Les 32 formes de Ganesha 6
Extrait d’« Aimer Ganesha » de Satguru Sivaya Subramuniyaswami.
Vingt et unième forme de Ganesha :
Haridrā Gaṇapati
«
Haridrā Gaṇapati (À la Couleur de curcuma), constitué de curcuma et habillé de cette même couleur, est assis tranquillement sur son trône. Il tient sa défense et une modaka, et brandit un nœud coulant pour maintenir les fidèles proche de lui, et un aiguillon pour les faire avancer. »
Note d’Au Cœur de l’hindouisme : Cette forme de Ganesha est très populaire partout en Inde et l’on voit souvent, au cours des fêtes, des statuettes de Ganesha jaunes, composées de pâte de curcuma.
Le curcuma est hautement coté en Inde à cause de ses valeurs nutritives, médicinales et auspicieuses. En toutes occasions, on le considère un porte-bonheur qui décore souvent les lieux de mariage et d’autres fêtes. En cette forme-ci, Ganesha est donc le Bon, le Protecteur, le Rétablisseur, le Guérisseur.
Enfin, cette forme se vénère surtout chez les adeptes de Haridrâ-Ganapatya, l’une des six branches principales de la dénomination Ganapatya qui tient Dieu Ganesha pour Suprême. Parmi ce groupe, on implore Ganesha pour qu’il accorde non seulement l’éveil spirituel, mais aussi la santé, la prospérité et le bien-être. Om.
Vingt deuxième forme de Ganesha :
Ekadanta Gaṇapati
«
Ekadanta (à la Défense unique) se distingue par sa couleur bleue et sa corpulence. Il porte une hache pour trancher les liens de l'ignorance, un chapelet pour le japa, un laḍḍu (friandise) et la défense droite cassée. »
Note d’Au Cœur de l’hindouisme : En nous montrant sa dent que, selon les mythologies, il aurait lui-même cassée, Ganesha nous offre un profond et précieux enseignement . Ce geste représente son renoncement volontaire et joyeux à la dualité (deux défenses) en faveur d’une vision plus unie (une seule défense). Il est là pour nous aider à renoncer volontairement et joyeusement à ce qui nous nuit en faveur de ce qui nous élève.
Le monde où nous vivons est fait de dualités : nous avons chaud et froid, jour et nuit, riche et pauvre, joie et chagrin, bien et mal, etc. Cette dualité omniprésente, nous fait éternellement courir après ceci et cela, et en même temps craindre cette chose et l’autre. Nous sommes hypnotisés par le besoin d’accumuler les biens de ce monde tout en craignant de les perdre. Et pourtant, c’est bon dharma de gagner ce qu’il faut pour bien subvenir à sa famille.
Que faire ?
D’abord, aller doucement, nous instruit Ekadanta. Le chapelet de rudrakshas dans sa main droite montre l’importance d’une pratique tranquille et régulière. Ganesha par toutes ses formes nous invite en premier lieu d’accepter nos situations courantes, puis de tâcher patiemment de les améliorer petit à petit, en faisant de notre mieux chaque jour. Et, toujours, en préservant dharma.
La dualité la plus tenace chez l’être humain c’est l’apparente opposition entre « moi et les autres ». Ce phénomène s’appelle en philosophie hindoue, « anava », principe qui fait que nous nous voyons séparé et autre que tout le reste de l’existence. Anava, ou l’« égo », fait que nous pensons que Dieu est loin de nous. Un jour, nous apprendrons si bien à renoncer à la dualité et à anava que nous éprouverons directement et sans plus aucun doute que Dieu est en nous. Voilà la récompense qu’Ekadanta tient dans sa main gauche.
Par la douce grâce d’Ekadanta, nous apprenons à réduire l’influence dans notre vie de l’« égo », du sens du moi. C’est un grand renoncement, mais il peut se faire petit à petit, de jour en jour, avec joie et bonheur pour nous même et pour ceux qui nous entourent. Apprendre petit à petit à être moins accaparé par
« moi » et plus disponible envers nos proches, plus prévenant, plus attentif, plus aimable, ainsi se réduit le grand fossé qui nous séparait. Il y a toujours deux ou plusieurs personnes, mais on comprend mieux ; il est plus facile de voir les choses comme il, ou elle, les voit. On a réduit l’effet de la dualité. On y a renoncé un peu . On a tous les deux, ou les trois, ou les quatre… maintenu et augmenté notre joie. Jai Sri Ekadanta Ganapati !
Shristi (Maître de la joie manifestée) Ganapati chevauche sa musaraigne docile et sympathique. Ce Dieu énergique, au teint rouge, tient son nœud coulant, un aiguillon, une mangue parfaitement mûre et sa défense qui représente son sens d'abnégation et de charité. »
Note d’Au Cœur de l’hindouisme :
Om Shristi Ganapati ! Voici Ganesha dans sa forme la plus simple, la mieux connue, la plus typique et la plus souvent invoquée.
Le bel enseignement, « la vie est censée être vécue dans la joie », nous inspire. La joie et la satisfaction nous arrive de temps à autre, puis semble nous échapper aussitôt. Heureusement Shristi Ganapati est là pour nous aider à faire mieux. Il est le Dieu désireux et capable de manifester, et puis de nous aider à retenir, la joie et la satisfaction dans notre vie.
Mais pour que cette magie céleste descende jusqu’à nous, nous devons aussi jouer notre rôle. La grâce est partout, en toute chose et à tout moment, et nous la recevons quand nous sommes en position de la recevoir.
Ce qui est encourageant, c’est que notre responsabilité est simple à comprendre et à mettre en action. Voilà peut-être le plus bel aspect de cet enseignement : avec un peu de foi, de clarté d’esprit et de bonne volonté, on arrive à mériter la descente du darshan dans nos vies.
Shristi Ganapati nous répète que la première loi à obéir pour atteindre et retenir la joie de vivre, c’est d’abord de faire tout notre possible pour bien vivre selon dharma. Sa corde nous dit de ne pas faire ce qu’on ne doit pas faire (yama) et l’aiguillon nous encourage à faire ce que l’on doit faire (niyama). Sa défense cassée nous rappelle de retenir la montée inappropriée du « moi », de rendre service à nos prochains et de chercher toujours à élever et à ne jamais abattre. « Fais le bien à chaque occasion et par tous les moyens possibles », nous prie le Tirukkural. Si nous faisons l’effort fidèlement, Ganesha ne peut s’empêcher de nous aider à réussir. Il nous enverra une abondance de bénédictions (sa couleur rouge vif indique combien il a d’énergie et d’enthousiasme pour le faire).
Son troisième œil ouvert indique qu’il peut même mobiliser des forces célestes et miraculeuses pour exaucer notre prière.
Nous autres êtres humains, nous avons tendance à penser et voir les choses d’un seul point de vue. De ne voir et n’imaginer qu’un seul effet et un seul résultat. Mais Ganesha puise profondément dans l’esprit superconscient pour voir dans toutes les dimensions. Mushika se prépare à emporter les graines de la joie qu’on mérite par nos efforts sincères partout à travers le temps et l’espace en anticipation de nos arrivées futures.
Nous n’avons qu’à faire de notre mieux. Comme disait Gurudeva « Cela vaut bien la peine de tant d’effort. » Om.
Vingt-troisième forme de Ganesha :
Shristi Ganapati
«
Vingt-quatrième forme de Ganesha :
Uddaṇḍa Ganapati
«
Uddaṇḍa Ganapati (le vaillant qui fait respecter les lois du dharma) tient dans ses dix mains un pot de pierres précieuses, un nénuphar bleu, une canne à sucre, une masse, une fleur de lotus, un épis de riz, une grenade, un nœud coulant, une guirlande et sa défense cassée. »
Note d’Au Cœur de l’hindouisme : Tout ce que nous trouvons d'encourageant dans les formes et les enseignements de Ganesha, tout ce qui nous réconforte et nous rassure, tout cela nous est offert avec une sérieuse mise en garde : toute cette grâce est mise à notre portée, mais à condition que nous obéissions strictement au dharma. Dans presque toutes ses formes, son aiguillon et sa corde dominent ses autres attributs. Sinon… si nous ignorons le dharma, alors ce sera punition au lieu de grâce.
Uddanda Ganapati est ici menaçant, mais réconciliant à la fois. Il nous apprend à tellement bien distinguer entre le bien et le mal, et tellement bien vivre ce que nous apprenons, que nous arrivons à transcender cette méchante et humiliante dualité.
Ganesha est le mieux connu en tant que Gardien du dharma. Il est le Policier et le Justicier de l’univers, de l’existence, et veille à ce que les lois du Créateur soient respectées. Uddaṇḍa Ganapati est le Papa strict et parfois sévère qui punit l’enfant désobéissant. Dans cette forme-ci, Ganesha peut stimuler la crainte en son dévot. Mais cela n’empêche pas que cette forme soit très populaire. Malgré son aspect intimidant, on se réfugie auprès de lui de même qu’on rechercherait la protection du policier à un moment critique. Sa grâce nous rassure que tout ira bien parce qu’il garantit que le dharma sera toujours vainqueur.
Il est le papa sévère qui nous apprend à suivre le droit chemin. Maman est là aussi, assise tranquillement sur son genou, pour ramener la douceur si l’approche devennait trop dure. Om.