Manuscrits lémuriens
Origines, histoire et destin de l’humanité
Satguru Sivaya Subramuniyaswami
Les Manuscrits Lémuriens proposent une cosmogonie nouvelle, surprenante et pleine de sens pour tout cherchant spirituel. Cette traduction est le résultat d'un travail collaboratif entre le monastère hindou de Kauaï, à Hawaii, et Murielle Mobengo poète et traductrice.
Chapitre 16
Le Yoga du célibat
195 Les moines de cette époque suivaient de près le modèle des Lémuriens du tretā yuga en participant à l’activité générale du monastère, sans jamais pour autant mettre en avant un quelconque élément de leur personnalité, bien qu'ils recherchaient l'unité avec tous ceux qu'ils rencontraient. Ils étaient toujours conscients, comme tout Sivaite, que le grand darshan de Śiva, la force primordiale et omniprésente de cet univers et du suivant, soufflait également en tous et toutes. Ainsi, ils cherchaient l'annihilation complète du moi pour être le canal parfait de ce darshan.
Guidé depuis les coulisses
196 Ils essayaient toujours au fond de leurs propres pensées et attitudes de satisfaire leur guru et les dévas du monde astral en accomplissant toutes les tâches mondaines de façon exemplaire. En tant que moines sivaïtes, ils œuvraient strictement des coulisses de la vie extérieure, laissant toute l'activité manifeste aux pères de famille brahmachārī (célibataires) qui étaient chargés de diffuser les écritures sivaïtes, d’exposer la philosophie au profit des anciens de la communauté et pour former les jeunes avant leur entrée au monastère. Les moines, eux, écrivaient anonymement et parlaient par les ouvertures dans le mur, sans jamais s’identifier en tant qu’auteur ou orateur. Ils étaient résolus à accomplir leurs tâches et bien le faire pour aviser la population en vue de la venue imminente du kali yuga, et ils savaient parfaitement que toute expression de personnalisme irait à l’encontre du besoin d’exprimer le divin et de rendre service en ces temps difficiles, alors que les forces se transforment et que les ombres s’allongent à l'horizon d'une autre ère.
Utiliser la sagesse du célibat
197 Ils étaient bien moins conscients de l’âge de leur corps physique que de leur âge monastique qui indiquait leur capital de sagesse. À mesure que le kali yuga s’approchait, le feu de la kuṇḍalinī s'intensifiait, et il était difficile pour les foyers de maintenir l’harmonie et la sérénité qui leur étaient jusqu’alors tellement naturelles qu’ils n’étaient pas capables d’en imaginer le contraire, à cause du désir de s’accoupler constamment au cours de toutes les saisons de l’année. Bien que les bêtes continuaient de s’accoupler saisonnièrement, ce n’était pas le cas chez les humains. Astrologiquement donc, de nombreux types de personnalités se mettent à apparaître. Pour mener une vie monastique sivaïte, les moines qui s’étaient déjà accouplés durent se mettre à pratiquer la sadhana pour mater les instincts d'accouplement. Cette pratique savante, le brahmacharya, a vu le jour à la suite du retour des forces yugesques. Nous surveillions soigneusement le progrès du brahmachari et comptions le temps écoulé depuis le début de cette pratique chez l’individu. L'âge de brahmacharya se comptait plus ou moins (1) à partir du moment de son dernier accouplement et (2) où il prit consciemment la ferme décision de mettre fin à cette activité pulsante, émotionnelle et animale, et contenir dans le corps ce qu’on appelait la semence sacrée. Cette semence, lorsqu'elle était contenue, arrivait cercle après cercle à maîtriser les forces dominantes du corps émotionnel de chacun de ces moines.
Ancienneté, sagesse, humilité
198 Ceux qui étaient âgés en années monastiques, physiques et brahmachariennes faisaient preuve d’une sagesse suprême que tous les moines reconnaissaient. Mais ceux-là ne se considèrent nullement supérieurs en raison de leurs années accumulées. Ils redoublaient plutôt d’efforts, toujours "dans les coulisses", comme un parent aimant, aidant les jeunes à bien grandir.
Recherches sur le développement du corps astral
199 Ceux qui ne se sont jamais accouplés et sont des aînés en brahmacharya, en âge monastique et en âge physique, mènent actuellement des recherches extrêmement importantes. Ces Śivaïtes s'appellent brāhmin. Leurs recherches sont préparatoires au prochain kali yuga, et nous avons constaté qu'il fallait absolument calmer le système nerveux animal afin que le corps astral nouvellement apparu puisse mûrir sans entrave à mesure que le monde astral se formait autour de lui et de la planète. Cette destruction constante que causait la promiscuité endommageait ce corps. C’était comme bâtir une maison d’un côté et la démolir de l’autre, de sorte qu'elle ne deviendra jamais un refuge de paix, de contentement ou de bonheur pour l'âme.
Calmer le système nerveux
200 Ce système en cours de développement se nomme yoga. Il s’agit surtout d’une méthode propre à calmer les forces de pulsation du système nerveux animal afin que le corps astral puisse mûrir et que ses éléments les plus profonds appelés chakras, soit disques tournants, qui meuvent le corps dans les mondes astral et causal, soient réactivés en pleine mesure. Cette méthode requiert absolument le dévouement, la dévotion et la prière au Dieu personnel et à Śiva. En même temps que les Brahmans mettent cette méthode au point, ils développent une nouvelle langue qui en définira les préceptes car nos langues courantes ont peu de mots capables d’expliquer les événements contemporains et ceux qui se produiront à mesure que les humains s’enfonceront dans l’instinct plus profondément encore que les bêtes. Nos prophètes disent que cette période d’intensification des instincts que nous vivons à présent se reproduira à la fin du kali yuga, lorsque les accouplements seront abondants et que la planète sera lourdement chargée d’habitants, et que ce système de yoga conduira doucement les âmes avancées hors du marécage, en tant que hérauts du Sat Śiva Yuga.
Guérison par la bhakti et la respiration
201 À l'époque des Lémuriens, tous les va-et-vient vers les mondes subtils et les déplacements proches de la surface de notre planète se déroulaient pendant la nuit. Ce nouveau système de yoga préconise l’intériorisation, mais seulement une fois que nous avons amadoué et conquis en nous grâce à la pratique dévotionnelle les forces instinctives, processus qui se nomme bhakti yoga. C'est en s'asseyant bien droit, les jambes nouées, que l’on pratiquait la lente et fastidieuse inhibition du souffle pour nourrir le corps dans le monde astral et le guérir, car souvent celui-ci était endommagé voire déchiré sur les plans physique et astral par les accouplements. Les moines qui s’étaient accouplés souvent s’adonnaient pendant des années aux tâches les plus physiques au monastère sivaïte avant que le corps astral n'atteigne une maturité suffisante pour se contenir dans la paix et le calme de l'âme.
Les devoirs des artisans Mohan
202 Tandis que le corps subtil du monde astral se réparait, le brahmachārī devenait mohan et était autorisé à parler de philosophie et, en tant qu'artisan, à former de jeunes apprentis comme on l’avait formé, lui. Mais il ne s’adonnait à ce type d’entraînement mental et à d'autres pratiques subtiles que s'il avait obtenu l’aval de son guru, car il était important que ses états de conscience soient parfaitement synchrones avec ceux de son guru pour pouvoir remplir une telle responsabilité. Après de nombreuses années, le mohan devenait brāhmin, ayant atteint sa pleine maturité, étant guéri, et devenu le canal vivant des trois mondes. Un apprenti ne devenait artisan que s'il était transféré dans un autre monastère pour y prendre en charge un projet que personne d'autre ne pouvait gérer. Mais après avoir servi comme artisan-mohan pendant de nombreuses années, il s'installait dans le temple pour servir Śiva, les Dieux et les dévas qui s'y trouvaient.
Les devoirs sacerdotaux des brāhmins
203 Nos brāhmins sont toujours en charge des piédestaux de Śiva. Une fois devenus brahmin, les mohans y servaient en tant qu’aides, tout en ayant la charge des sanctuaires d'autres Dieux. Dès son entrée au monastère, le jeune sādhaka brāhmin commençait à aider la population animale, à préparer prasādam et à servir au temple. Ce n'est qu'après son initiation qu'il était autorisé à toucher la représentation du Dieu et à servir à toutes les cérémonies en tant qu'apprenti.
Invocation et culte en Samādhi
204 En nos temples, en ce moment, il y a deux types de cérémonies. La première est précise et invoque les Dieux et les dévas pour qu’ils nous aident en notre vie quotidienne, pour donner des connaissances et maintenir le rayonnement du darshan de Śiva. La seconde se nomme "culte en samādhi", une cérémonie très simplifiée qu’on ne faisait jamais pendant les jours de l’année où les Dieux Siva, Skanda et Ganesha faisaient pénétrer puissamment leur darshan à travers le réseau complexe que nous avons mis en place pour le disséminer. L'adoration en samādhi avait lieu lorsque le Dieu était quiet en tant que "Soi". Le prêtre faisait alors l'expérience "Soi" et c’était le meilleur moment pour cette cérémonie, quand le darshan était à peine ressenti, calme comme l’eau d’un lac où il n’y a pas de vent. L'expérience du "Soi" était plus sensible lorsque le darshan s’intériorisait (inspiration), et la cérémonie exécutée par le prêtre au ralenti, durait très longtemps. Pendant cette intériorisation du darshan, on chantait avec extrême lenteur.
Exécution parfaite de chaque tâche
205 En développant cette nouvelle science, le yoga, on s'est aperçu que les apprentis qui s’essayaient sincèrement à la méditation n’y arrivaient pas et évitaient même d’en faire l’effort quand ils n’étaient pas parfaitement obéissants en tant qu’apprentis et pas attentifs à la gestion de leurs corps physiques ni aux instructions de leur artisan. Voilà pourquoi, plus encore que ne le voulaient nos coutumes, une précision de plus en plus grande était exigée dans la pratique de toute forme d’art et de toute tâche au sein du monastère, en particulier pour le brahmachārī, car nous avons constaté que cette concentration d'énergie dans l’accomplissement parfait des tâches physiques intensifiait la brahmacharya et guérissait le corps astral plus rapidement, le menant vers l'état de mohan.
Déterminer la maturation de la brahmacharya
206 C'est le Dieu qui nous le disait lorsqu’un brahmachārī devenait mohan, car il en avait ausculté le corps astral, sa structure, sa légèreté, ses capacités, et il observait soigneusement ses allées et venues de ce corps dans les diverses zones du monde astral. Par conséquent, le perfectionnement du savoir-faire et la capacité de le transmettre à un apprenti travaillant aux côtés de son artisan ne sont que les premières des qualifications requises. Car, pour être pleinement accompli, l’artisan doit être philosophiquement adroit, jouir à la fois d’un corps mûr dans le monde astral et de la grâce de son guru pour arriver à transmettre aux apprentis ses compétences philosophiques les plus profondes, ainsi que certaines pratiques yogiques qui commençaient tout juste à être testées dans nos monastères.
Ces artisans sont toujours faciles à reconnaître, en raison de leur grande compétence, grand enthousiasme, et capacité à former les autres et à produire sur le plan physique ce qu'ils ont extrait du monde causal.
Les compétences spéciales au cœur de la culture
207 Tout comme les Lémuriens, les moines sivaïtes ont toujours été fiers de leurs compétences. Elles étaient au cœur de la culture qu’ils s’étaient dédiés à préserver. Des aptitudes mentales à la diffusion du darshan, en passant par l'accomplissement physique de base, tout est soigneusement enseigné à nos jeunes brahmachārīs et brāhmins. Pendant le kali yuga, on oubliera ces compétences, et les hommes vivront toute leur vie dans un corps qui ne fonctionnera pas correctement. Mais à mesure que se réalise le Soi et que le corps physique n’est plus nécessaire, nos compétences et notre puissance à nous concentrer sur leur acquisition nous amènent dynamiquement vers la maturité dans le monde astral et loin de cette planète. Nombre de nos artisans, mûrs dans chacun des mondes, poursuivent leur formation dans le monde causal, ordonnant des innovations dont pourra jouir la population. Ces êtres sont toujours faciles à reconnaître, en raison de leur grande compétence, grand enthousiasme, et capacité à former les autres et à produire sur le plan physique ce qu'ils ont extrait du monde causal.
Les devoirs des artisans sādhakas
208 Parfois les sādhakas étaient artisans qui avaient initié des moines en tant qu'apprentis. Dans ce cas, le sādhaka n’assurait la formation ni en comportement personnel, ni en philosophie, même s'il était parfaitement apte et qualifié dans ces domaines. En général, c'était l'artisan qui était responsable du comportement personnel et de la formation de ses apprentis. Mais pour les sādhakas qui n'étaient pas initiés, on détachait toujours un brāhmin (ou un mohan devenu brāhmin) pour les aider dans ces domaines .
La coopération entre les trois mondes
209 C’est grâce à la flexibilité de notre culture que les Dieux pouvaient encore envoyer bénédictions à l’humanité en passant par les monastères. Cette flexibilité résultait d’une coopération très étroite entre les trois mondes, les dévas des mondes intérieurs s’approchant tellement de nous qu’ils habitaient presque le monde physique, et nous, nous coopérions tellement bien avec eux tout au long de nos journées que nous habitions presque dans le monde astral plutôt que le physique. Les bénédictions des Dieux se manifestaient dans l’envoi vers tous les humains de grands rayons de lumière et de force cosmique, engendrant des nouveautés positives, l’inspiration, et l’équilibre mental. Ceci s’est fait grâce à l’existence de milliers de monastères sivaïtes qui, vers la fin de notre yuga, se trouvent de plus en plus l’unique soutien de notre culture sur laquelle la population entière dépend pour sa stabilité et la préservation de ses traditions.