Le cycle des dessins kolam
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Le cycle des kolam



On a beau connaitre l’Inde et l’hindouisme à fond, on n’a jamais fini d’en découvrir les merveilles. Considérons par exemple l’humble et étonnante coutume des kolam.

Un kolam est un motif d'inspiration géométrique tracé à même le sol, avec de la poudre de riz et des poudres de couleur, à l'entrée des maisons de l’Inde.

 

Les kolam, par tradition, se tracent avec de la farine de riz. De nos jours, on y ajoute aussi des poudres de diverses couleurs.


 

Il y a quelques années, nous (trois moines du Monastère hindou de Kauaï, à Hawaii) faisions pèlerinage à Tiruchendur, Tamil Nadu, en Inde du sud. À la première lueur du matin, nous allions chaque jour au célèbre temple à Murugan. En passant par les humbles ruelles de la ville, nous nous émerveillions de voir, au seuil de chaque maison, une dame dessinant son kolam. Elles y était toutes, tel une troupe de danseuses ou un groupe de peintres se servant, en guise de toile, du sol, de la chaussée, du trottoir, s’il y en avait un. Une ambiance de sacré s’élevait de ce parterre. C’était tout le quartier, toute la ville, qui, avant d’entamer la journée, offraient au monde et aux Dieux quelque chose de beau. On avait déjà souvent admiré les kolam d’autres villes et villages, mais jamais nous n’avions vus d’aussi beaux (et n’en avons pas vus d’aussi beaux depuis - un jugement subjectif issu peut-être de la magie du moment, de la ville, et de son temple). La concentration des dames était admirable. Elles ne nous voyaient pas passer, ne semblaient rien connaitre au monde sinon leur graphique du jour et le détail du moment.

Quelques heures plus tard, en revenant du temple par les mêmes ruelles, les dames ne sont plus là, et les dessins, refoulés par les pieds des passants, sont en voie d’effacement total.

Chaque jour à Tiruchendur, ce cycle se répétait à nos yeux. Les artistes se donnaient bien de la peine pour créer des merveilles qui allaient s’évanouir tout de suite. Mais elle recommencent tous le matins sans jamais se lasser ou y voir de l’anormal. En pensant que ce cycle des kolam se répète depuis des millénaires - dans ces mêmes ruelles et dans les innombrable villes et village de l’inde - nous redoublions d’admiration pour l’Inde et les gens de l’Inde, leurs coutumes, leur savoir et leur sagesse, leur philosophie. Le kolam, c’est la célébration du beau à l’intérieur du commun, du divin dans l’éphémère, et de notre capacité à faire ressortir l’un de l’autre, et de notre fonction et devoir de le faire ressortir journellement, éternellement. L’art est là où on le voit, et ne vit que dans l’instant. Chaque matin, les dames-artistes se rappellent cette philosophie et la donnent et la redonnent au monde sans attaches, sans regrets, la laisse couler de leurs doigts et s’en aller par le monde comme elle veut. Tout à l’heure, il n’en restera que des poudres éparpillées, souillées. Peu importe, demain on recommencera, et demain, et demain …

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