Ils ont rétabli leurs forêts !
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Ils ont rétabli leurs forêts !


Comment les Népalais ont-ils fait pour reconstituer leurs forêts ? L’effort a duré des décennies et a produit des résultats étonnants. Ce fut une immense réussite, surtout dans le contexte d’un monde aux catastrophes climatiques en cascade qui se demande comment nous allons nous en sortir. Le monde a besoin de savoir comment ils s’y sont pris. Ce n’est pas un hasard que ce soit ce pays hindou et bouddhiste qui ait imaginé la solution, qui n’a pas fléchi devant l’immensité de la tâche et qui a persévéré sans perdre l’objectifs de vue ou perdre leur confiance. La philosophie que possèdent ces deux religions et qui a produit une culture millénaire qui respecte et vénère la nature, les plantes, les arbres, les bêtes et même les insectes. AUM.

Les zones vertes indiquent les terres couvertes d'arbres, d'après une analyse d'images satellites. Source : Jefferson Fox, Jamon Van Den Hoek, Kaspar Hurni, Alexander Smith et Sumeet Saksena. Par Pablo Robles.


L'article et les images qui suivent ont été publiés par le New York Times le 11 novembre 2022. Le texte à été traduit et légèrement condensé par l’équipe Cœur de l'hindouisme.


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FORÊT COMMUNAUTAIRE DE KANKALI, Népal — Un Népalais âgé de 70 ans nommé Khadga Bahadur Karki avance dans la forêt avec précaution, coupant des arbustes secs tout en faisant son chemin. Je l’accompagne. Puis, nous arrivons à un lieu où nous sommes entourés d'arbres issus de semis qu'il a plantés il y a 20 ans. Il me montre, au loin, une série de monts qui dominent la vallée de Katmandou et il me fait remarquer qu’ils sont aujourd'hui recouverts d'un dense feuillage. « Tu vois ça? C'étaient des monticules stériles de boue rouge il y a 15 ans. » Des larmes de fierté embuent ses lunettes. « Ces arbres sont mes enfants, » dit-il.

Grâce à une politique radicale adoptée par le gouvernement il y a plus de 40 ans, ce même spectacle se répète dans tout le Népal. On a remis aux communautés locales de vastes étendues de terres forestières nationales, et des millions de volontaires comme M. Karki ont été recrutés pour protéger et renouveler leurs forêts locales, un effort qui a valu les éloges d’écologistes du monde entier.

En même temps, ce succès a soulevé de nouveaux défis, dont une recrudescence de confrontations dangereuses entre humains et bêtes.

Les forêts gérées par la communauté représentent désormais plus d'un tiers du couvert forestier du Népal qui a augmenté, depuis 1988, d'environ 22 %, les forêts couvrant désormais 45 % de la superficie nationale.


Mars 2022 : les forêts communautaires de Khairahani, au Népal, verdoient et s'étendant sur plusieurs collines. Photo de Karan Deep Singh/The New York Times


« Quand les forêts étaient nationales, les gens en abusaient », déclare Jefferson Fox, chercheur principal à l’East-West Center à Honolulu. « Aujourd'hui, on entend les habitants locaux s’écrier, “ Hé là ! Défendu d’entrer !” Le résultat c’est que les arbres reviennent. » Au début des années 1980, le gouvernement n’arrivait pas à empêcher les gens de couper des arbres. Les inondations et les glissements de terrain étaient fréquents.

Un immense effort de replantation a suivi les directives nationales des annees 80. Des villageois comme M. Karki ont mis en terre des plants de palissandre et de sal sur les collines autrefois boisées et devenues arides. Ils s’organisèrent en groupes, chacun chargé de protéger les jeunes arbres à un lieu désigné et chargé d’empêcher les habitants de couper l'herbe pour nourrir leurs bêtes. II s’agit depuis de soutenir cette fragile reprise. Les forestiers communautaires sont responsables de protéger leurs forêts de la mafia du bois, des braconniers et de la nature elle-même.

À cause du réchauffement planétaire, les incendies de forêt sont une constante menace, et ce fait exige que des centaines de travailleurs locaux nettoient minutieusement les brindilles, les herbes sèches et les arbres morts, qu’ils utilisent ensuite comme bois d'allumage, aliments pour les bêtes et comme matériaux de construction. Tout excédent est vendu pour des revenus supplémentaires.



« J'ai passé une semaine dans certaines des zones boisées luxuriantes du sud du Népal, qui jusqu'à récemment étaient des ravins stériles. Et voici ce que j'ai vu dans ces forêts. » Vidéo et reportage de Karan Deep Singh.


De nombreuses forêts communautaires jouxtent des parcs nationaux, et leur renaissance a permis à des espèces végétales et animales menacées de se rétablir, dont le tigre, le rhinocéros unicorne et le gavial, un reptile crocodilien. Mais l'augmentation de la faune s'est également accompagnée d'une forte augmentation de heurts entre homme et bête sauvage. Chijamaya Sarki, 61 ans, coupait de l'herbe, un beau matin, pour nourrir le bétail lorsqu'elle fut attaquée et tuée par un tigre. Son fils endeuillé avoua qu'il n'avait d'autre choix que de continuer à fréquenter la forêt pour y couper de l'herbe, comme faisait sa mère. « On en a besoin pour vivre, » concluat-il.

Alors que la croissance des forêts est principalement le résultat de la foresterie communautaire, la migration et la diminution de la dépendance à l'égard de l'agriculture y ont également contribué. Des centaines de milliers de jeunes Népalais migrent chaque année vers d'autres pays d'Asie ou vers le golfe Persique à la recherche d'emplois stables et bien rémunérés, diminuant le nombre de travailleurs au pays. Les envois de fonds de la part de ces expatriés représentent aujourd'hui près d'un quart de la production économique du pays et ont rapporté environ 7,35 milliards de dollars en 2020.

Le changement est prononcé dans le village de Chainpur, où la forêt communautaire de Kankali est au centre de l'économie rurale. De nombreuses personnes ont abandonné l'agriculture de subsistance pour adopter des alternatives comme l'apiculture et des cultures rentables comme les fruits du dragon et les fraises.

Les forêts sont également cruciales pour les finances du gouvernement. Le Népal, l'un des plus pauvres pays d'Asie du Sud, est destiné au cours des prochaines années, à recevoir des milliards de dollars pour ses efforts vis-a-vis la conservation des forêts et la protection du climat, selon M. Ramsahaya Prasad Yadav, qui était ministre des forêts jusqu'en juillet de cette année. Le Népal s’attend à un don de 7,4 milliards de dollars d'un groupe dirigé par le gouvernement britannique pour « La croissance verte après Covid-19 » et environ 300 millions de dollars de la Norvège, des États-Unis et de la Grande-Bretagne, entre autres, pour aider à réduire les émissions mondiales.

Le gouvernement a pris des mesures pour assurer la sécurité de ces précieuses forêts, déployant même des troupes dans certains parcs nationaux pour les protéger des braconniers, et même des habitant locaux. Dans le parc national de Chitwan, dans le sud-est du Népal, entouré de forêts communautaires, plus de 8 000 soldats armés gardent une réserve faunique protégeant des tigres, des rhinocéros, des crocodiles et des léopards. Ils patrouillent 24 heures sur 24, à pied, à vélo, en bateau et à dos d'éléphant. « Il ne peut y avoir de rhinocéros sans l'armée » déclara le lieutenant-colonel Deepak Koirala, qui est déployé à Chitwan.

Le sergent Gurung, 36 ans, armé d'un fusil M-16, a déclaré que lors d'une récente patrouille, il avait été poursuivi par un tigre. « J’avais tellement peur que j'ai grimpé à un arbre » dit-il. « Nous sommes autorisés à utiliser notre arme, mais je suis ici pour protéger les animaux, pas pour les tuer. »

À quelques kilomètres de Chitwan, les 750 hectares autrefois stériles de la forêt communautaire de Kankali abritent des tigres, des cerfs et des pangolins. Les pluies, autrefois insuffisantes, sont redevenues normales.

Ce ne sont là que quelques-uns des dividendes, conclut M. Karki, le forestier communautaire, des décennies de travail accompli par lui-même et ses compatriotes. Il a commencé à planter des semis à Kankali au début des années 1990.

« Les arbres, les animaux, ce sont tous nos amis, » conclut M. Karki. « Sans eux, nous ne pouvons pas vivre. »

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On peut voir l’article originel en anglais mais il faut souscrire au journal digital.

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