient une telle pression sur les dignitaires du monastère qu’ils finissaient par suggérer à la personne en question d’aller faire tapas (austérités) ailleurs, en solitude, puis de revenir au monastère, ou de faire un pèlerinage vers un autre monastère. Notre guru déterminait toujours le déroulement de tapas et donnait ses instructions par l'intermédiaire du groupe de dignitaires ou directement à la personne concernée. Notre guru dirigeait toujours les sādhana et tapas.
Engagement dans les mondes intérieurs
63 Notre vie était intimement liée aux mondes subtils. Nous communiquions avec les dévas et entre nous, plutôt qu'avec les habitants des environs des monastères. Car notre devoir principal consistait à fournir l’ambiance nécessaire au maintien du darshan et de la religion à l’intérieur du système nerveux de ceux qui entouraient le temple et d’écrire nos apercus spirituels, pour illuminer la philosophie durant nos périodes de changement et donner ces écrits aux anciens de la communauté extérieure pour qu'ils les partagent avec la population ou qu’ils les enregistrent dans les bibliothèques ākāśiques. Parfois, nous accomplissions tout cela en même temps. Nos monastères étaient totalement tournés vers le spirituel pendant cette période bien que nous confectionnions aussi des bijoux en or et préparions des herbes médicinales. Ce sont les hommes aînés de la communauté environnante qui enseignaient formellement à leurs membres et non pas les moines, sauf lorsque ceux-ci parlaient aux anciens à travers le mur, comme décrit précédemment, sans que leur identité personnelle soit connue.
Choisir des moines de la communauté
64 Notre guru choisissait parmi les membres de la communauté, ceux qui, selon lui, pouvaient bien servir le monastère. C'est toujours lui qui choisissait, et la formation du candidat choisi se déroulait selon les souhaits[du guru. Les liens avec la lignée spirituelle sont encore très clairs. Notre guru savait qui habitait dans un certain corps, et c'est sur cette base qu'il fondait sa décision. La plus grande austérité pratiquée par ceux provenant de familles et entrant au monastère était celle de vivre loin de chez eux. Les familles humaines étaient très, très sereines et pacifiques. Toute l'atmosphère de la Terre à cette époque est luxuriante, calme et sublime. Elle est agréable à vivre, et les membres d'une famille étaient très proches les uns des autres, grâce à la nature animale de l'attachement. Ainsi, lorsqu'ils entrent au monastère, ils souffrent de la rupture de cet attachement, et quand celui-ci se brise, ils se sentent seuls. Ce sentiment de solitude vient aussi du monde animal par le biais du système nerveux instinctif. Mais tous savaient tout à propos du système nerveux animal, et ce savoir aidait la famille et le moine lorsque ces sentiments se manifestaient.
Une vie saine et joyeuse
65 Nous nous nourrissons une fois par jour, lorsque le soleil est haut dans le ciel. La nourriture est toujours la même, une composition chimique parfaite pour nos corps. Ceux dont le système nerveux est animal se nourrissent un peu différemment et il leur faut longtemps pour s'habituer au régime du monastère. Tous étaient suffisamment satisfaits après le repas et reconnaissants de leur nourriture. Nous étions toujours joyeux et joviaux. Souvent, deux d’entre nous captions les pensées l’un de l'autre et éclations de rire.
Tout ce que nous faisons dans ces temples est fondé sur le principe de l'élimination et de l'annihilation de nos identités personnelles. Le monastère et le temple sont tellement intégrés à notre vie quotidienne qu'il n'y a pas possibilité d’être plus remarquable qu'un autre.
Les identités personnelles interdites
66 Dans nos monastères se trouvaient de grandes âmes, et d’autres moins évoluées, mais il était presque impossible de les distinguer car les âmes plus évoluées aidaient les autres en faisant de leur mieux de leur ressembler extérieurement. Si elles rayonnaient un darshan puissant, elles tâchaient de sembler n'en avoir aucun et, de diverses manières subtiles, détournaient toute attention attirée sur elles en raison de leur épanouissement. Tout ce que nous faisons dans ces temples est fondé sur le principe de l'élimination et de l'annihilation de nos identités personnelles. Le monastère et le temple sont tellement intégrés à notre vie quotidienne qu'il n’est pas permis à l'un de nous d'être, ou de se conduire, de façon plus remarquable qu'un autre. Dans le cas où l'un des monastère-temples avait besoin de force supplémentaire - peut-être parce que quelque chose s'était produit dans les environs et que notre darshan avait été trop sollicité par le piédestal - notre guru nous envoyait une grande âme d'un autre temple, qui y avait vécu de façon constante pendant longtemps, très longtemps. Il entrait traditionnellement dans notre monastère-temple en tant qu'invité et, sans que quiconque le sache, il vivait et circulait parmi nous, se pliant à nos procédures, tout en travaillant intérieurement, répondant ainsi au grand besoin qu'il était venu combler. Parce qu'il entrait comme débutant, ses tâches étaient légères, et son moi disparaissait, puisqu'il cherchait à se qualifier pour s’intégrer définitivement à notre groupe. C’est ainsi que notre guru, lui aussi, travaillait en silence, intérieurement et discrètement.
Comment on évaluait un nouvel arrivant
67 Un nouveau venu parmi nous demandait humblement l'autorisation de vivre près du temple. Consciemment, il intensifiait sa vie spirituelle pour renforcer la nôtre, chose à laquelle on s’attendait même s'il était une âme moins évoluée. Nous l'observions en silence et intérieurement lorsque la lune devenait pleine, et encore quand elle décroissait et encore lorsque son cycle se complétait et qu’elle redevienne pleine à nouveau, jusqu'à ce qu'environ les deux tiers d'entre nous aient appris à bien le connaître. On voyait toujours ce nouveau près du mur qui délimitait le monastère, soit à l’extérieur s'il était tout nouveau, ou bien à l'intérieur du mur, s’il achevait de mêler sa contenance intérieure à celle du monastère. Parfois, il y en a beaucoup, beaucoup qui se tiennent ainsi à l'extérieur du mur pendant de longues périodes avant d'être invités à y entrer, un ou deux à la fois.
Restrictions imposées aux nouveaux arrivants
68 Les nouveaux arrivants ne participaient à aucune de nos activités sans y avoir été invités. Ils vivaient dans de petits abris près du mur et se rendaient utiles pour passer le temps lorsqu'ils n'étaient pas en transe. Pendant la journée, ils se promenaient près du mur, à l’extérieur, et parlaient avec les moines qui venaient leur rendre visite, de leurs voyages, tant intérieurs qu'extérieurs, et d'eux-mêmes. S'ils nous semblaient en tapas, on ne leur donnait rien à faire et les autorisait à poursuivre leurs pratiques. En effet, dès leur arrivée, ils expliquaient clairement à notre émissaire chargé de leur rendre visite et de les admettre les austérités qu’ils poursuivaient et quel en était le but.
Nous avions la tâche de sculpter une statue de la moitié de notre taille, et pendant ce travail, on psalmodiait certains chants et on s'adonnait à certaines pratiques méditatives.
Compétences mystiques, disciplines sacrées
69 Parfois, nos gurus nous donnaient des disciplines pour renforcer notre pouvoir de concentration, surtout pour les âmes moins évoluées, bien que de temps en temps, les plus avancées s’y adonnaient aussi. Nous avions la tâche de sculpter une statue de la moitié de notre taille, et pendant ce travail, on psalmodiait certains chants et on s'adonnait à certaines pratiques méditatives. Lorsque la statue était achevée, notre guru l'inspectait avec celui qui l'avait créée. S'il ne voyait pas en lui le changement intérieur anticipé résultant de son effort, de ses chants et de ses disciplines méditatives, il ordonnait que la statue soit détruite qu’il recommence. Quand enfin, le sculpteur avait atteint des buts intérieurs en même temps qu’il travaillait la statue, alors il entrait dans la prochaine phase qui consistait à continuer à sculpter la même statue en la maintenant en son état fini, jusqu'à ce qu'elle devienne de plus en plus petite. Tandis que cette activité se déroulait, le guru ordonnait que certaines méditations soient faites et que des chants soient chantés et de nombreuses visites de la part du Dieu et des dévas eurent lieu. Il a fallu très, très longtemps, dix à quinze années ou d’avantage, pour que la statue aille de la moitié de notre taille à son état de finition parfaite, assez petite pour tenir dans la paume de la main.
Utiliser la puissance de ce type d'ouvrages
70 La poussière provenant de cette sculpture était sacrée et on s’en servait pendant certaines cérémonies et les dernières poussières d’une statue devenue tellement petite qu'elle avait disparu s’offraient solennellement à notre guru pour marquer l'achèvement de la discipline. Certaines de ces statues demeuraient inachevées car pendant le travail de discipline, le moine devenait tellement spirituel que sa mission sur la planète était accomplie et qu’il en disparaissait pour retourner, en son corps lumineux et rayonnant, à notre planète d'origine. On considérait ces statues comme les plus sacrées et on les cachait dans des grottes montagneuses que l'on scellait. Ainsi, nous choisissions une montagne entière et l'imprégnions de puissance divine en y plaçant ces diffuseurs de darshan ci et là. Certaines de ces montagnes, tout comme le darshan qui en émane, survivront jusqu'aux quatre prochains yugas.
Écrire et communiquer
71 Nous vaquons aussi à composer des écrits, et une fois le livre terminé, on le brûle lors d'une cérémonie qui l’imprime profondément dans l'éther afin que les âmes, autant les débutantes que les plus évoluées, demeurant en d’autres temples-monastères puissent les lire. L’actualité se transmet aussi de cette façon. Ce qui nous semble intérieur ou extérieur ne font qu'un pour nous. Nos prophètes nous disent que vers la fin du dvāpara yuga, lorsque le kali yuga commencera à se faire sentir, nous ferons une forte distinction entre intérieur et extérieur. Mais maintenant, grâce au transfert de la pensée, il est facile de communiquer avec les êtres qui sont restés en notre planète d'origine, avec ceux qui nous entourent et avec ceux qui se trouvent dans des lieux reculés sur Terre. Il est difficile d'imaginer que dans le prochain yuga, nous ne pourrons plus faire une chose qui nous est tellement naturelle aujourd'hui. Nous éprouvons l'esprit total.
Utilisation de la projection de la pensée
72 Grâce à la projection de notre pensée, nous pouvons apparaître temporairement dans d'autres temples et parler avec ceux qui s'y trouvent. Cet art est réservé aux âmes les plus âgées (NB: il s’agit de l’âge de l’âme et non pas du corps, celles qui ont davantage d’expériences et donc, les plus évoluées). Nous pouvons également apparaître dans l'esprit d'un autre et transmettre des actualités. Lors de certaines cérémonies où l’on utilisait le feu, le Dieu ou un grand déva se servait de la fumée pour créer un corps temporaire et nous parler. À mesure que la fumée se dissipait, ce corps disparaissait. La plupart d'entre nous savaient tout ce qu'il fallait savoir en temps réel. Ils nous disent qu'à travers les yugas sombres, la communication deviendra plus difficile, la connaissance sera limitée, et nous avons du mal à imaginer que nous perdrons ce qui nous est tellement naturel à présent.
Les fonctions spéciales du monastère
73 Nous disposons d'une puissance extraordinaire qui circule de temple en temple et que l’on peut diriger là où il le faut. Mais, ceux qui voient l'avenir nous disent que la surface de la Terre changera et que l'on devra stocker les énergies divines avec lesquelles on collabore dans des montagnes, pour les ressortir et s’en servir à nouveau quand adviendront les prochains Sat et tretā yugas sur cette planète. Chaque monastère-temple vaquait à ses propres activités, selon le lieu où il se trouvait, souvent. Certains composaient des livres pour les bibliothèques ākāśiques. D'autres monastères travaillaient l'or. D'autres encore se spécialisaient dans la taille de pierre.