Un admirable progrès !
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Un admirable progrès !


C’est un évènement majeur pour les îles Fidji et un fabuleux exemple pour notre monde contemporain : la soudaine, surprenante et profonde réconciliation entre deux communautés ethniques et religieuses autrefois antagonistes. En 1987, un coup d’état trancha ce pays en deux. Il s’agissait de dégrader les citoyens d’origine indienne, à grande majorité hindous, en faveur des citoyens autochtones — et il y avait aussi la dimension religieuse. Les autochtones étaient, et sont toujours chrétiens, de la dénomination protestante méthodiste, et ceux-ci ne se cachaient pas de vouloir réduire cette présence païenne dans leur saint territoire. Le monde y vu une persécution religieuse. Bientôt, 40 % des indo-fidjiens avaient fui le pays qui n’était plus le leur.


Puis, soudain, au mois de mai 2023, c’est tout le contraire — un coup d’état à rebours. Cette fois on annonce qu’on regrette vivement la grave injustice infligée à la moitié des compatriotes (avant l’exode, les hindous constituaient 50% de la population) et on leur demande pardon. Par pure ironie, ce n’est autre que le chef du coup d’état de 1987 qui s’accuse lui-même et qui lance en concert avec l´Église méthodiste une émouvante et courageuse déclaration d’amour et de respect mutuel qui prévoit un fraternel et joyeux avenir pour tous les habitants du pays.


 Le révérend Ili Vunisuwai prie pour des Fidji unies tandis que le chœur méthodiste au fond écoute.

Le révérend Ili Vunisuwai prie pour des Fidji unies tandis

que le chœur méthodiste au fond écoute.


Encore plus remarquable : tout indique que ce profond changement est parvenu paisiblement, sans grandes émeutes, sans coups de feu, sans cris, sans belligérances. Si cela semble trop beau pour être vrai, SVP lisez l’article ci-dessous tiré de Hindu Press International, un bulletin numérique quotidien de la revue Hinduism Today.


On ne peut imaginer une plus belle histoire, ou un meilleur exemple pour démontrer que les bonnes ententes, les résolutions de grands problèmes et les réconciliations sont tout à fait possibles et à portée de main. Nous espérons que le monde va bien remarquer cet exemple de Fidji et qu’il se laissera inspirer à faire pareillement.


** ARTICLE **

FIDJI, 16 mai 2023 (Eurasia Review.com par Kalinga Seneviratne) :

Lors d'un service de « réconciliation et d'action de grâces » chargé d’émotion et organisé par l'Église méthodiste des Fidji, la plus grande dénomination chrétienne du pays, le président de l'Èglise, le révérend Ili Vunisuwai et le Premier ministre Sitiveni Rabuka ont présenté leurs excuses à la communauté indo-fidjienne pour les souffrances et les insultes qu'elle a dû endurer à l’époque post-indépendance des Fidji.

Ainsi fut lancée une nouvelle « ère de paix et de prospérité », selon les dirigeants politiques du pays.

La nation des îles Fidji compte près de 925 000 habitants dont un tiers sont d'origine indienne. Entre 1879 et 1916, à une époque de traite des êtres humains pour travailler dans les plantations de canne à sucre, les Britanniques amenèrent ici 60 553 Indiens. Leurs descendants sont aujourd'hui nommés « Girmitiyas », nom qui fait référence à l'accord injuste qu'ils ont dû signer après leur arrivée aux Fidji et qui les engageait à l’asservissement pendant cinq années. Après ce temps les Girmits finirent leur servitude mais n’eurent pas l’occasion de s’en retourner en Inde.

Vers les années 1980, grâce à l’éducation qu’ils se procurèrent et à leur dévouement au travail, la communauté indienne évolua — et si bien qu’ils firent leur marque aux Fidji et arrivèrent à dominer les professions et le commerce. À cette époque, ils représentaient 49% de la population. Les Fidjiens autochtones, toutefois contrôlaient la propriété foncière.

En avril 1987, pour la première fois depuis l'indépendance acquise en 1970, les Fidji élurent au pouvoir un Parti travailliste fidjien multiethnique soutenu principalement par des électeurs indo-fidjiens mais dirigé par le fidjien indigène, le dr. Timoci Bavadra. La plupart des membres du Cabinet, cependant, étaient Indo-Fidjiens.

Le 14 mai 1987, le lieutenant-colonel Sitiveni Rabuka, âgé de 39 ans et au troisième échelon de commandement des forces militaires, pris d'assaut le parlement, ordonna aux députés de quitter le bâtiment et força le gouverneur général à le nommer, lui, président du pays.

En septembre de la même année, il fit un deuxième coup d'État lorsqu'il déclara les Fidji une république (non plus fidèle à la couronne d’Angleterre). Puis, pour protéger les intérêts indigènes fidjiens, il fit de sorte qu’il força des milliers d’indo-fidjiens - et en particulier, des professionnels - à émigrer du pays, ramenant ainsi la composante indo-fidjienne de la population de 49% à environ 35%.

Ce même Rabuka, maintenant premier ministre, annonça en février 2023 que dorénavant le 15 mai deviendrait fête nationale annuelle qui se nommerait le « Jour des Girmit » pour rendre hommage aux Girmitiyas qui participèrent à la construction des Fidji modernes.

Dimanche 14 mai 2023, durant un discours émouvant de 8 minutes, ce même Rabuka - maintenant âgé de 74 ans - déclara à un public stupéfait que ce qu'il avait fait en 1987 était une grave erreur de sa part.

Il alla plus loin. Il ne parlait pas au nom du gouvernement présent, expliqua-t-il, ni au nom du peuple i-taukei (indigènes), parce que ceux-ci n'étaient nullement impliqués dans le coup d’état ; il précisa qu'il ne parlait qu’en son nom personnel et en celui des individus directement impliqués dans le coup d’état.

L'église méthodiste de Fidji, qui avait fortement soutenu les coups d’état de 1987 mais qui est aujourd'hui bien plus modérée, pris l'initiative de rapprocher les communautés chrétienne indigène et Indo-fidjienne à prédominance hindoue.

La cérémonie du 14 mai eu lieu dans un grand stade abritant à la fois la chorale de l'église et une chorale qui chantait des bhajan hindous. À la fin du service, les dirigeants des Fidji, y compris le Premier ministre, l'église méthodiste, les dirigeants politiques passés et actuels et les représentants des deux communautés ont signé la « Déclaration pour l'avenir des Fidji » jurant qu'« il n'y aura plus de coups d’état ni de divisions », et qu’au contraire ils mettraient en avant la compréhension et le respect mutuel pour construire les nouvelles Fidji.


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