Cet évènement céleste annuel affecte tous les humains, qu’ils s’en rendent compte ou non. Dans l’article qui suit, Vandana Nathoo, une pratiquante sivaïte île-mauricienne, nous donne un tout petit aperçu de la façon dont ce jour, et la nouvelle année et tout ce qu’elle voudrait bien nous apporter sont accueillis et célébrés dans les diverses communautés de l’Inde et de pays alentour. Cela peut paraitre curieux que ce soit de ce pays insulaire au sud de l’océan Indien que nous vienne des aperçus sur l’Inde et ses pratiques. Mais cela ne devrait pas surprendre. L’île Maurice est un lieu et une communauté unique au monde. D’abord, elle n’est pas un pays colonisé dans le sens qu’il n’y a pas de Mauriciens autochtones. À l’origine cette île était sans habitants. Il n’y a pas un peuple qui puisse dire « ce pays m’appartenait à l’origine. » Les Mauriciens proviennent de tous les cinq continents, de toutes les régions et dénominations de l’inde et de toutes les religions majeures du monde. l’île Maurice est un microsome du monde entier. Et on le considère comme un modèle de pluralisme réussi, d’entente cordiale intercommunautaire et interreligieuse. En plus, les habitants sont presque tous très pieux, quelle que soit leur foi. Et toutes les communautés hindoues préservent diligemment leurs cultures. Culturellement, c’est une petite partie de l’Inde projetée en ce recoin de l’océan Indien. Donc, il est tout a fait propice de voir et de comprendre l’Inde et l'hindouisme en contemplant ce reflet fidèle.
Le nouvel an d’avril, une fête universelle
par Vandana Nathoo, île Maurice
Dans les annales de l'astrologie et de l'astronomie orientales se trouvent certaines configurations qui annoncent des jours quand pointent certaines forces. Un tel moment nous arrivera le 14 avril 2024. Le « nouvel an », un jour de l’année tellement marquant qu’il se fête partout en Inde, au Sri Lanka, et dans d’autres pays avoisinants, à quelques jours d’écart quand même à cause de diverses exigences lunaires locales. Ce sera le puissant renouveau que chaque région étreint avec enthousiasme et à sa manière.
Ce moment de renouvellement sera en même temps l’occasion de perpétuer les traditions ancestrales - le renouvellement de la tradition. L’une des beautés de l'hindouisme, c’est la diversité quasiment infinie de ses coutumes et de ses rituels. En ce jour, les réjouissements des communautés tamoule, marathi, télégu, sindhi et d’innombrables autres se convergeront à travers le monde, déclenchant une magnifique symphonie culturelle.
Dans le sud de l'Inde, le nouvel an tamoul, nommé Puthandu, est marqué de rituels religieux, empreints de ferveur, d’offrandes aux divinités, de céremonies dans les temples et de somptueux festins familiaux. Les demeures se parent de kolam, (dessins d’éléments géométriques souvent accomplis au seuil de leur maison par les dames (voir Le cycle des kolam), de guirlandes de feuilles de manguiers et de fleurs. Les femmes se revêtent de tenues traditionnelles aux couleurs éclatantes.
Cette journée est aussi l’occasion de réfléchir et de méditer sur ses aspirations pour l'année à venir.
« Le nouvel an tamoul, que nous appelons Varusha Pirappu, est pour nous intimement lié à nos valeurs, à notre culture et aux ancêtres et aux sages qui nous les ont transmises. La lecture du Panchangam (manuel astrologique) qui fait partie de cette journée, porte à réflexion sur les mois qui vont suivre, et elle nous offre des aperçus pour nous élever nous-même et élever le monde. »
— Vinoda Moorghen, communauté tamoule, île Maurice
Au nord de l’Inde ce même jour, nommé Gudi Padwa, se célèbre principalement dans l’état du Maharashtra. On y élève un gudi (drapeau coloré), symbolisant la victoire et le bonheur. Les échanges de vœux de prospérité et de bonne fortune s'accompagnent de friandises tels que le Hanawla. « Le gudi est l'aspect le plus important. Ainsi, nous le plaçons devant la maison. Ce jour-là, nous faisons plusieurs cérémonies et prières, et nous achetons aussi des nouveautés pour la maison et la famille. »
— Jayshree Bhikhoo, communauté marathi, île Maurice
« Ugadi est le nouvel an d'Andra Pradesh et de Kannada, où l'on accueille une nouvelle année emplie de promesses et d'opportunités. Les maisons sont nettoyées, les rangoli (= kolam) ornent les seuils, et des mets traditionnels tel que le pulihora (riz au tamarin) sont préparés pour le banquet familial. Il y a aussi l'ugadi pachadi, qui est une offrande importante que nous consommons ensuite comme prasadam (sacrement). Il se compose des six saveurs qui désignent les diverses expériences de la vie, et nous rappelle que nous devons, au cours de cette nouvelle année, nous préparer à vivre les diverses expériences qui nous viendront, leurs amertumes, leurs douceurs, toutes leurs variétés, et apprendre à en tirer le meilleur parti. Et enfin, nous écoutons le panchagam shravanam, qui énumère les signes astrologiques qui indiquent les tendances et événements des prochains douze mois. »
— Vanisha Narsimooloo, communauté télégoue (Andra Pradesh), île Maurice
Cheti Chand, le nouvel an sindhi, est l'occasion de commémorer la naissance de Jhulelal, le saint patron des Sindhis. Les familles se rendent aux gurdhwara (sanctuaire religieux des communautés sindhi et punjabi) pour des prières spéciales, suivies de rassemblements communautaires. Étant sindhi de mon côté maternel, je suis toujours emballée par cette cérémonie de chants folkloriques, communément appelée Behrano. J'adore déguster en ce jour, les mets traditionnels avec lesquels j'ai grandi tels que Mitho Lolo (galette sucrée), Kadhi (sauce épicée aigre-doux avec légumes variés), sai bhaji (curry d'épinards légumineux) ou encore le fameux Dal Pakwan (galette croquante frite).
— Vandana Nathoo, communauté sindhi, île Maurice
Ces quatre célébrations colorées et dynamiques sont à la fois des moments de réjouissance et des occasions précieuses de se lier à ses racines culturelles, avec les traditions et les valeurs transmises de génération en génération.
À tous ceux qui célèbrent ce grand jour - et à tous ceux qui ont lu ces humbles propos, que ces nouveaux départs vous apportent tous joie, bonheur et prospérité !
La joie éclate aux célébrations du nouvel an en Maharashtra.
L’ugadi pachadi, le mets essentiel de la fête en Andra Pradesh
Quelque part en Inde un rengali accueille la nouvelle année.
Le gudi s’élève fièrement au-dessus de l’Inde du nord