Spirituel mais pas religieux | AuCœurDeL'Hindouisme
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"Je suis spirituel, mais pas religieux"

Tiré de www.hinduismtoday.com, edition web du magazine, Juillet/Août/Septembre 2017

Traduit par Kedarnathan Subramanian

Dix-neuf millions de jeunes Américains, considérés comme SMPR (Spirituel Mais Pas Religieux),  adhèrent sans le savoir à des croyances fondamentales et des pratiques similaires à l'hindouisme. 

Par Lauren Valentino, Caroline du Nord

MÊME UN SIMPLE ÉTUDIANT D'HISTOIRE peut constater une tendance à la sécularisation du monde moderne. Il y a trente ans, selon les données de l'Enquête Sociale Générale, il n’y avait que 7% des Américains qui se considéraient non-religieux. Aujourd'hui, c’en est près de 20%. En général, les chercheurs sont d’accord qu'au cours des derniers siècles, la religion a perdu de son importance dans la vie publique des pays industrialisés.

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Chant cosmique : Un adolescent fait jouer un bol chantant en faisant tourner un baton de bois sur le tour du réceptacle de bronze jusqu'à ce qu'il vibre et produise une voix musicale. (inséré droit) un élégant tatou Aum sur le bras d'un jeun SMPR. 

Ces deux tendances - le déclin de la religiosité dans a population et le déclin de l'autorité religieuse entre les États et Nations - forment ce que les sociologues appellent « la thèse de la sécularisation » : avec l'avancement inévitable de la modernité, les progrès technologiques et les découvertes scientifiques diminuent constamment l'écart entre l'explicable et l'inexplicable, laissant peu ou pas de place à l'existence de forces divines ou mystiques. Les théologiens utilisent le terme « Dieu bouche-trou » en décrivant la théorie selon laquelle les phénomènes inexpliqués fournissent la preuve de l'existence de Dieu. Le fait que certaines choses dans ce monde ne puissent pas être expliquées est la preuve de ce Divin.

Est-ce que cela veut dire que les gens abandonnent la religion en faveur de l'athéisme ? Pas vraiment. La plus récente étude Américaine sur la religion, menée par le Pew Research Center, a révélé que 89% des Américains croient en Dieu alors que seulement 3% se considèrent athées. Une proportion croissante s'identifie comme « agnostique » ou « spirituelle mais pas religieuse » (SMPR). Les chercheurs désignent ce groupe « aucuns » (sans affiliation religieuse). Ce groupe comprend désormais environ 29% des Américains. La société est moins religieuse, mais plus spirituelle.

Qu'est-ce que la spiritualité implique exactement ? Les chercheurs définissent la spiritualité comme l'ensemble des croyances qui régissent la relation d'un individu envers lui-même, envers les autres et envers Dieu. C'est la position d'une personne sur le sens de la vie, le degré de connexion aux autres êtres vivants et ses espoirs pour l'avenir.

Alors que pour les occidentaux, être religieux consiste à adhérer des doctrines et dogmes spécifiques et à participer publiquement à des institutions religieuses formelles, en orient, la religion est davantage mariée à la spiritualité. Plusieurs des personnes qui se disent « spirituelles mais pas religieuses » considèrent que les institutions religieuses, telles que les églises et les synagogues, entravent à la spiritualité plutôt que de la renforcer.

Pour les traditions religieuses abrahamiques : le christianisme, l'islam et le judaïsme, ce fossé entre la religion et la spiritualité est logique. L'histoire de ces religion est associée à la montée de vastes empires basées sur des structures de pouvoir hiérarchique complexes. Ces religions ont développé des programmes de formation complexes pour que le clergé puisse servir et superviser la foi des adeptes. Leurs textes contiennent des remontrances sur l'importance d'appartenir à une congrégation et sur les obligations à suivre pour faire parti du groupe. À la base, ce sont des religions publiques qui s'attendent à des actions et des engagements publiques de leurs membres.

Il n'est pas étonnant que les dirigeants religieux abrahamiques aient tendance à se méfier de la tendance SMPR. Michael Horton, créateur du « White Horse Inn » un magasine chrétien en ligne populaire, met ses confrères chrétiens en garde : « C'est pas bon d'être trop spirituel. Vous êtes un idolâtre. Cette personne bien précise, Jésus de Nazareth, est Dieu dans la chair. Les choses ne sont pas toutes spirituelles. Le cosmos n'est pas sacré. Les choses ne sont pas tous saintes, tout n'est pas spirituel, tout n'est pas sacré. »

En revanche, dans les croyances dharmiques, il y a peu de division entre la religion et la spiritualité. Ces religions ont une hiérarchie organisationnelle relativement horizontale. Ils voient l'illumination comme un voyage spirituel personnel qui ne nécessite pas de clergé. Être un bon bouddhiste, hindou, jain ou sikh n'exige pas de fréquenter des services religieux réguliers, d'appartenir à une congrégation ou de faire don d'une partie de son revenu à la foi. Les traditions dharmiques sont davantage structurées pour donner la priorité aux progrès spirituels individuels que de générer des engagements publics envers l'identité religieuse.

L'Occident a vue naître de plus en plus d'intérêt pour les croyances et les pratiques religieuses Dharmiques. En 2009, un éditorial de NEWSWEEK A proclamé : « Nous sommes tous Hindous maintenant » . L'auteur, Lisa Miller, a affirmé que les Américains deviennent progressivement plus hindous en raison de la monté du pluralisme religieux (que les religions multiples peuvent conduire à la vérité éternelle). Elle a observé qu'aujourd'hui, beaucoup d'Américains croient en la réincarnation et incinèrent leur morts. L'intuition de Miller m'a mené à vouloir en savoir plus. En tant que sociologue, je me suis demandé : dans quelle mesure pouvons-nous caractériser la population « spirituelle mais non religieuse » , comme étant essentiellement dharmique dans ses pratiques et ses croyances ? Par ailleurs, à quel point est-ce que les personnes SMPR sont conscientes que ce qu'elles pratiquent est fondamentalement d'origine et de nature dharmique ?

À la recherche de données

 

Pour répondre à ces questions, je me suis tournée vers l'Étude nationale de la jeunesse et de la religion - qui offre les données les plus complètes disponibles au sujet des points de vue religieux des jeunes Américains. Il s'agit d'une enquête représentative à l'échelle nationale auprès des jeunes de 23 à 29 ans, contenant des entretiens approfondis avec un sous-ensemble des personnes ayant répondu au sondage. Les données ont été recueillies en 2012 par un groupe de chercheurs de l'Université de Caroline du Nord, de l'Université Notre Dame et de plusieurs autres universités de haut rang à travers le pays. À l'aide de cet ensemble unique de donnés, j'ai examiné la prévalence de la tendance du SMPR, les similitudes entre les points de vue et les pratiques du SMPR et ceux des praticiens de la foi Dharmic et le degré auquel ces jeunes reconnaissent ces similitudes.

J'ai constaté que 62% des jeunes aux États-Unis se considéraient comme « spirituels mais pas religieux » d'une manière ou d'une autre; 25% de ces jeunes ont rejeté les points de vue explicitement Abrahamiques : ils ne croient pas que Jésus est le fils de Dieu, ni au fait qu'il y aurait un jour du jugement dernirer lorsque Dieu punira certains et en récompensera d'autres. Mais à quel point est-ce que ces 25% de jeunes spirituels sont ils Dharmiques dans leurs croyances et leurs pratiques?

Il est difficile de définir les points de vue d'une religion. L'hindouisme en particulier est de nature hétérogène. Toutefois, les croyances Hindoues de base incluent l'interconnectivité de l'univers, la nature cyclique de la vie et l'omniprésence du Divin. Toutes les religions Dharmiques enseignent qu'il existe de nombreux chemins vers la vérité et qu'aucune religion ne détient le monopole de cette vérité. Entre autre, elles encouragent toutes les gens à se préoccuper des autres êtres vivants, à minimiser les dommages causés aux autres et à le faire de manière désintéressée, sans aucune attente de récompense.

Les données ont clairement montré que la majorité de ces jeunes spirituels adhèrent aux points de vue dharmiques concernant l'influence des étoiles et des planètes sur le destin des individus (56%) et l'existence de la réincarnation (76%). Plusieurs croient que Dieu est semblable à force de vie cosmique (44%) ou un être personnel (12%). La plupart des jeunes SMNR ont également une vision Dharmique au sujet du rôle de la religion: ils ne croient pas au prosélytisme (82%), ils sont religieusement tolérants envers les autres religions (88%) et ils pensent qu'il est bon d'intégrer des opinions religieuses diverses à sa pratique spirituelle personnelle (80%).

La grande majorité disent se sentir concernés personnellement par l'égalité entre les groupes ethniques (86%), les besoins des personnes âgées (88%) et les besoins des pauvres (82%). Cette préoccupation démontre une compréhension intuitive du principe Dharmique du karma, la loi universelle dont les actions, les pensées et les intentions d'une personne finiront par lui revenir d'une manière ou d'une autre. Soixante-sept pour cent des SMNR ont déclaré avoir déjà fait du service communautaire ou du bénévolat, appelé Seva dans les religions Dharmiques.

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Pouvoirs sacrés : Un jeun aspirant presse ses main ensemble en introspection, son corps couvert de symbols significatifs. 

Une proportion non négligeable de ces jeunes a déclaré avoir déjà pratiqué explicitement des techniques spirituelles Dharmiques.Trente et un pourcent disent essayer d'inclure des pratiques bouddhistes, hindoues, zen ou autres pratiques asiatiques à leur spiritualité. Vingt-sept pour cent ont déclaré pratiquer la méditation.Onze pour cent ont déjà jeûné ou pratiqué l'abnégation en tant que discipline spirituelle.

Admettant que le groupe sélectionné par les chercheurs est bien représentatif à l'échelle nationale pour étudier et appliquer les résultats de cette étude à toute la population américaine des millénium (personnes nées entre 1982 et 2004, âgés de 13 à 35 ans), environ 75 millions de personnes aujourd'hui, nous pouvons estimer que 19 millions de jeunes ont des points de vue spirituelles dharmiques et s'engagent dans des pratiques spirituelles Dharmiques.

Prenons un moment pour redéfinir la sécularisation à notre manière. Pourrions-nous dire que c'est un mouvement qui s'éloigne des institutions religieuses abrahamiques et qui se rapproche du mode de vie Dharmique? C'est ce que semblent dire ces statistiques sur les pratiques et croyances spirituelles. Cependant, selon Pew, moins de 2% des Américains s'identifient à une religion dharmique, telles que l'hindouisme ou le bouddhisme. Je me suis demandé de quelle manière ces jeunes gens spirituels se considèrent à leurs propres yeux. Reconnaissent-ils qu'un grand nombre de leurs croyances et pratiques sont dérivées de textes et de traditions Dharmiques millénaires? Se rendent-ils compte que leur propre vie spirituelle ressemble beaucoup à celle des hindous, des bouddhistes, des jains et des sikhs au tour du monde?

Les SMPR s'expriment

Pour répondre à ces questions, j'ai analysé la deuxième partie des données de l'Étude nationale de la jeunesse et de la religion: les entretiens. Ici, j'ai pu voir de quelle manière ces jeunes Américains pensent et s'expriment au sujet de leurs pratiques et croyances spirituelles.

Bien que la plupart ne reconnaissent pas la source de leurs croyances et de leurs pratiques, ces jeunes ont décrit leur propre vie spirituelle comme remplie de pratiques qui sont, en fait, profondément dharmiques. Une jeune femme vivant dans une maison mobile en campagne avec son conjoint de fait et deux jeunes enfants pratiquent la méditation et la pleine conscience sur une base quotidienne, et rapporte que ces pratique l'ont guérie de l'anxiété et des attaques de panique. Une autre femme, qui travaille dans les énergies renouvelables, fait du yoga comme pratique spirituelle et chante régulièrement un mantra sanskrit en utilisant un mala. Un homme réfléchi qui va à l'école et travail comme barman à temps partiel dit qu'il aime lire des textes hindous comme le   Mahabharata .Un jeune massothérapeute lit la philosophie tantrique dans son temps libre. Une femme hispanique qui a grandit dans une famille catholique est instructeure de yoga et envisage de poursuivre une carrière en médecine ayurvédique.

Les croyances que ces jeunes chérissent sont le cœur même de l'hindouisme. Plusieurs disent explicitement qu'ils croient au karma, au dharma, à la réincarnation ou à la seva. Une chef cuisinière qui a quitté l'église après avoir fait son coming out en tant que lesbienne a partagé que son système de croyance se concentre au tour de la notion du karma, ce qui pour elle signifie «qu'en faisant de bonnes choses pour les autres, de bonnes choses viendront généralement à vous». Une femme travaillante qui vient de terminer sa formation de médecine exprime que son but dans la vie est de trouver le bonheur et d'aider les autres à trouver le leur. Bien qu'elle n'utilise pas le terme   Dharma , elle reconnaît l'avoir adopté comme objectif de vie après avoir lu les écrits du dalaï-lama.Une danseuse professionnelle articule sa croyance en la réincarnation comme un moyen pour notre esprit de continuer à apprendre à partir de là où nous avons quitté dans la dernière vie. Un jeune homme qui vit dans le centre-ville et travaille à la manutention de marchandises à l'aéroport dit être dédié à un service désintéressé et que son modèle spirituel est Gandhi.

J'ai également remarqué que plusieurs de ces jeunes ont dit aspirer faire partie d'une communauté d'individus qui voient les choses comme eux et qui partagent leur pratiques et de croyances. La massothérapeute qui lit du tantra dit être activement à la recherche d'une communauté qui privilégie la spiritualité dans tous les aspects de la vie. Un artiste indépendant veut enseigner à ses futurs enfants à pratiquer la pleine conscience et la méditation. Un vendeur d'assurance qui a été élevé catholique mais médite régulièrement a déclaré qu'il s'ennuyait des rituels, de la tradition et de la culture que la religion lui apportait quand il était plus jeune. Un jeune homme qui pratique ce qu'il qualifie de spiritualité amérindienne / bouddhiste / zen exprime qu'il aimerait s'impliquer avec des gens qui ont des points de vue similaires aux siens si seulement il pouvait trouver un tel groupe dans sa région.

En dépit de leurs opinions religieuses souvent dharmiques, ces jeunes ne se disent généralement pas bouddhistes, hindous, jains ou sikhs. Seulement 8,7% des personnes interrogées se disent hindoues ou bouddhistes. Le reste se dit «agnostique», «athée», «Wiccan», «culturellement catholique», «Lutheran», «spirituel», «spirituel, mais pas religieux», «chrétien» et «Nouvel âge». En fait, la plupart décrivent leur points de vue comme étant «Orientaux», «Nouvel age» ou «hippie».Ils semblent ignorer que les concepts de karma et de réincarnation et que les pratiques de la méditation et du yoga proviennent de l'hindouisme. Un jeune et intense analyste financier affirme qu'il considère sa pratique régulire du yoga comme une pratique religieuse car elle aide son esprit conscient à parler au reste de son corps. Pourtant, plus tard dans l'interview, il dit: «Je ne connais rien de l'hindouisme». Il ignore totalement l'histoire riche du yoga en tant que pratique hindoue.

Cette ignorance est compréhensible: la plupart des personnes interviewées ont découvert ces croyances et ces pratiques dans des contextes qui ne les ont pas attribués à l'hindouisme. Cinq sources d'apprentissage principales ont été identifiées dans l'étude: l'école, le travail, les cours de yoga, les livres et les pratiquants hindous ou bouddhistes. En général, ceux qui ont été exposés durant leur scolarité l'ont été parce qu'ils ont pris un cours sur la religion ou da philosophie au collège ou au secondaire. Quelques-uns ont également appris des techniques de méditation dans des centres de traitement et de réadaptation pour les dépendances.

Il y a ensuite ceux qui travaillent dans des endroits où l'on donne une importance explicite au bienêtre, et à la santé de l'esprit et du corps. Par exemple, la clinique où travaille la jeune massothérapeute est décorée de statues de Bouddha et chaque pièce porte le nom d'une divinité différente; Un autre interviewé a été élevé musulman mais a travaillé pendant un certain temps dans un centre de santé holistique où on enseigne des rituels spirituels tels que le reiki et le yoga. En fait, un grand nombre de personnes interrogées ont été exposées à travers le yoga. L'interviewé qui travaille comme instructeur de yoga a dû lire les Sutras du Yoga dans le cadre de sa formation.Elle a également acheté une copie de la   Bhagavad Gita,   qu'elle envisage commencer à étudier bientôt.Certaines des personnes interviewées ont découvert les idées et pratiques Dharmiques à travers les livres, à la fois de fiction et de non-fiction. Par exemple, un jeune homme qui fabrique des étagères dans une épicerie a déclaré que le livre "The Dharma Bums" par Jack Kerouac était une influence importante sur sa vison du monde.Il est notable de souligner que très peu des personnes interrogées on été mis en contact avec les visions Dharmiques par une personne pratiquant de la religion elle-même. La plupart, en fait, ne pense pas connaître quelqu'un qui pratique une religion dharmique, et ceux qui ont dit connaître quelqu'un mentionnaient généralement par la suite qu'il s'agissait d'un ami ou un membre de la famille qui s'était intéressé bouddhisme pendant un moment.

 

Ignorance au sujet du Dharma

Qu'est-ce qui fait que malgré la forte ressemblance entre leur opinions religieuses et celles de l'hindouisme très peu de ces jeunes se disent Hindou (ou bouddhistes ou jains ou sikhs) ?  Les données des interview nous donnent un aperçu fascinant de ce dilemme.

La réponse la plus évidente ici est que ces jeunes SMPR ne connaissent tout simplement pas les religions Dharmiques. L'ignorance est effectivement une pièce importante du puzzle. Même parmi les jeunes aspirants spirituels dans ces entrevues, la grande majorité n'étaient tout simplement pas familière avec l'hindouisme et les autres religions dharmiques. Comme je l'ai démontré, la plupart ont été exposés à des éléments de cette tradition, pas dans le contexte de l'hindouisme ou du bouddhisme, mais plutôt par la pratique décousue de la méditation ou le concept isolé du dharma. Ces personnes interrogées ont peu ou pas de contact dans leur quotidien avec des gens qui pratique la voie Dharmique. Les croyances Dharmiques ne leur sont tout simplement pas exposées comment le contexte et la source des croyances et pratiques qu'ils ont adoptées.

L'ignorance que j'ai remarquée parmi les personnes interrogées correspond à l'exposition des Américains à d'autres religions en général. Une autre étude de Pew a révélé que, parmi tous les groupes religieux, c'est l'Hindouisme que les Américains connaissent le moins, suivis de près par le bouddhisme. Seulement 22% des Américains disent connaître quelqu'un qui est hindou, alors que 61% des Américains déclarent connaître quelqu'un qui est juif (même si les Juifs ne représentent que 1,9% de la population!). Puisque la plupart des interviewés ne connaissent pas d'Hindou ou de Bouddhiste, ils n'ont aucun moyen de savoir qu'ils partagent tant de croyances et de pratiques fondamentales avec les Hindous et les Bouddhistes du monde entier.

Qu'est-ce qui est entrain d'arriver à la Religion ?

Bien qu'elle soit rendu très répandue, la tendance SMPR demeure une sorte de secret de Polichinelle.Ceux qui sont touchés savent bien ce qui se passe: les ministres, les prêtres, les rabbins, les polémiques et les millénium eux-mêmes (même si ceux-ci n'ont pas donné de nom à leur propre mouvement).

Fondamentalement, les millénium (et les générations suivantes) ne remplissent plus les bancs, les temples et les synagogues. Ils ne font pas confiance aux religions organisées, et ne sentent pas qu'elles répondent à leurs besoins spirituels intérieurs. Qu'est-ce qui les a amenés à être désabusés? Certains ont été blessés ou irrités par le traitement de leur religion envers les autres, certains parlent du manque d'acceptation de la religion ou même de ses comportements abusifs. D'autres considèrent inacceptable la discorde entre les religions et y voient une grande source de souffrances humaines. Certains ressentent une interconnexion dans l'univers, une unité que les religions occidentales n'enseignent pas normalement. Certains sont rebutés par la pression à se convertir ou les sermons qui clament qu'il n'y a qu' «un seul chemin». Ils aimeraient que les religions coopèrent au lieu de se faire la guerre.

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Alors ils se retirent et cherchent plutôt Dieu dans la beauté de la nature, dans le yoga, dans l'animisme, dans les rites païens, dans le spiritualisme et l'unité avec la nature et dans les pratiques amérindiennes. Ils se réfugient dans un mélange d'enseignements issus de diverses croyances, ou bien de mystiques et de professeurs de méditation. Ils remplissent les studios de yoga du monde entier.

Alors que les partisans du SMPR fuient toute hiérarchie et toute doctrine formelle, ils sont tout de même intéressés par les sujet de l'esprit, de la conscience supérieure et de la philosophie. Contrairement à ce que plusieurs croient, ils ne sont ni athées ni agnostiques. En fait, en tant que groupe, ils sont plus impliqués dans l'effort spirituel personnel que la plupart des gens qui sont encore sur la liste de membres de l'église. Ils aiment pouvoir choisir parmi plusieurs options métaphysiques, ils considèrent les croyances traditionnelles trop étroites, trop dogmatiques et moins inclusives qu'ils ne le sont eux-même. Ils sont entrain de modifier avec puissance le visage religieux de l'Amérique.

Mais on ne peut pas simplement s'attendre à ce que les jeunes SMPR s'informent sur le bouddhisme et l'hindouisme et prennent l'initiative d'aller à la rencontre de gens qui pratique une voie Dharmique ou d'aller chercher des informations sur ces religions mêmes. D'une part, ces religions restent pour plusieurs des «inconnues inconnues». C'est-à-dire qu'elles restent dans le domaine des choses que ces jeunes ne savent pas qu'ils ne connaissent pas. Mais plus important encore, les entretiens avec ces jeunes aspirants spirituels montrent que tout ce qu'ils ont appris au sujet de la religion, la foi et la spiritualité les empêchent d'aller à la rencontre des religions dharmiques comme réponse à leurs aspirations.

Toute leurs expériences en lien avec la religion a été Abrahamic, ils croient que la religion   doit être une affaire très publique, encline à la corruption et souvent imposée aux autres: un système de croyances rigides, même intolérantes, fondamentalement anti-scientifiques et donc décalé de la vie moderne. Lorsque les SMPR pensent à la religion, ce qui leur vient à l'esprit sont des caractéristiques explicites ou implicites des religions chrétienne, musulmane ou juive.

En conséquence, ils font une forte distinction entre religion et spiritualité. En fait, ils décrivent la spiritualité comme étant diamétralement opposée à leur notion abrahamiques de religion.Pour eux, la religion est publique, la spiritualité est privée.  La Religion   implique de voir les choses en noir et blanc alors que la spiritualité implique une volonté de s'engager dans les zones grises de la vie.La religion est intolérante envers les autres religions; La spiritualité permet aux aspirants d'intégrer tous les outils, les techniques ou les textes d'autres croyances qu'ils puissent trouver utiles à leur cheminement.

Cette conception austère de la religion en comparaison à la spiritualité peut aussi expliquer en partie le mouvement de désengagement de l'hindouisme chez les jeunes hindous des États-Unis. Une étude de Peel de 2014 a révélé que 20% des personnes qui ont été élevé Hindou hindoues finissent par quitter la religion. Pourraient-ils être identifiés comme spirituel, mais pas religieux, en raison du manque de connaissances sur les différences entre l'hindouisme et les religions abrahamiques? En tant que chercheuse associée sur "La vie Hindoue" à l'Université Duke, j'ai récemment mené un sondage auprès des jeunes étudiants hindous pour tenter de répondre à cette question. J'ai découvert que les trois quarts se considéraient comme spirituels, mais pas religieux. En outre, cette tendance était plus forte chez les diplômés nés aux États-Unis.

Cela suggère que la dichotomie entre la religion et la spiritualité s'absorbe inconsciemment lorsque l'on grandit aux États-Unis, principalement dominé par la chrétienté. Par contre, en Inde, le plus récent recensement indique que seulement 0,1% de la population dit ne pas être religieux. Toutes les preuves scientifiques suggèrent que la tendance du SMPR - du moins au moment présent - est un phénomène proprement américain.

 

La forte séparation entre la religion et la spiritualité - dans l'esprit des jeunes américains - s'applique aux croyances abrahamiques, mais n'a aucun sens dans le contexte des religions dharmiques de nature plus spirituelle. Ainsi, pour plusieurs de ces jeunes du SBNR, l'opposition à la religion n'est pas un rejet de la religion. Ce que plusieurs de ces jeunes ne comprennent pas encore, c'est qu'ils s'opposent à ces religions qui n'incitent pas la spiritualité qu'ils pratiquent et en laquelle ils croient. Ils ne savent pas encore que leur compréhension spirituelle est essentiellement dharmique.

Un moment avec Eddie Stern

MON NOM EST EDDIE STERN. JE SUIS   Le directeur d'une école de yoga appelée Ashtanga Yoga à New York.J'ai également créé un nouvel emplacement appelé Brooklyn Yoga Club, et j'ai fondé le temple de Broome Street Ganesha en 2001, qui est un temple traditionnel de l'Inde du Sud. J'ai étudié en Inde sous le maître Mysore Pattabhi Jois pendant environ 18 ans.

Alors que je suis une personne très religieuse, je m'identifie encore comme étant de culture juive.J'imagine que mon   Adhikara, mon affinité profonde, est la dévotion dans la tradition Hindoue.Je ne me considère pas hindou. Je n'ai aucune bonne raison de l'être. Je suis hindou en pratique, mais de naissance je suis juif. Je n'ai jamais voulu renoncer à cette partie de mon héritage culturel parce que j'adore mes parents et mes grands-parents et que mes origines me song chères. Je ne vois aucune contradiction entre ma pratique et mon milieu familial. Je permets aux deux d'exister, de la même manière que le paradoxe du monde dans lequel nous vivons.

Par contre, si je vais à la synagogue, les lieux et la pratique ne me rejoignent pas de la même manière que la dévotion pour Ganesh. Quand je fais mon rituel le matin, j'ai l'impression d'avoir touché l'aspect le plus important de mon être, et maintenant je suis prêt à faire ma pratique du yoga ou quoi que ce soit d'autre. Il y a dans ce rituel quelque chose d'invisible qui épanche ma soif intérieure de connexion avec ce qui ne peut être vu mais qui semble tout diriger.

Yogi New Yorkais: Eddie Stern devant l'autel de Ganesha a Brooklyn. Quoi qu'il n'est pas SMPR, il a partagé ses opinions sur le mouvement avec  HINDUISM TODAY.

 

Je pense que beaucoup de gens ont été déçus par la religion institutionnalisée, particulièrement en Occident, . Ils n'y ont pas trouvé les réponses qu'ils cherchaient, et on ne leur a pas donné la structure qui répond à leur besoin intérieur de croissance. Ils vont se dirigent alors quelque chose comme le yoga, ou bien ils sont attirés par la méditation, et ils estiment que cela répond à leur besoin de comprendre qui ils sont et donne du sens à la vie. Les églises le leur apportent pas cela.

Je pense qu'il est tout à fait valable de dire que l'état de religion d'aujourd'hui ne reflète pas l'état de religion sous sa forme plus ancienne ou l'état pré-religieux. Si une personne est à la recherche de la spiritualité, elle recherchent peut-être cette étincelle initiale qui a conduit les chercheurs spirituels à chercher en premier lieu, et lorsqu'elle réalise que leurs découvertes ont étés codifiées, mis en boîte et monétisée, elle n'est pas satisfaite.

Je pense que nos pratiques devraient générer une énergie vraiment positive, aimante, puissante, sacrée et mystérieuse qui attire les gens afin qu'ils ressentent ce, "Ahh, c'est là que je veux être". Quelle est la valeur de la spiritualité si elle est séparée de la présence divine ? La présence divine peut être représentée de nombreuses manières. Elle peut être représentée par Shiva, par Ganesha, par la vie; elle sera représentée par un symbole, et ces symboles sera en fin de compte les choses autour desquelles les religions se forment. Je ne peux donc pas vraiment séparer les deux.

Le yoga a pris vie pour moi dans les temples du sud de l'Inde. Quand je voyageais avec mon gourou, nous allions de temple en temple, nous restions quelques jours, méditions, pratiquions et chantions dans les coins arrière de Madhurai ou Srirangam ou ailleurs. C'est là que ça a pris forme, et j'ai voulu apporter ça à New York. 

Un artiste illustre la découverte de la nature Divine, le jeune aspirant regardant dans les yeux de Dieu. 

Alors, comment franchir cette forte et fausse dichotomie dans laquelle la religion et la spiritualité sont fondamentalement opposées dans l'esprits des jeunes Américains? Un telle changement nécessiterait que les croyances Dharmiques fassent une intervention majeure dans la perception publique. La recherche suggère clairement que les gens ont un besoin profond d'être éduquès sur le bouddhisme, l'hindouisme, le jainisme et le sikhisme. C'est seulement à ce moment là que les gens commenceront à changer leur vision de tout le concept de religion. Ensuite, les traditions Dharmiques peuvent aller d'un «inconnu inconnu» à un «inconnu connu», et, idéalement, à un «connu».

Selon ce que j'ai découvert dans ces analyses, il semble que le bouddhisme soit sur la bonne voie. Le fait que certains des jeunes interrogés se réfère à une croyance ou à une pratique dharmique comme «bouddhiste» suggère que les gens commencent peut-être à se familiariser avec cette religion. En outre, le peu de familiarité qu'ils ont avec le bouddhisme a semé les graines pour qu'ils questionnent la nécessité de séparer la religion et la spiritualité.

Comment pouvons-nous éduquer le monde?

 

Nous avons besoin de représentations visibles et familières des croyances Dharmiques et de leurs pratiquants. Par rapport aux autres religions, l'hindouisme et le bouddhisme sont largement sous-représentés sur les écrans américains. Selon la Base de données de films Internet (IMDb), une base de données en ligne complète sur la télévision et le cinéma, il y a 2 178 spectacles ou films mettant en vedette le christianisme, 1 200 avec le judaïsme et 893 mettant en vedette l'islam. En revanche, il n'y a que 419 spectacles ou films mettant en vedette le bouddhisme et un faible 260 mettant en vedette l'hindouisme. Comme la voie Dharmique est largement absente du paysage médiatique américain, il est peu probable que les gens qui ne grandissent pas dans un ménage hindou ou bouddhiste aient jamais une compréhension exacte de l'une ou l'autre de ces religions, et encore moins du Jainisme ou du Sikhisme.

Nous pouvons utiliser les points d'entrée connus de l'école, du travail, du yoga et des livres pour fournir un contexte important pour l'enseignement des pratiques et croyances hindoues. Des progrès ont déjà été faits: quelques universités américaines, comme la mienne, ont créé un poste d'aumônier hindou. Ces aumôniers coordonnent les événements pour les hindous sur le campus et travaillent également à faire connaître l'hindouisme aux membres de la communauté collégiale.

Dans l'état actuel des choses, nous ne savons tout simplement pas ce que la plupart des gens comprennent au sujet des religions dharmiques, il est donc difficile de savoir par où commencer pour éduquer la population américaine.Comme les Juifs, les Musulmans et les autres groupes religieux minoritaires des États-Unis, les Hindous devraient s'unir pour financer des études de recherche originales pour comprendre la sociologie de l'Hindouisme en Amérique du point de vue Dharmique.

Les meilleures données que nous avons actuellement sur la tendance SMPR suggèrent que les croyances et les pratiques Dharmiques sont répandues parmi les 19 millions d'Américains qui se considèrent comme spirituels mais pas religieux. Ces jeunes croient en la réincarnation, le samsara, l'ahimsa, le karma et le dharma. Ils se livrent à la seva; Ils pratiquent le yoga et le vipasana; Ils chantent des mantras sanskrits sur des mala; Ils méditent régulièrement; Ils ont lu la   Bhagavad Gita , le Mahabharata , les Sutras du Yoga et les textes bouddhistes tantriques.

 

Ces jeunes tracent une ligne distincte entre la religion et la spiritualité parce que, surtout en Occident, ils associent la religion aux croyances abrahamiques. En raison de cette compréhension limitée, ces jeunes aspirants ne se rapportent pas aux religions dharmiques en tant que ressource pour leur quête spirituelle.

Favoriser la croissance de la spiritualité en Occident signifie franchir les barrières de l'ignorance, de la peur et des préjugés entourant les religions Dharmiques. Cela veut dire qu'il faut enseigner aux jeunes spirituels, mais pas religieux de l'Amérique à transcender les limites de leur compréhension actuelle de la religion. Même les jeunes hindous américains, les bouddhistes, les sikhs et les jains, grandissant dans une société matérialiste, ont tendance à être mal éduqués au sujet de leur propre religion. Ainsi, ces jeunes, eux aussi, bénéficieront de nos efforts. Grâce à l'éducation, nous pouvons aider tous les Américains à comprendre qu'il n'est pas nécessaire d'opposer la religion à la spiritualité, ni d'opposer la religion et la science, et que d'être religieux ne veut pas dire être fanatique ou fondamentaliste. Au lieu de cela, nous pouvons leur montrer que, pour ceux qui pratique une voie Dharmique, la religion est une voie noble et authentique pour la quête de la spiritualité. Avec quelques initiatives stratégiques, nous pouvons ouvrir les portes menant à l'illumination pour tout aspirant.

Lauren Valentino est sociologue à l'Université Duke de Durham, en Caroline du Nord. Vous pouvez suivre son travail sur la science et la spiritualité au   www.amolandlaurenyadav.com

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